Plaignant
M. Michel M.
Solomon (journaliste)
Mis en cause
The Gazette
[Montréal] et M. Gwynne Dyer (chroniqueur)
Représentant du mis en cause
M. Mark Harrison
(rédacteur en chef, The Gazette [Montréal])
Résumé de la plainte
Le quotidien The
Gazette suit une politique de désinformation en matière d’affaires étrangères, comme
le démontrent des chroniques signées par le journaliste Gwynne Dyer, un article
défavorable à l’Etat d’Israël et un reportage traitant d’une réunion de la
communauté juive de Montréal. The Gazette refuse de publier tout commentaire du
plaignant à cet égard.
Griefs du plaignant
Le Conseil a
terminé l’étude de la plainte de monsieur Michel M. Solomon qui reprochait au
quotidien The Gazette de mener une politique de désinformation «en matière
d’affaires étrangères» et de refuser de façon persistante «de publier toute
mise au point tendant à rétablir la vérité objective».
Le plaignant
contestait notamment le bien-fondé des affirmations contenues dans certaines
chroniques de monsieur Gwynne Dyer qui aurait affirmé, entre autres, que l’URSS
n’avait jamais essayé d’envahir l’Europe, ou encore qu’Israël suscitait un
regain du terrorisme en s’en prenant à l’OLP. Monsieur Solomon reprochait aussi
au journal d’avoir publié un article défavorable à l’Etat d’Israël, ainsi qu’un
reportage qui aurait fait état de façon incomplète et biaisée d’une réunion de
la communauté juive de Montréal tenue en 1982 pour appuyer l’invasion du Liban
par Israël.
De plus, selon
monsieur Solomon, The Gazette opposait «une fin de non-recevoir» à toute
remarque ou protestation de sa part et le journal refusait même de répondre à
ses lettres. Le plaignant se demandait si ce refus, qui représentait «une
dénégation de la vérité», n’avait pas comme objet de «créer la confusion» dans
l’esprit des lecteurs.
Commentaires du mis en cause
Le rédacteur en
chef de The Gazette, monsieur Mark Harrison, s’interrogeait pour sa part sur le
sérieux de la plainte de monsieur Solomon, surtout des lettres de ce dernier
qui avaient trouvé écho dans les pages du journal plus souvent que celles de
plusieurs autres lecteurs. C’était effectivement coutume pour monsieur Solomon
d’écrire souvent au journal pour commenter habituellement la situation au
Moyen-Orient ou les relations Est-Ouest. Or, outre que personne n’a un droit
automatique à voir publier ses lettres dans un journal, sauf s’il y a été
attaqué personnellement ou critiqué injustement, monsieur Harrison indiquait au
Conseil que certaines de ces lettres étaient incompréhensibles pour le lecteur.
Il en avait informé le plaignant en lui faisant certaines suggestions l’incitant
à soumettre des textes plus brefs, complets, contenant des références précises,
ce dont il n’aurait aucunement tenu compte. Malgré cela, le journal a tout de
même publié quatre de ces lettres au cours de l’année 1985 et en aurait rejeté
sensiblement le même nombre conformément à sa discrétion rédactionnelle.
Réplique du plaignant
En réplique,
monsieur Solomon maintenait être l’objet de discrimination de la part de The
Gazette, «le poids des contre-vérités» qu’il signalait dans toutes ses lettres
étant, selon lui «indéniable».
Rappelant son
statut de journaliste professionnel depuis cinquante ans, il affirmait écrire
ses lettres de protestation dans le seul but de contrer la politique du journal
dont l’effet «d’intoxiquer ses lecteurs par des articles ambigus ou directement
contraires à la vérité, comme c’est le cas avec toute une série d’articles
parus sous la signature de monsieur Gwynne Dyer». Ceci lui apparaissant
d’autant plus grave que The Gazette est le seul quotidien de langue anglaise à
Montréal.
Analyse
Nul ne peut prétendre avoir accès de plein droit à la tribune réservée aux lettres des lecteurs. La décision de publier de telles lettres relève de la discrétion rédactionnelle de l’éditeur qui doit veiller à faciliter, de façon équitable, l’expression d’opinions et de points de vue aussi diversifiés que possible. Le Conseil note à cet égard que The Gazette a publié de nombreuses lettres du plaignant au cours de l’année 1985. Le Conseil ne peut donc conclure comme le fait le plaignant que The Gazette fait preuve, à l’endroit de ce dernier, d’une attitude discriminatoire.
Le Conseil ne peut non plus s’en remettre, autrement que par voie de procès d’intention, à la prétention du plaignant à savoir que The Gazette pratiquerait une politique de désinformation en matière d’affaires étrangères en refusant toute mise au point destinée à rétablir la vérité objective. A cet égard, le Conseil n’est pas en mesure de juger de la véracité ou de l’exactitude des faits rapportés, notamment dans les chroniques de monsieur Gwynne Dyer. Il rappelle, d’autre part, que ces opinions doivent être basées sur des faits exacts et vérifiés.
Analyse de la décision
- C08A Choix des textes
- C11B Information inexacte
Date de l’appel
15 September 1986
Appelant
M. Michel M.
Solomon (journaliste)
Décision en appel
M. Solomon en
appelle de cette décision. La Commission d’appel juge que cet appel ne contient
aucun élément ou fait nouveau dont le Comité des cas n’aurait pu prendre
connaissance et qui aurait alors été susceptible de justifier la réouverture du
dossier.
Les membres de
la Commission conviennent donc à l’unanimité de rejeter cet appel et de
maintenir la décision rendue par le Comité des cas.