Plaignant
Le Centre
d’accueil Anne-LeSeigneur
Représentant du plaignant
M. Jacques Boily
(directeur général, Centre d’accueil Anne-LeSeigneur)
Mis en cause
Le Montérégien
[Chambly] et M. Serge Lavallée (directeur de l’information)
Résumé de la plainte
Le directeur de
l’information du Montérégien, M. Serge Lavallée, s’introduit sans autorisation
dans le Centre d’accueil Anne-LeSeigneur à l’occasion d’une visite du
Solliciteur général du Québec. De plus, M. Lavallée se comporte de manière
irrespectueuse à l’endroit des déficients mentaux dans un éditorial et un
article d’information, parus dans l’édition du 20 mai 1986 sous les titres «A
qui sert le « dumping » des déficients mentaux?» et «Le député
Latulippe visite Anne-LeSeigneur : La direction désinstitutionnalise
sauvagement!». Le même jour, Le Montérégien publie la photo d’un bénéficaire du
Centre, ce qui est contraire à la loi.
Griefs du plaignant
Le Conseil a
terminé l’étude de la plainte du Centre d’accueil Anne-LeSeigneur de Chambly
qui reprochait au directeur de l’information du journal Le Montérégien, monsieur
Serge Lavallée, de s’être comporté de façon non professionnelle et
irrespectueuse à l’endroit des personnes atteintes d’un handicap intellectuel,
tant en éditorial que dans un article d’information publiés le 20 mai sous les
titres respectifs de «A qui sert le « dumping » des déficients
mentaux?» et «Le député Latulippe visite Anne-LeSeigneur. La direction
désinstitutionnalise sauvagement!».
Le directeur
général du Centre, monsieur Jacques Boily, reprochait d’une part à monsieur
Lavallée, qui accompagnait le Solliciteur général du Québec, monsieur Gérard
Latulippe, lors de sa visite du 16 mai 1986 à l’institution en question, de s’y
être introduit «sans autorisation ni même sollicitation d’une telle
autorisation (…), allant même jusqu’à visiter des unités de réadaptation, ce
à l’encontre du règlement interne du Centre».
Il lui
reprochait en outre la publication de la photo de l’un des clients du Centre
dûment identifié et présenté comme un «handicapé intellectuel», la reproduction
de cette photo – d’une grande netteté permettant de reconnaître facilement la
personne en question – étant à son avis illégale, puisque cette personne était
sous la protection de la Curatelle publique et que cette dernière n’en n’avait
pas autorisé la publication.
Enfin, le
plaignant voyait, dans l’éditorial publié le même jour sous le titre «A qui
sert le « dumping » des déficients mentaux?», un «irrespect flagrant
pour les personnes handicapées».
Commentaires du mis en cause
Monsieur
Lavallée a ignoré les multiples demandes d’explication du Conseil.
Commentaires des tiers
Invité par le
Conseil à faire ses commentaires sur cette plainte, le député de Chambly
indiquait, d’une part, que la nouvelle de sa visite avait été affichée trois
semaines à l’avance par le syndicat des employé-es de l’institution et qu’il
avait même pris soin de s’assurer que cette dernière l’avait autorisée. Enfin,
tout au cours de sa tournée, employé-es et cadres avaient «échangé
ouvertement», tous semblant être au courant de sa venue.
Monsieur
Latulippe ajoutait que le règlement interne du Centre n’était nulle part
affiché dans l’institution et que nul n’y avait fait allusion. Enfin, il
précisait que le bénéficiaire photographié «était content» de l’être et qu’il
avait de lui-même donné son nom.
Analyse
Le Conseil n’a pas de reproche à formuler au directeur de l’information du journal sur la façon dont il s’y est pris pour recueillir son information. Le Conseil ne voit pas comment le fait d’accompagner, au vu et au su de tous, un responsable de l’administration publique, au cours d’une visite publique, puisse être contraire à l’éthique journalistique.
Le Conseil ne trouve rien à redire non plus sur l’éditorial du 20 mai: «A qui sert le « dumping » des déficients mentaux?» signé par monsieur Lavallée étant d’avis qu’il s’agit là d’opinions clairement identifiées comme telles.
Le Conseil lui reproche toutefois, de même qu’à son journal, d’avoir publié la photo du bénéficiaire en question, étant d’avis qu’en plus de ne rien ajouter à l’information, elle constituait une invasion injustifiable de sa vie privée. Il s’en prend aussi au titre et à l’exergue de cet article qui, tels que rédigés et présentés, laissent croire au lecteur qu’ils font référence à un commentaire du Solliciteur général du Québec, ce qui n’est manifestement pas le cas. Le Conseil déplore une telle confusion et invite le journal à une plus grande rigueur à cet égard.
Enfin, le Conseil déplore le silence de monsieur Lavallée dans cette affaire. Son refus de collaborer avec le Conseil est contraire à l’esprit d’ouverture à la critique auquel se doivent les médias et les professionnels de l’information.
Analyse de la décision
- C01A Expression d’opinion
- C11F Titre/présentation de l’information
- C16B Divulgation de l’identité/photo
- C23I Violation de la propriété privée
- C24A Manque de collaboration
Tiers
M. Gérard
Latulippe (député provincial de Chambly et Solliciteur général du Québec)