Plaignant
Le Comité de
revendication des droits des hommes
Représentant du plaignant
M. Steve
Schertzer (président, Comité de revendication des droits des hommes)
Mis en cause
CJAD-AM
[Montréal], M. Jack McGaw et M. Joe Cannon (animateurs)
Représentant du mis en cause
M. Bob Linney
(vice-président à la programmation, CJAD-AM [Montréal])
Résumé de la plainte
En deux
occasions, la station CJAD diffuse des émissions défavorables aux hommes. Aucun
groupe de défense des droits des hommes n’est invité à commenter les propos
féministes anti-mâles tenus par les invités de l’émission «Melanie King Show»
du 20 août 1986, animée par M. Jack McGaw. De plus, l’animateur de l’émission
«Exchange», M. Joe Cannon, laisse transparaître ses préjugés contre les pères
divorcés et fait des déclarations sexistes le 22 septembre.
Griefs du plaignant
Le Conseil a
terminé l’étude de la plainte du Comité de revendication des droits des hommes,
dont le président, monsieur Steve Schertzer, reprochait à la station
radiophonique CJAD d’avoir permis la diffusion de propos sexistes anti-mâles
dans le cadre de l’émission «Exchange» animée par monsieur Joe Cannon le 22
septembre 1986, ainsi que dans l’émission «The Melanie King Show» animée par
monsieur Jack McGaw le 20 août 1986.
Le plaignant
disait considérer intéressante, dans l’ensemble, l’émission du 22 septembre
1986 consacrée à l’adolescence, ce jusqu’à ce que l’animateur Cannon laisse
transparaître ses préjugés contre les pères divorcés en déclarant que plusieurs
d’entre eux ne voient plus leurs enfants et ne subviennent pas à leurs besoins
matériels. Monsieur Cannon aurait même suggéré que certains adolescents
craignent d’amener leurs amis à la maison parce que leur père peut être
alcoolique.
Monsieur
Schertzer soulignait que ce n’était pas la première fois que cet animateur
agissait de la sorte, celui-ci utilisant continuellement son émission pour
faire des déclarations sexistes. Ainsi, il aurait déjà déclaré que les enfants
de couples divorcés seraient mieux de vivre avec leur mère; et, à un membre du
groupe «Egalité aux pères divorcés» qui tentait de lui expliquer son point de
vue au cours d’une conversation téléphonique, il aurait répondu que «les hommes
ayant fait leur lit, ils n’avaient plus qu’à s’y étendre».
Quant au
«Melanie King Show» du 20 août animé par monsieur Jack McGaw, le plaignant
disait comprendre que les propos féministes anti-mâles de l’invitée Greta
Nemiroff, et de quelques-unes des personnes qui se sont fait entendre en ondes,
ne reflétaient pas nécessairement l’opinion de la station CJAD. Cependant,
monsieur Schertzer se plaignait du fait qu’aucun groupe de défense des droits
des hommes n’ait été invité à commenter ces propos relatifs, entre autres, à la
place des femmes en politique et sur le marché du travail, au sort des femmes
divorcées, etc.
Le plaignant
demandait donc que CJAD contacte dorénavant un représentant de l’un de ces
groupes de façon à équilibrer les choses lorsque de tels sujets controversés
étaient abordés d’un point de vue féministe. Et monsieur Schertzer exigeait
également, pour les groupes de défense des droits des hommes, de la
documentation et le même temps d’antenne que celui accordé aux féministes, afin
que soient discutés les événements et les problèmes touchant les hommes.
Commentaires du mis en cause
Invité à
commenter cette plainte, le vice-président à la programmation de CJAD, monsieur
Bob Linney, précisait d’abord que cette station n’était pas membre du Conseil
et ne se sentait pas liée par ses recommandations.
Concernant plus
précisément la plainte de monsieur Schertzer, monsieur Linney soutenait que
celui-ci avait tenté de diverses manières d’obtenir, pour son groupe, un «talk
show» sur les ondes de CJAD. Monsieur Linney lui aurait alors expliqué que le
Comité de revendication des droits des hommes pourrait être considéré comme
ressource éventuelle, advenant le cas où l’une des émissions de la série
«Exchange» rejoindrait les intérêts de ce groupe. Cela dit, la station ne
créerait pas une émission uniquement parce qu’un groupe d’intérêt ou un lobby
en exigeait une.
Réplique du plaignant
Répliquant à ces
commentaires, monsieur Schertzer niait avoir tenté d’obtenir une émission pour
son groupe, sa seule démarche ayant été d’inviter madame Greta Nemiroff à le
rencontrer dans le cadre d’un débat en ondes sur la question des droits
humains.
Le Comité de
revendication des droits des hommes n’exigeait rien d’autre, de conclure
monsieur Schertzer, qu’un traitement juste et équitable de façon à ce que
l’expression du point de vue des hommes jouisse du même nombre d’émissions et
d’invités que l’expression de celui des femmes.
Analyse
Les émissions d’affaires publiques, les tribunes téléphoniques et les émissions de lignes ouvertes tiennent beaucoup de l’éditorial et du commentaire et, partant, elles confèrent à leurs animateurs et à leurs invités une grande latitude dans l’expression de leurs points de vue et la formulation de leurs jugements.
Dans le cas soumis par le plaignant, le Conseil est d’avis que les personnes impliquées n’ont pas outrepassé cette latitude en exprimant des opinions qui, bien que souvent tranchées et controversées, n’en sont pas moins légitimes.
En ce qui concerne l’accès aux ondes de divers groupes ou tendances, le Conseil rappelle qu’il s’agit là de décisions qui relèvent de l’autorité rédactionnelle des responsables des médias. Et si ces derniers doivent se conformer à l’obligation de livrer une information équilibrée, un tel équilibre ne saurait se mesurer par le strict calcul du nombre de minutes d’antenne consacrées à un sujet ou à l’expression d’un point de vue particulier.
A cet égard, le Conseil tient également à signaler que le plaignant était libre, comme tout autre auditeur, de contacter la station pour exprimer son point de vue en ondes. L’écoute de ces émissions permet d’ailleurs de constater que plusieurs opinions divergentes ont pu y être émises en toute liberté.
Analyse de la décision
- C12A Manque d’équilibre
- C18C Préjugés/stéréotypes