Plaignant
Mme Lise
Dumouchel (militante libérée, Fédération des affaires sociales [CSN])
Mis en cause
CHEF-AM
[Télémédia, Grandby] et M. Gaétan Girouard (animateur)
Représentant du mis en cause
Jean-Bertin
St-Amand (directeur des programmes, CHEF-AM [Télémédia, Granby])
Résumé de la plainte
Le 12 novembre
1986, dans le cadre de l’émission «Midi-Mag» diffusée par la station CHEF,
l’animateur Gaétan Girouard fait preuve de partialité dans la conduite d’un
entrevue réalisée avec la plaignante. L’animateur s’acharne à discréditer les
syndicats du secteur public par ses propos anti-syndicaux, ses questions
insidieuses et les clichés utilisés.
Griefs du plaignant
Le Conseil a
terminé l’étude de la plainte de madame Lise Dumouchel, militante libérée à la
Fédération des affaires sociales [CSN], qui reprochait à l’animateur Gaétan
Girouard, de la station radiophonique CHEF de Granby, son attitude non
professionnelle et partiale ainsi que le manque d’éthique journalistique qui
avait caractérisé l’entrevue téléphonique réalisée avec la plaignante au cours
de l’émission «Midi-Mag» diffusée le 12 novembre 1986.
La plaignante
aurait été «prise d’assaut dès le début jusqu’à la fin» par les propos anti-syndicaux,
les questions insinueuses et les clichés de monsieur Girouard, lequel n’aurait
eu d’autre but que de discréditer les syndicats du réseau public.
La plaignante
soulignait également que le vocabulaire de l’animateur était ponctué de termes
tels «hors la loi», «débrayage sauvage», de même que de sous-entendus tels
«Auriez-vous aimé mieux que le gouvernement vous laisse débrayer à votre aise
dans les hôpitaux où il y a des gens qui souffrent?» De plus, l’animateur
aurait affirmé connaître des gens du Centre hospitalier de Granby qui avaient
mangé froid, la veille, à cause de la grève de douze heures des syndiqués de la
Fédération des affaires sociales.
Madame Dumouchel
contestait ces affirmations et soutenait que les employés du Centre hospitalier
de Granby n’avaient pas débrayé la veille et que les syndiqués s’étaient
contentés de faire du piquetage symbolique. Madame Dumouchel contestait de même
cet autre commentaire de l’animateur à l’effet que des opérations auraient été
reportées et que des personnes auraient dû attendre plus longtemps que
d’habitude avant d’être traitées.
Commentaires du mis en cause
Le directeur des
programmes de la station CHEF, monsieur Jean-Bertin St-Amand, rappelait pour sa
part que l’émission «Midi-Mag» était une émission d’affaires publiques et que
madame Dumouchel agissait alors à titre de porte-parole syndical. Selon lui,
«Midi-Mag» traitant en priorité de l’actualité brûlante, les sujets qui y sont
abordés finissent inévitablement par porter à la controverse.
De plus monsieur
St-Amand affirmait que l’actualité était, dans le cadre de cette émission,
volontairement commentée et que l’animateur Girouard bénéficiait, comme tout
citoyen, de la liberté d’opinion. Il disait croire que la station faisait
preuve d’honnêteté en agissant de la sorte, dans la mesure où les
interlocuteurs de monsieur Girouard avaient le loisir de faire valoir leur
point de vue et de répondre en toute liberté aux éléments soulevés en cours
d’émission. Et le directeur des programmes avait la conviction que l’entrevue
du 12 novembre, portant sur la grève dans le secteur public, était conforme à
ces règles de fonctionnement.
Par ailleurs,
monsieur Girouard n’auraient interrompu la plaignante à aucun moment de
l’entrevue et celle-ci aurait eu amplement le loisir de faire valoir son point
de vue. Enfin, monsieur Girouard aurait pris la peine, en fin d’entrevue, de
situer le tout dans un contexte moins conflictuel et il aurait invité la
plaignante à le recontacter au fur et à mesure de l’évolution de la situation
de façon à bien informer les auditeurs de CHEF radio.
Concluant que
CHEF radio ne pouvait se faire la porte-parole de la cause défendue par la
plaignante et que le rôle d’informatrice de la station était de permettre à
l’invitée de faire valoir son point de vue sur un sujet, monsieur St-Amand
considérait que justice avait été rendue. Il disait par ailleurs trouver
démesurés et offensants, de la part d’une personne qui s’attend à un
dédommagement moral pour le discrédit dont elle avait été victime, les qualificatifs
de «provocateur insignifiant» et «d’incompétent» attribués par celle-ci à
monsieur Girouard.
Analyse
Les animateurs d’émissions d’affaires publiques jouissent d’une grande latitude dans la conduite de leur émission, souvent polémique, et dans l’expression de leurs points de vue. Il leur incombe cependant de respecter les personnes invitées et ils doivent permettre à celles-ci d’exprimer leur point de vue.
Dans le cas présent, l’animateur n’a pas outrepassé sa latitude. Ainsi, tout en adoptant parfois un ton provocateur, il a su laisser la plaignante s’exprimer clairement et il n’a en aucun moment abusé de sa fonction pour censurer de quelque façon les propos de madame Dumouchel.
Analyse de la décision
- C15J Abus de la fonction d’animateur