Plaignant
M. Marc-Olivier
Rainville
Mis en cause
La Presse
[Montréal]
Représentant du mis en cause
M. Michel Roy
(éditeur adjoint, La Presse [Montréal])
Résumé de la plainte
Le titre «La
chasse aux prostituées bat son plein», qui coiffe un article publié par La
Presse le 25 octobre 1987, exploite de manière sensationnaliste les
arrestations effectuées dans le cadre d’une opération anti-prostitution.
Griefs du plaignant
Le Conseil a
terminé l’étude de la plainte de monsieur Marc-Olivier Rainville contre le
quotidien La Presse relativement au titre coiffant un article, publié le 25
octobre 1987, au sujet d’arrestations effectuées dans le cadre d’une opération
anti-prostitution.
Monsieur Rainville
estimait que le titre «La chasse aux prostituées bat son plein» constituait une
«exploitation sensationnaliste» de l’événement, et il considérait que le
quotidien avait de ce fait failli à sa «mission d’information du public».
Commentaires du mis en cause
En réponse à
cette plainte, monsieur Michel Roy, éditeur adjoint à La Presse, indiquait que
cette plainte ne lui paraissait ni fondée ni pertinente. Se demandant de quoi
au juste monsieur Rainville se plaignait, il croyait comprendre que ce dernier
reprochait à La Presse de publier une information qui serait contraire à la
vocation d’un grand journal d’information.
Réplique du plaignant
Monsieur
Rainville répliquait que la réponse de monsieur Roy ne lui paraissait pas
témoigner, de la part de La Presse, d’une ouverture d’esprit sur le fond de la
plainte. Il y retrouvait plutôt la même attitude défensive dont l’avait
gratifié monsieur Yves Bellefleur, chef de pupitre à La Presse, lorsqu’il avait
tenté, sans succès, une démarche auprès de ce quotidien pour essayer de corriger
la situation relativement à cette manchette.
Par ailleurs,
monsieur Rainville disait souhaiter que le Conseil rappelle à ce quotidien ses
responsabilités. Il ajoutait qu’il était compréhensible «qu’un grand journal
d’information erre à l’occasion», mais qu’il était souhaitable que les
manchettes coiffant les articles évitent à l’avenir de refléter les préjugés de
leurs auteurs.
Analyse
Le choix des titres ainsi que l’établissement de la politique du média en la matière relèvent de la discrétion de l’éditeur. Celui-ci doit cependant veiller à ce que les titres reflètent fidèlement l’esprit et le contenu des textes qu’ils accompagnent, et éviter qu’ils n’adoptent un caractère sensationnaliste sous le seul prétexte de rendre l’information plus attrayante.
Dans le présent cas, le Conseil est d’avis que le titre «La chasse aux prostituées bat son plein» n’est pas contraire au sens général de l’information contenue dans la manchette.
Ce titre ne rendait cependant pas compte de l’autre facette importante de la réalité rapportée qu’était l’arrestation de très nombreux clients. En ne référant qu’aux prostituées dans le cadre d’une «chasse qui bat son plein», ce titre risquait de véhiculer implicitement certains préjugés voulant que la prostitution ne soit l’affaire que des seules prostituées.
Sans déceler là d’intention malicieuse de la part des responsables de la rédaction, le Conseil rappelle toutefois que l’évolution des mentalités doit être prise en compte dans le traitement journalistique des phénomènes sociaux, telle la prostitution.
Analyse de la décision
- C11F Titre/présentation de l’information
- C18C Préjugés/stéréotypes
Commentaires des dissidents à propos de la décision
Dissidence de M.
Pierre Vigneault:
Je considère,
dans le cas présent, que le titre «La chasse aux prostituées bat son plein» n’est
pas contraire au sens général de l’information contenue dans la manchette. De
plus, l’éditeur n’a pas outrepassé sa discrétion en choisissant ce titre.
Dissidents
M. Pierre
Vigneault