Plaignant
M. Gaston
Deschênes
Mis en cause
Le Soleil
[Québec]
Représentant du mis en cause
M. Gilbert Athot
(éditeur adjoint et rédacteur en chef par intérim, Le Soleil [Québec])
Résumé de la plainte
Le Soleil ne
fait paraître aucun rectificatif à la suite de la publication, le 22 décembre
1987, d’une dépêche de la Presse Canadienne titrée «La reprise de la vente de
crustacés n’est pas encore pour demain». Cette dépêche porte préjudice aux
commerces de fruits de mer car elle confond les mots «crustacés» et
«mollusques», et que seule la consommation de mollusques a été interdite à la
suite d’une affaire d’empoisonnement alimentaire.
Griefs du plaignant
Le Conseil a
terminé l’étude de la plainte de monsieur Gaston Deschênes qui reprochait au
quotidien Le Soleil d’avoir fait paraître, le 22 décembre 1987, une nouvelle
erronée en publiant une dépêche de la Presse Canadienne dans laquelle les mots «crustacé»
et «mollusque» avaient été confondus, et en titrant cette dépêche «La reprise
de la vente des crustacés n’est pas encore pour demain».
Monsieur
Deschênes estimait que l’utilisation du mot «crustacés», alors qu’il était
question de mollusques, était préjudiciable au commerce des fruits de mer,
puisque les crustacés ne faisaient l’objet d’aucune interdiction dans
l’histoire des mollusques contaminés.
Ayant communiqué
avec la rédaction du Soleil pour signaler cette erreur, monsieur Deschênes
expliquait avoir été référé à la Presse Canadienne à Québec, puis aux deux
bureaux de cette agence à Ottawa, et enfin à celui de Montréal.
N’ayant pas
obtenu de résultats satisfaisants à la suite de tous ces appels téléphoniques,
le plaignant disait avoir recommuniqué avec Le Soleil pour demander qu’un
rectificatif soit publié dans l’édition du lendemain, mais n’avait pas eu de
retour d’appel.
Monsieur
Deschênes estimait enfin, que Le Soleil avait «témoigné d’un mépris qualifié de
ses lecteurs en refusant de publier une rectification après s’être fait
signaler une erreur des plus évidentes».
Commentaires du mis en cause
En réponse à
cette plainte, dans une lettre adressée au plaignant, monsieur Gilbert Athot,
alors éditeur adjoint et rédacteur en chef par intérim du quotidien Le Soleil,
s’opposait d’abord à l’affirmation du plaignant à l’effet que Le Soleil avait
refusé de publier un rectificatif. Il expliquait que le journal rectifiait
rapidement les erreurs contenues dans les «textes-maisons». Quant aux textes
véhiculés par la Presse Canadienne, monsieur Athot indiquait que «la coutume et
la prudence veulent que nous lui proposions de réparer une erreur […] afin
d’éviter un dédoublement».
Expliquant
ensuite qu’une remplaçante agissait comme secrétaire du chef des nouvelles au
moment des démarches du plaignant, celui-ci n’avait pas été bien orienté
lorsque cette dernière l’avait référé au bureau de la Presse Canadienne à
Québec.
Ajoutant que Le
Soleil respectait trop ses lecteurs pour les «laisser sécher», comme le plaignant
le laissait entendre, monsieur Athot disait enfin qu’il ne pouvait expliquer le
tout que «par un malheureux concours de circonstances».
Invité à
commenter cette plainte, monsieur Denis Tremblay, adjoint au directeur des
services de la Presse Canadienne à Montréal, disait regretter que la Presse
Canadienne «n’ait pu donner une réponse rapide à monsieur Deschênes, référant
plutôt sa communication téléphonique à différents bureaux» de l’agence de
presse.
Il précisait
cependant que les plaintes étaient habituellement transmises à la Presse
Canadienne par les journaux qui publiaient leurs dépêches, et que lorsqu’il y
avait lieu, l’agence s’empressait d’apporter les rectificatifs nécessaires. Il
ajoutait que la politique de la Presse Canadienne était d’ailleurs «très sévère
à cet effet».
Monsieur
Tremblay déplorait que le plaignant ne se soit pas adressé au chef du bureau de
la Presse Canadienne à Québec «qui aurait immédiatement fait les démarches pour
que la correction soit apportée au texte». De plus, compte tenu que le titre
coiffant la dépêche avait été rédigé par Le Soleil, le plaignant aurait dû,
selon monsieur Tremblay, «insister davantage auprès de ce journal qui se serait
assuré que la Presse Canadienne apporte un rectificatif» à la dépêche.
Réplique du plaignant
En réplique aux
commentaires de monsieur Athot du Soleil, le plaignant s’en prenait d’abord aux
explications de ce dernier concernant la suite que Le Soleil avait donnée à ses
appels téléphoniques. Monsieur Deschênes estimait à cet égard qu’il était «trop
facile de mettre les torts sur une remplaçante», d’autant plus qu’il avait
parlé à trois personnes du journal.
Monsieur
Deschênes disait considérer ensuite que la réponse de monsieur Athot démontrait
que «mis au courant du problème», Le Soleil ne «s’est pas empressé de
rectifier».
Répliquant
ensuite aux commentaires de monsieur Denis Tremblay de la Presse Canadienne,
monsieur Deschênes considérait que ladite erreur «aurait bénéficié de circonstances
atténuantes» dix jours plut tôt, compte tenu que le ministre responsable de ce
dossier ne distinguait pas lui-même mollusques et crustacés. Il estimait
cependant que l’erreur était «moins pardonnable» au moment de la rédaction de
la dépêche.
Par ailleurs,
concernant l’absence de rectificatif, monsieur Deschênes considérait que
monsieur Tremblay se déchargeait de sa responsabilité sur Le Soleil et sur
lui-même, d’une part, en indiquant que les plaintes étaient habituellement
transmises à la Presse Canadienne par les sociétaires de l’agence, et d’autre
part, en déplorant que le plaignant ne se soit pas adressé au chef du bureau de
la Presse Canadienne à Québec et n’ait pas insisté davantage auprès du Soleil
pour que l’erreur soit signalée à la Presse Canadienne.
Monsieur
Deschênes considérait enfin, qu’après avoir fait quatre appels téléphoniques à
la Presse Canadienne, deux au Soleil et parlé à sept personnes différentes, les
défenses respectives de la Presse Canadienne et du Soleil étaient «ridicules».
Analyse
Les médias d’information sont entièrement responsables de tout ce qu’ils publient dans leurs pages ou diffusent sur leurs ondes et ce, quelle que soit l’origine ou la provenance de l’information.
En conséquence, il relève de la responsabilité des médias d’apporter, dans les meilleurs délais possible, les correctifs nécessaires à leurs erreurs afin de rectifier les faits auprès du public et de remédier rapidement aux torts qu’ils auraient pu causer à des personnes, des groupes ou autres instances.
Dans le cas présent, le Conseil blâme le journal pour ne pas avoir rectifié l’erreur publiée afin de dissiper toute confusion qui aurait pu être alimentée par l’utilisation du mot «crustacé» à la place du mot «mollusque».
Le Conseil estime que cette correction aurait dû être effectuée même si l’erreur provenait d’une dépêche de la Presse Canadienne.
De plus, le Conseil déplore que le plaignant ait rencontré autant de difficultés pour communiquer avec une personne responsable des plaintes pour signaler ladite erreur.
Analyse de la décision
- C19A Absence/refus de rectification
Tiers
M. Denis
Tremblay (adjoint au directeur des services, Presse Canadienne [Montréal])