Plaignant
M. Luc Racicot
Mis en cause
CIVM-TV
[Radio-Québec, Montréal], M. Pierre Olivier (animateur), M. Stéphan Bureau
(animateur) et Mme Diane Bellemare (chroniqueure)
Représentant du mis en cause
M. Jacques
Girard (président-directeur général, CIVM-TV [Radio-Québec, Montréal])
Résumé de la plainte
Le 7 février
1988, au cours du magazine d’information internationale «Table Rase» diffusé
sur les ondes de Radio-Québec, les animateurs Pierre Olivier et Stéphan Bureau
font preuve de malhonnêteté intellectuelle en simplifiant à outrance les
politiques économiques du président amÉricain Ronald Reagan.
Griefs du plaignant
Le Conseil a
terminé l’étude de la plainte de monsieur Luc Racicot contre Radio-Québec
concernant l’émission du 7 février 1988 du magazine d’information
internationale Table rase.
Monsieur Racicot
reprochait aux deux animateurs de cette émission, messieurs Stéphane Bureau et
Pierre Olivier, d’avoir traité avec «malhonnêteté intellectuelle» le volet de
l’émission intitulé «le laisser-faire [économique] n’aura qu’un temps».
Monsieur Racicot
considérait que les animateurs ainsi que l’économiste Diane Bellemare,
chroniqueure invitée à commenter le sujet, avaient laissé planer un «humour
niais» sur les «reaganomic’s» [politiques économiques de Reagan], «en les
simplifiant à outrance». Il en allait de même en ne mentionnant pas «qu’avant
l’application de cette pensée philosophique et économique, l’Amérique croulait
sous le joug de petits esprits à la [Jimmy] Carter». Esprit que le plaignant
considérait «proche de l’attitude malhonnête intellectuellement de l’économiste
Bellemare qui pense que l’augmentation de production et la remise en marche de
l’économie amÉricaine se seraient faites avec des socialisants types
démocratiques à la Ted Kennedy».
Commentaires du mis en cause
En réponse à
cette plainte, le président-directeur général de Radio-Québec à ce moment-là,
monsieur Jacques Girard, disait ne pouvoir «accepter de considérer une
accusation aussi massive formulée contre autant de professionnels chevronnés
sans exiger de précisions quant à ces reproches». Il faisait remarquer que dans
sa forme actuelle, la plainte de monsieur Racicot, en plus de faire des
«accusations ad hominem inacceptables», développait «une argumentation
militante et passionnée donnant peu de prise à l’analyse rationnelle des
faits».
Monsieur Girard
croyait enfin que les journalistes de «Table rase» respectaient les normes
éthiques généralement admises dans le journalisme d’affaires publiques,
c’est-à-dire: «présentation objective et complète des faits, équilibre des
contenus, présentation équitable des tendances idéologiques en cause, droit de
réplique des opposants».
Réplique du plaignant
Enfin, il est à
noter que le plaignant a choisi de ne pas donner suite à l’invitation qui lui a
été faite d’étayer et de préciser davantage sa plainte, ainsi qu’à celle de
répliquer aux commentaires de monsieur Jacques Girard.
Analyse
En matière d’information, les médias et les professionnels de l’information sont libres de leurs choix rédactionnels, tant en ce qui a trait à l’attention qu’ils décident d’accorder à un sujet particulier qu’en ce qui concerne la façon de le traiter.
La chronique se distingue pour sa part de l’information en ce qu’elle laisse une grande latitude à ses auteurs pour formuler leurs jugements et exprimer leurs opinions. Cette latitude ne saurait cependant s’exercer de façon absolue, les chroniqueurs devant se conformer aux exigences de rigueur, d’exactitude et d’honnêteté qui s’imposent à tous les professionnels de l’information.
Dans le cas présent, le Conseil estime que les animateurs, Stéphane Bureau et Pierre Olivier, n’ont pas outrepassé leur latitude en traitant, comme ils l’ont fait, le sujet abordé dans ce volet de l’émission.
Ce traitement, qui visait à présenter la chronique de l’économiste Diane Bellemare sur le sujet, ainsi que les perspectives adoptées par cette dernière, ne font point preuve, de l’avis du Conseil, de malhonnêteté intellectuelle.
En effet, cette chronique expose brièvement la théorie économique du laisser-faire et élabore sur les conséquences de celle-ci.
Analyse de la décision
- C01A Expression d’opinion
- C13A Partialité