Plaignant
M. Gérard Pelletier (chef, Parti du
renouveau d’Outremont)
Mis en cause
Le Journal d’Outremont, M. Tristan
Roy (journaliste) et M. André Desnoyers (ex-rédacteur en chef)
Résumé de la plainte
Le Journal d’Outremont fait preuve
de partialité à l’endroit du plaignant dans ses éditions de juillet, septembre
et octobre 1989, à la suite de déclarations controversées faites par ce dernier
au sujet de la tenue de célébrations juives le jour de la Saint-Jean-Baptiste.
Le plaignant, alors chef du Parti du Renouveau d’Outremont, formule 17 griefs
au soutien de sa plainte.
Faits
M. Gérard Pelletier, chef du parti
municipal Le Parti du Renouveau d’Outremont (PRO) en 1989, reproche au Journal
d’Outremont d’avoir fait preuve de partialité à son égard dans ses éditions de
juillet, septembre et octobre 1989. Il estime que ces numéros sont biaisés et
discriminatoires à son endroit. M. Pelletier formule 17 griefs au soutien de sa
plainte.
Le contexte de la plainte:
Cette plainte s’inscrit dans le
contexte des déclarations de M. Pelletier concernant les célébrations de la
communauté juive hassidique Belz entourant la venue à Outremont, entre le 21 et
le 28 juin 1989, du Grand Rabbin Isachar Dov Rokach d’Israël; et des diverses
réactions que ces déclarations ont suscitées.
M. Pelletier reprochait le moment
choisi pour la tenue de certaines de ces célébrations. Dans une lettre du 21
juin 1989 adressée au maire de la ville d’Outremont, M. Jérôme Choquette, et
signée Le Parti du Renouveau d’Outremont, M. Pelletier disait être consterné
« d’apprendre que vous (M. Choquette) avez autorisé la tenue de
« célébrations majeures qui auront lieu les 23, 24 et 25 juin » pour marquer
la venue du Rabbin Isachar Dov Rokeach d’Israël alors que, est-ce nécessaire de
vous le rappeler, la fête nationale a lieu le 24 juin ».
M. Pelletier déclarait également à
La Presse, selon un article paru le 25 juin 1989, « qu’il voyait dans le
choix de cette date, jour de la fête nationale, « un manque de sensibilité
et d’à propos susceptible de choquer les gens d’Outremont » ».
La position exprimée par M.
Pelletier a suscité diverses réactions, pour la plupart négatives. En outre,
les trois conseillers élus du PRO (M. Pelletier, chef de ce parti, ne siégeait
pas au conseil municipal) se sont dissociés publiquement de cette position. Le
maire de la ville a également réagi. Selon l’article de La Presse, M. Choquette
s’est dit « profondément outré de cette lettre suintant
l’anti-sémitisme » et croyait « dangereux de tenter de semer la
discorde à Outremont avec des arguments aussi mal fondés ».
Par ailleurs, une opinion qui se
rapproche de celle de M. Pelletier concernant cette affaire a été exprimée par
le président du Parti québécois d’Outremont, qui se nomme également Gérard
Pelletier. Le Journal d’Outremont rapporte dans son édition de juillet 1989 que
ce dernier a déclaré « Le maire Choquette a été gauche d’autoriser cette
fête le jour de la Saint-Jean, les Juifs auraient dû fêter un autre jour. On
aurait dû laisser la Saint-Jean aux Québécois, car cette fête juive a pu en
blesser plusieurs ».
La présente plainte de M. Pelletier
concerne les légendes et articles suivants:
1. Edition de juillet 1989
1.1 La légende accompagnant la
photo à la une
Celle-ci rapporte que 3 000 membres
de la congrégation hassidique Belz sont venus célébrer la visite du grand
rabbin Isachar Dov Rokach de passage à Outremont au cours de la fin de semaine
du 24 juin. La photo qui accompagne montre une partie de la foule venue
entendre les paroles du rabbin.
La légende mentionne également que
« Ce rassemblement, organisé par la congrégation Belz s’est déroulé dans
les règles du « bon voisinage », comme le soulignait le député Pierre
Fortier, mais a tout de même soulevé un débat suite aux protestations du chef
du parti municipal PRO, M. Gérard Pelletier, qui a vite été dénoncé par les
membres même de son parti ».
Le texte renvoie à deux articles
publiés en pages 6 et 7. L’un traite des célébrations de la communauté
hassidique. L’autre rapporte les déclarations de M. Pelletier concernant la
tenue de la fête juive le 24 juin et les réactions à ces déclarations.
1.2 L’article titré « Le chef
du PRO dénoncé par ses conseillers: Gérard Pelletier contre la fête
juive ».
Cet article rapporte les
déclarations de M. Pelletier concernant la tenue, le 24 juin, de cette fête,
ainsi que les réactions à ces déclarations.
2. Edition de septembre 1989
2.1 La légence accompagnant l’une
des photos publiées à la une.
Celui-ci rapporte que les trois
conseillers élus du PRO ont démissionné de leur parti et qu’ils siègeront
désormais comme indépendants. Le texte mentionne que « Leur démission se
veut un désaveu public de leur chef Gérard Pelletier à qui ils reprochent ses
déclarations incendiaires contre la tenue d’une fête juive le 24 juin dernier à
Outremont ».
2.2 Le texte d’analyse titré
« Des « problèmes ethniques » au P.Q. et au P.R.O.: Les
mésaventures des deux Gérard Pelletier ».
Cette analyse signée par
l’ex-rédacteur en chef du Journal d’Outremont, M. André Desnoyers, traite des
événements qui ont touché la scène politique municipale et provinciale à
Outremont à la fin du mois d’août 1989.
2.3 L’article titré « En
désaccord avec le chef Gérard Pelletier: Démission des trois conseillers du
PRO ».
L’article, signé par le journaliste
Tristan Roy, fait état de la démission des trois conseillers élus du PRO et des
raisons sous-tendant cette décision.
3.1 L’article titré « Trois
conseillers en quête d’un chef: Nouveau parti politique municipal ».
L’article rapporte que les trois
conseillers municipaux qui ont démissionné des rangs du PRO suite à un
désaccord avec leur chef, ici le plaignant, ont décidé de former un nouveau
parti politique municipal. Le texte signale également que ce nouveau parti
occupera la scène municipale avec trois autres partis déjà en place.
Griefs du plaignant
Les 17 griefs de M. Pelletier, pour
les éditions de juillet, septembre et octobre 1989, portent sur deux légendes
accompagnant des photos publiées à la une, trois articles et une analyse, le
refus de publier une lettre ouverte et le refus d’accorder un droit de réponse.
1. Edition de juillet 1989
1.1 La légende accompagnant la
photo à la une
Les griefs de M. Pelletier
concernant cette légende:
a) il se demande pourquoi le
journal l’attaque personnellement alors que la lettre envoyée au maire
d’Outremont, le 21 juin 1989, et dont le journal connaissait la teneur,
réflétait la position de l’exécutif du PRO et ne portait pas sa signature;
b) M. Pelletier conteste l’utilisation
du mot « protestations » dans cette phrase, soulignant qu’il n’a jamais
protesté contre la tenue d’une soirée de prière, mais mis en cause l’à-propos
d’une cérémonie de cette ampleur le jour de la fête nationale;
c) il conteste le segment de la
phrase « dénoncé par les membres même de son parti » alors que seuls
les trois conseillers élus du PRO ont réagi négativement à sa position.
1.2 L’article titré « Le chef
du PRO dénoncé par ses conseillers: Gérard Pelletier contre la fête
juive ».
Les griefs du plaignant
relativement à cet article sont les suivants. Il reproche au journal et au
journaliste Tristan Roy, selon le cas:
d) d’avoir publié un titre faux et
sensationnel. Il souligne que ses déclarations publiques n’ont jamais attaqué les
hassidiques ou leurs festivités, mais la date choisie le 24 juin pour une
manifestation rassemblant près de 3 000 personnes;
e) d’avoir affirmé dans l’article
qu’il a contacté les médias nationaux concernant cette affaire alors que ce
sont eux qui l’ont rejoint;
f) d’avoir interrogé l’ex-député
Pierre Fortier alors que ce dernier ne connaissait pas la teneur de sa lettre
du 21 juin au maire d’Outremont;
g) d’avoir rapporté les
« propos mensongers » d’un adversaire politique municipal et les
« attaques pernicieuses » du maire Jérôme Choquette sans apporter des
nuances à leurs « déclarations diffamatoires »;
h) de n’avoir rapporté qu’un appui
à sa position (venant du président du Parti québécois d’Outremont, M. Gérard
Pelletier), à la toute fin de l’article;
i) d’avoir passé sous silence les
commentaires des citoyens qui ont « subi les conséquences de la visite de
centaines de personnes » pendant une semaine.
2.Edition de septembre 1989
2.1 La légence accompagnant l’une
des photos publiées à la une.
j) M. Pelletier reproche
l’utilisation du mot « incendiaire » pour qualifier ses déclarations.
Il considère que ce qualificatif est sensationnaliste.
2.2 Le texte d’analyse titré
« Des « problèmes ethniques » au P.Q. et au P.R.O.: Les
mésaventures des deux Gérard Pelletier ».
M. Pelletier reproche à M.
Desnoyers et au journal:
k) de l’avoir accusé implicitement
de racisme dans le titre et le passage suivant du premier article:
« D’abord le Parti québécois
qui se tire dans les pieds, à un mois de l’élection provinciale, avec la candidature
malvenue de Victor Uribe, et celle annoncée puis dénoncée de Claude Jasmin.
Avec en arrière-plan, une question de racisme.
Puis, au municipal, le PRO qui se
tire dans la tête en laissant partir ses trois conseillers, MM. Claude
Piquette, André Tremblay et Jérôme Unterberg, qui siègent désormais comme
indépendants au conseil municipal. Avec en arrière-plan, une question de
racisme ».
l) d’avoir affirmé dans ce même
article qu’il (le plaignant) « cherche désespérément à demeurer la vedette
de son parti en acceptant la démission de ses trois conseillers ». Il se
demande si une telle analyse ne constitue pas une charge personnelle à son
endroit;
m) d’avoir publié des faussetés et
attaqué sa vie professionnelle dans le passage suivant:
« Gérard « PRO » Pelletier
a même déjà pu profiter de cette collaboration avec son homonyme Gérard
« PQ » Pelletier (le plaignant était le conseiller en communication de
ce dernier) en utilisant, pour le PRO, un espace publicitaire qui avait d’abord
été réservé par le PQ-Outremont, en page 6 de la présente édition du Journal
d’Outremont »
2.3 L’article titré « En
désaccord avec le chef Gérard Pelletier: Démission des trois conseillers du
PRO ».
M. Pelletier reproche à M. Roy et
au journal d’avoir publié des faussetés et attaqué sa vie professionnelle dans
le passage suivant:
« Mentionnons d’ailleurs que
Gérard Pelletier, consultant en publicité, a, pour publier son point de vue,
fait retirer l’annonce du Parti québécois Outremont, un de ses clients ».
2.4 Refus de publier une lettre
n) M. Pelletier reproche au journal
d’avoir refusé de publier la lettre ouverte d’un citoyen d’Outremont en
invoquant le prétexte qu’il aurait « téléguidé » le contenu de ladite
lettre.
2.5 Refus d’un droit de reponse
o) M. Pelletier reproche au journal de lui avoir refusé un droit de réponse.
3. Edition d’octobre 1989
Le plaignant formule deux griefs
relativement à cette édition.
3.1 L’article titré « Trois
conseillers en quête d’un chef: Nouveau parti politique municipal ».
M. Pelletier reproche au journal
p) d’avoir publié une information
fausse dans le titre de l’article, ainsi que dans le Sommaire de la une
indiquant « Nouveau parti municipal ». A l’appui de ce grief, M.
Pelletier signale qu’aucune demande d’autorisation n’avait alors été faite au
Bureau du Directeur général des élections;
q) de n’avoir publié que la version
des conseillers démissionnaires dans l’article.
Analyse
Rappelons d’abord que M. Gérard Pelletier reprochait au Journal d’Outremont d’avoir fait preuve de partialité à son égard dans ces trois éditions du journal. Il considérait que ces numéros étaient biaisés et discriminatoires à son endroit.
M. Pelletier soumettait 17 griefs au soutien de sa plainte. Voici les conclusions du Conseil, eu égard à ces griefs. Elles sont réparties en 3 sections, selon les éditions de juillet, septembre et octobre 1989, et sont suivies d’une conclusion générale.
1. Edition de juillet 1989
1.1 La légende accompagnant la photo à la une.
Les légendes, tout comme les titres et les manchettes d’un journal, doivent être fidèles aux faits et respecter l’esprit et le contenu des textes auxquels ils renvoient. Les médias doivent par ailleurs veiller à ce qu’elles ne constituent pas des véhicules aux préjugés et aux partis pris.
Dans le cas présent, le Conseil ne retient pas les griefs du plaignant concernant cette légende.
Dans un premier temps, il ne peut être considéré qu’il y a eu attaque personnelle envers le plaignant du fait de mentionner que la fête juive du 24 juin a « soulevé un débat suite aux protestations du chef du parti municipal PRO, M. Gérard Pelletier, qui a vite été dénoncé par les membres même de son parti ».
L’argument selon lequel la lettre envoyée au maire d’Outremont au sujet de cette fête n’était pas signée du nom du plaignant, mais du PRO, ne peut être retenue. Il y a lieu de souligner ici que M. Pelletier agissait alors en tant qu’homme politique et chef de ce parti municipal.
Dans un deuxième temps concernant l’utilisation du mot « protestation » et de la phrase « dénoncé par les membres même de son parti » le Conseil estime que cette formulation respecte le sens des événements dont il est question et qui sont rapportés dans l’un des articles auquel la légende renvoie.
1.2 L’article titré « Le chef du PRO dénoncé par ses conseillers: Gérard Pelletier contre la fête juive ».
Concernant le titre de cet article, le Conseil estime que le Journal d’Outremont a contrevenu à la règle selon laquelle les titres doivent être conformes aux faits et à l’esprit des événements rapportés dans les articles qu’ils coiffent.
Tel que formulé, le titre laisse entendre que le plaignant était contre la tenue même de cette fête juive, alors qu’il contestait le moment choisi pour le déroulement de celle-ci, à savoir le jour de la Saint-Jean-Baptiste. Le Conseil déplore donc le manque de rigueur du journal dans la formulation du titre.
Concernant le passage de l’article affirmant que « Pour attiser davantage la controverse naissante, le chef du PRO a contacté les médias nationaux […] pour leur faire part de ses doléances », le plaignant indique qu’il n’a pas contacté les médias nationaux mais que ce sont eux qui ont communiqué avec lui.
Dans ses commentaires sur la plainte, le journaliste Tristan Roy, sur la base de la définition du mot « contacter » dans le Petit Robert, répond que le plaignant « déduit à tort que cette citation lui attribue l’initiative du « contact » ».
Le Conseil reproche ici au journaliste et au journal d’avoir publié une information inexacte. Contrairement à ce que soutient le journaliste, ce passage attribue clairement l’initiative du contact au plaignant.
Les quatre autres griefs du plaignant concernant cet article renvoient au choix des informations et à leur traitement. Les décisions en la matière relèvent de la liberté rédactionnelle des médias et des journalistes. Elles doivent être faites dans un esprit d’équité et avec le souci de livrer une information complète et conforme aux faits.
Le plaignant reproche au journaliste d’avoir interrogé l’ex-député Pierre Fortier alors que ce dernier ne connaissait pas la teneur de sa lettre au maire d’Outremont; d’avoir rapporté les propos du maire et d’un adversaire politique sans les nuancer; de n’avoir rapporté qu’un seul appui à sa position et aucun commentaire des citoyens ayant « subi les conséquences » de ces festivités.
Le Conseil considère que le traitement accordé dans cet article à la controverse entourant la tenue de la fête juive respectait les règles susmentionnées.
La position du plaignant a été dûment rapportée, ainsi que les réactions des principaux acteurs dans cette affaire: les conseillers démissionnaires du PRO, le maire d’Outremont, et pendant son absence, le maire par intérim, le porte-parole de la communauté hassidique, le député d’Outremont, le président du Parti québécois-Outremont. En ce qui concerne les citoyens d’Outremont, l’article rapporte que certains d’entre eux ont adressé une lettre au maire de la ville pour dénoncer le bruit et les inconvénients causés par ladite fête.
Considérant la position du plaignant dans cette affaire, et les diverses réactions qu’elle a suscitées, le Conseil estime qu’il était justifié, dans ce contexte, de faite état des commentaires que le plaignant conteste dans sa plainte. De plus, il y a lieu de souligner que les réactions qui ont été rapportées ne vont pas seulement à l’encontre de la position du plaignant. C’est le cas de la position du président du Parti québécois-Outremont et des doléances dont certains citoyens ont fait part au maire.
2. Edition de septembre 1989
2.1 La légende accompagnant l’une des photos publiées à la une
Le plaignant reproche l’utilisation du terme « incendiaires », dans cette légende, pour qualifier ses déclarations: « Leur démission (les trois conseillers élus du PRO) se veut un désaveu public de leur chef Gérard Pelletier à qui ils reprochent ses déclarations incendiaires contre la tenue d’une fête juive le 24 juin dernier à Outremont ». Il considère ce qualificatif sensationnaliste.
Considérant le contexte controversé auquel ce bas de vignette renvoie, ainsi que les diverses réactions suscitées par les déclarations du plaignant, le Conseil ne saurait retenir ce grief.
2.2 Le texte d’analyse titré « Des « problèmes ethniques » au P.Q. et au P.R.O.: Les mésaventures des deux Gérard Pelletier ».
La nouvelle et l’analyse sont des genres journalistiques destinés à informer le public. La nouvelle a pour but de rendre compte des faits et des événements. L’analyse, pour sa part, met l’accent sur leur signification en approfondissant le contexte dans lequel ils s’insèrent et en les mettant en relation avec d’autres faits et événements.
L’analyse, parce qu’elle privilégie certains aspects par rapport à d’autres, fait nécessairement place à la subjectivité. Elle relève néanmoins de l’information et ne constitue pas de l’opinion ou de l’éditorial. Les auteurs de ces textes doivent faire preuve de rigueur dans leur analyse afin de ne pas induire le public en erreur sur la nature véritable des situations et des événements qu’ils choisissent de traiter.
Dans le cas présent, l’ex-rédacteur en chef du Journal d’Outremont, M. André Desnoyers, était libre de traiter des difficultés des formations politiques du PRO et du PQ sous l’angle qu’il l’a fait.
En ce qui concerne les griefs du plaignant, le Conseil ne considère pas que le titre et les passages du texte relevés par ce dernier constituent une accusation de racisme à son endroit. Le Conseil ne décèle pas une telle intention de la part du journal dans le fait de traiter des difficultés du PRO et du PQ relativement à des situations et des événements impliquant différentes communautés d’Outremont.
Quant à l’affirmation de M. Desnoyers, dans son analyse, selon laquelle le plaignant « cherche désespérément à demeurer la vedette de son parti en acceptant la démission de ses trois conseillers », le Conseil ne voit pas là une charge personnelle à l’endroit de M. Pelletier puisqu’elle renvoie à l’homme politique et non à l’individu. Le Conseil déplore toutefois que M. Desnoyers n’ait pas démontré sur quoi il appuyait cette affirmation. Les éléments présentés dans son texte ne permettent pas d’éclairer véritablement cet aspect.
2.3 L’article titré « En désaccord avec le chef Gérard Pelletier: Démission des trois conseillers du PRO ».
Le plaignant reproche au journal d’avoir publié des faussetés et attaqué sa vie professionnelle dans un passage de cet article, ainsi que dans un passage de l’analyse dont il est question plus haut. Ces passages traitent de l’utilisation, par le plaignant, d’un espace publicitaire, dans Le Journal d’Outremont, qui avait été réservé dans un premier temps par le PQ-Outremont.
A la lumière des éléments soumis à son attention par les parties eu égard à ce grief, et en présence de versions contradictoires, le Conseil ne peut conclure sur ce grief du plaignant.
2.4 Refus de publier une lettre ouverte.
Le Conseil a toujours reconnu les prérogatives de l’éditeur en ce qui concerne la publication des lettres des lecteurs. Le Journal d’Outremont était donc en droit de ne pas publier la lettre ouverte du citoyen dont il est question dans ce grief du plaignant.
2.5 Refus d’un droit de reponse
La décision de publier ou non un droit de réponse demeure une prérogative de l’éditeur. Dans le cas présent, le Conseil n’est pas en mesure de conclure, à la lumière des éléments soumis à son attention, s’il y a eu manquement à l’éthique journalistique de la part du journal dans son refus d’accorder un droit de réponse au plaignant.
3. Edition d’octobre 1989
Le plaignant reproche au journal d’avoir publié une information fausse dans le sommaire à la une (« Nouveau parti municipal ») et dans le titre de l’article auquel celui-ci renvoie (« Trois conseillers en quête d’un chef. Nouveau parti politique municipal »). M. Pelletier considère qu’il est faux d’écrire « nouveau parti municipal » compte tenu qu’aucune demande d’autorisation à cette fin n’avait été faite au Bureau du Directeur général des élections au moment de la parution de l’article.
L’article rapporte, pour sa part, que les trois conseillers municipaux qui ont quitté les rangs du PRO il y a quelques semaines « ont décidé de former un nouveau parti politique municipal » et qu’ »On devrait en connaître davantage sur cette nouvelle formation politique, dont le nom reste à être dévoilé, au cours des prochaines semaines ».
Le Conseil ne retient pas ce grief du plaignant. Ce nouveau parti étant en cours de formation au moment de la parution de l’article. Le Conseil ne considère pas qu’il était faux d’écrire « nouveau parti municipal » du fait qu’une demande d’autorisation n’avait pas encore été faite au Bureau du Directeur des élections.
Le Conseil déplore toutefois le caractère incomplet de l’article. Plus de précisions sur la formation de ce nouveau parti aurait permis aux lecteurs de mieux situer celui-ci dans le cadre de la politique municipale.
Le plaignant reproche également de n’avoir publié dans cet article que la version des trois conseillers démissionnaires.
Le Conseil considère ici que l’objet même de l’article la décision des trois conseillers de former un nouveau parti municipal ne requérait pas un commentaire du plaignant. L’article ne portait pas sur les circonstances et les raisons ayant conduit ces trois conseillers à démissionner du PRO, ce qui aurait commandé d’obtenir la version du plaignant puisqu’il était le chef de ce parti. Les lecteurs ont par ailleurs été informés, dans des éditions précédentes, des raisons sous-tendant ces démissions, ainsi que de l’opinion du plaignant, eu égard à celle-ci. Le Conseil ne retient donc pas ce grief.
Conclusion generale:
De l’examen des éléments, pris séparément, et qui ont été soumis à son attention dans ce dossier, le Consiel a rejeté 13 des 17 griefs du plaignant, n’a pu se prononcer sur 2 de ceux-ci et a déploré et/ou reproché 3 manquements à l’éthique.
Le Conseil ne peut toutefois conclure, sur la base de ces manquements, que le journal a fait preuve de partialité à l’égard du plaignant, ni que les éditions de juillet, septembre et octobre 1989 étaient biaisées à son endroit.
Le Conseil déplore toutefois le manque de rigueur dont le journal a fait preuve à quelques reprises dans le traitement de l’affaire entourant les « déclarations » de M. Pelletier sur les Fêtes du 24 juin 1989. Le Conseil est d’avis que ces maladresses étaient de nature à exacerber la controverse plutôt qu’à éclairer le public sur des événements soulevant la délicate question du racisme.
Analyse de la décision
- C03C Sélection des faits rapportés
- C08A Choix des textes
- C09A Refus d’un droit de réponse
- C11B Information inexacte
- C11C Déformation des faits
- C11F Titre/présentation de l’information
- C12B Information incomplète
- C12C Absence d’une version des faits
- C13A Partialité
- C14A Sensationnalisme/exagération/insistance indue
- C17A Diffamation
- C17E Attaques personnelles