Plaignant
La municipalité
de Parent
Représentant du plaignant
M. Jean Dupont
(maire, municipalité de Parent)
Mis en cause
L’Actualité
[Montréal] et M. Luc Chartrand (journaliste)
Représentant du mis en cause
M. Jean Paré
(directeur, L’Actualité [Montréal])
Résumé de la plainte
Le journaliste
Luc Chartrand et L’Actualité donnent une image négative de la municipalité de
Parent dans l’article «L’express du pays sans nom», publié en février 1990. Ce
texte diffamatoire, qui traite de la région située entre La Tuque et Senneterre
en Abitibi, est diffamatoire, entache la réputation de la population de Parent
et cause du tort à l’économie touristique.
Faits
La plainte
concerne un article paru dans L’Actualité en février 1990 sous la signature de
M. Luc Chartrand. L’article, intitulé «L’express du pays sans nom», traite
d’une région située entre La Tuque et Senneterre en Abitibi. Le journaliste a
traversé cette région en train, s’arrêtant dans quelques villages. Environ le
quart de l’article est consacré à la municipalité de Parent, objet de litige
dans le présent dossier.
Griefs du plaignant
Le maire de
Parent, M. Jean Dupont, au nom du conseil municipal, se plaint de l’image qu’on
a donné de sa localité dans cet article: «Nous pensons que cet article est
diffamatoire et détruit la réputation de toute la population de Parent». Il
demande au Conseil de faire en sorte que la revue «corrige le tort fait à notre
population ainsi qu’à notre clientèle touristique».
Dans sa lettre à
L’Actualité, jointe au dossier, il parle d’un manque flagrant de
professionnalisme, le journaliste ayant dû relever plus de points positifs que
négatifs s’il avait observé autour de lui. Il remarque également que la seule
photographie publiée relativement à la ville de Parent représente une danseuse
de Montréal.
Commentaires du mis en cause
Le directeur de
L’Actualité, M. Jean Paré, dit ne vouloir justifier le reportage de M.
Chartrand autrement que par sa qualité, estimant que le maire de la
municipalité de Parent confond promotion et reportage. Il explique que son
journaliste a rapporté ce qu’il a vu et senti de cette immense région. Il
signale ensuite que M. Dupont n’a pas relevé d’erreur importante et que «nous
n’avons outrepassé ni les règles professionnelles ni éthiques».
Pour sa part, le
journaliste Luc Chartrand estime son article conforme à ce qu’il a vu et
entendu ou trouvé au cours de ses recherches documentaires. Il précise n’avoir
pas rédigé un «publi-reportage».
Analyse
Les récits de voyage relatent ce que les journalistes ont vu et ressenti au cours de leurs déplacements. Ces derniers racontent les lieux, les gens et les événements avec lesquels ils ont été en contact. Ce genre de reportage revêt donc un caractère personnel et subjectif. Il laisse une grande latitude à leurs auteurs dans le choix des sujets qu’ils abordent dans leurs articles et des photos et autres illustrations qui accompagnent ceux-ci.
L’examen de l’article «L’express du pays sans nom», permet de constater qu’il s’agit ici d’un récit de voyage très personnel du journaliste Luc Chartrand qui a pris le train vers une destination peu fréquentée et découvert des villages qui lui semblent différents de ceux auxquels il est habitué. Il raconte les gens qu’il a rencontrés, les endroits où il a séjourné et les paroles échangées au hasard de ses déplacements.
Cet article n’a pas la prétention d’un reportage complet, équilibré et factuel sur la région et les villages visités. Il est un regard du journaliste sur une région qui lui était inconnue et dont il rapporte des faits et des impressions, ces dernières étant influencées par les gens qu’il a rencontrés, les endroits où il a mangé ou dormi, le temps qu’il faisait ou sa propre humeur. Le journaliste aurait ainsi pu parler de mille et une autres choses concernant les endroits visités et la ville de Parent.
Quant au choix de la photo (une danseuse venue de Montréal), le Conseil convient que celle-ci n’est pas ce qu’il y a de plus représentatif de la municipalité de Parent. Il estime toutefois qu’il n’y a pas lieu de voir là une atteinte à la réputation de la ville.
Le Conseil ne peut retenir ici de blâme contre L’Actualité et le journaliste Luc Chartrand, d’autant plus que la revue a publié deux lettres de lecteurs réagissant à cet article, dont celle du maire de Parent.
Le Conseil considère cependant que L’Actualité aurait eu avantage à identifier ce reportage comme étant un texte présentant un point de vue personnel. Le Conseil invite d’ailleurs les médias à adopter une telle pratique afin d’éviter toute confusion auprès des lecteurs quant à l’information qui leur est présentée.
Analyse de la décision
- C03A Angle de traitement
- C17C Injure
- C20A Identification/confusion des genres