Plaignant
Le Groupe Jean
Coutu
Représentant du plaignant
M. François
Coutu (vice-président exécutif, Pharmacies et affaires publiques, Groupe Jean Coutu)
Mis en cause
CJRC-AM
[Radiomutuel, Gatineau] et M. Nicolas-André Carette (journaliste)
Représentant du mis en cause
M. Marc Delorme
(directeur de la programmation, CJRC-AM [Radiomutuel, Gatineau])
Résumé de la plainte
Le journaliste
Nicolas-André Charrette de CJRC associe de manière abusive le plaignant à la
Société Decom, dans un reportage diffusé le 24 mai 1990 au sujet de
déversements polluants faits par cette entreprise spécialisée dans la
récupération de déchets biomédicaux. Le journaliste relie le plaignant à cette
histoire de déversements alors qu’un grand nombre de fabricants de produits
pharmaceutiques font affaire avec Decom. De plus, il affirme que «Pour les
Pharmacies Jean Coutu, le coup est dur à encaisser […]. Lors de la campagne
de récupération de médicaments périmés, près de 500 barils de 45 gallons ont
été ramassés à travers le Québec». Or, au moment de la diffusion de cette
nouvelle, les barils en question se trouvaient encore dans les succursales du
plaignant.
Faits
La plainte concerne
un reportage de M. Nicolas-André Carette diffusé le 24 mai 1990 sur les ondes
de la station CJRC de Gatineau.
Le reportage
traite d’une affaire de présumés déversements polluants dans les égouts de la
région par la Société Decom, une entreprise de récupération de déchets
biomédicaux. Selon le reportage, Decom se «débarasserait des résidus de cuisson
des médicaments périmés en les jetant dans les égouts de Gatineau».
Griefs du plaignant
Le Groupe Jean
Coutu porte à l’attention du Conseil de presse ce qu’il considère être une
pratique journalistique douteuse de la part du journaliste Nicolas-André
Carette et de la station CJRC.
M. François Jean
Coutu, vice-président exécutif, Pharmacies et affaires publiques, leur reproche
d’avoir associé gratuitement le Groupe Jean Coutu à l’affaire susmentionnée en
affirmant que «Pour les Pharmacies Jean Coutu, le coup est dur à encaisser,
surtout pour la crédibilité. Lors de la campagne de récupération de médicaments
périmés, près de 500 barils de 45 gallons ont été ramassés à travers le
Québec».
M. Coutu
soutient que le journaliste n’a pas vérifié l’exactitude de ses informations,
précisant que tous les barils dont il est question dans la nouvelle étaient
encore dans leurs succursales au moment où celle-ci a été diffusée.
Il se demande
pourquoi le Groupe Jean coutu a été associé à cette histoire compte tenu qu’un
grand nombre de fabricants de produits pharmaceutiques utilisent les services
de Decom, une entreprise recommandée par le ministère de l’Environnement.
M. Coutu demande
au Conseil de presse de corriger cette «attaque inacceptable à la réputation
d’entreprises respectables».
Commentaires du mis en cause
En réponse à
cette plainte, le journaliste Nicolas-André Carette dit considérer que le
Groupe Jean Coutu exagère considérablement la portée du tort qu’il a pu lui
causer.
Il indique que
les faits rapportés dans son reportage ont été vérifiés et qu’il n’a pas été
mentionné dans la nouvelle que les barils contenant des médicaments périmés
recueillis par le Groupe Jean Coutu aient été tous entre les mains de la
compagnie Decom.
Répliquant au
grief selon lequel le reportage associe gratuitement le Groupe Jean Coutu à
l’affaire rapportée, M. Carette remarque que M. François Coutu n’avait
simplement qu’à refuser de lui faire une déclaration, sachant forcément qu’il
allait parler de son entreprise lors de la diffusion de la nouvelle.
M. Carette
ajoute à cela que le Groupe Jean Coutu, «qu’il le veuille ou non» était associé
à une compagnie dont la «mauvaise réputation n’est plus à faire dans
l’Outaouais», le ministère québécois de l’Environnement et la Commission
d’enquête sur l’environnement ayant reconnu la mauvaise foi de Decom dans
l’exécution de ses opérations. M. Carette souligne qu’il a même suggéré à M.
Coutu de rompre l’entente qui le liait à Decom.
Le directeur de
la programmation de CJRC, M. Marc Delorme, souligne pour sa part que M. Coutu a
lui-même admis avoir une entente avec Decom dans l’entrevue qu’il a accordée au
journaliste Nicolas-André Carette.
M. Delorme répond
par ailleurs qu’il est complètement faux de dire qu’il y a eu «pratique
journalistique douteuse» de la part de M. Carette et de CJRC. Il indique qu’ils
ont été des plus honnêtes avec M. Coutu, lui ayant demandé une déclaration et
n’ayant diffusé que ce qu’il avait permis de diffuser.
Analyse
Les médias et les journalistes sont responsables de fournir au public l’information la plus complète possible. Ils doivent aussi se soucier du respect de la vérité. Ils ne doivent pas déformer les faits, ni supprimer des informations essentielles à la compréhension des événements.
Dans le cas présent, le Conseil déplore que le journaliste Nicolas-André Carette et la station CJRC n’aient pas respecté ces règles et aient livré à leurs auditeurs un reportage incomplet duquel ils ne peuvent tirer de conclusion quant à la portée réelle des événements.
Concernant la Société Decom, aucune information n’est donnée aux auditeurs quant à la validité scientifique ou technique des reproches faits par la source anonyme, ni quant aux risques réels que ces présumés déversements font courir à la santé des citoyens.
Concernant les griefs du plaignant, le Conseil estime qu’il était légitime pour le journaliste et la station CJRC de mentionner que le Groupe Jean Coutu était un client de la compagnie Decom et de l’inviter à réagir à la nouvelle. Cette mention était justifiée en raison de la campagne de récupération de médicaments périmés dans laquelle le Groupe Jean Coutu et la Fondation québécoise en environnement étaient impliqués.
Le Conseil reproche toutefois au journaliste et à CJRC d’avoir affirmé dans leur reportage que «Pour les Pharmacies Jean Coutu, le coup est dur à encaisser, surtout pour la crédibilité», alors qu’ils n’ont en aucun moment démontré la validité de ce commentaire.
Eu égard à celui-ci, le Conseil reproche également au journaliste et à CJRC de n’avoir pas respecté les distinctions qui s’imposent entre les genres journalistiques que sont la nouvelle et le commentaire. Il s’agit ici d’éviter que le public ne soit induit en erreur sur le genre d’information qu’il croit recevoir.
Analyse de la décision
- C01C Opinion non appuyée sur des faits
- C12B Information incomplète
- C17F Rapprochement tendancieux
- C20A Identification/confusion des genres