Plaignant
Union québécoise
pour la conservation de la nature [UQCN]
Représentant du plaignant
M. Pierre Gosselin
(ex-président, Union québécoise pour la conservation de la nature [UQCN])
Mis en cause
Le Journal de
Québec, Le Journal de Montréal et M. Jean-V. Dufresne (chroniqueur)
Représentant du mis en cause
M. Raymond
Tardif (ex-rédacteur en chef, Le Journal de Montréal)
Résumé de la plainte
Dans la
chronique «Les crétins de Franc-Vert», publiée par Le Journal de Québec et Le
Journal de Montréal le 31 juillet 1991, le journaliste Jean-V. Dufresne
commente certains propos contenus dans la revue Franc-Vert, éditée par la
plaignante, en associant cette dernière, sa revue et les auteurs du texte en
question au nazisme et au racisme.
Faits
La plainte émane
de l’Union québécoise pour la conservation de la nature (UQCN), plus précisément
de son président d’alors, M. Pierre Gosselin. Celui-ci reproche au journaliste
Jean-V. Dufresne, au Journal de Québec et au Journal de Montréal la
publication, le 31 juillet 1991, d’un article intitulé «Les crétins de
Franc-Vert». Jean-V. Dufresne y commentait certains propos parus dans
Franc-Vert, la revue publiée par l’UQCN, sous la plume de MM. Jean-Pierre
Drapeau et Luc Gagnon.
Dans ces
articles, les auteurs proposaient à leurs lecteurs d’évaluer l’impact de leur
comportement face à l’environnement. Pour ce faire, chacun était invité à
remplir un «bulletin» («Bulletin de l’environnement»), c’est-à-dire à
s’attribuer ou non les points correspondant à une cinquantaine d’actions
énumérées par les auteurs. Parmi ces actions figurait celle qui constitua le
point de départ de la critique de Jean-V. Dufresne: «J’ai accepté de limiter ma
famillle pour des motifs écologiques: un enfant: 20 points; 2 enfants: 10
points».
Griefs du plaignant
Bien que M.
Jean-V. Dufresne ait utilisé un ton et un vocabulaire «infamants», selon la
réplique de l’UQCN dans ce dossier («crétins de FRANC-VERT», «deux parfaits
spécimens de crétinisme et d’irresponsabilité écologique»), propres à
ridiculiser l’organisme et ses collaborateurs, la plainte porte essentiellement
sur le fait que M. Dufresne ait associé l’UQCN, Franc-Vert et les auteurs de
l’article au nazisme et au racisme.
Dans une
première lettre datée du 10 octobre 1991, M. Pierre Gosselin reproche à Jean-V.
Dufresne d’avoir manqué de jugement et de rigueur intellectuelle en faisant une
telle association. Après avoir souligné les préjudices causés à l’UQCN ainsi
qu’à l’un de ses collaborateurs, le président demande au Conseil de presse de
rappeler au journaliste et à son employeur que l’une de leurs responsabilités «consiste
à transmettre à la population une information véridique et non tendancieuse»,
et qu’un journal n’a pas le droit de causer du tort à la réputation d’autrui».
Dans une seconde
lettre datée du 28 janvier 1992, M. Gosselin fait état des démarches infructueuses
effectuées tant auprès de M. Dufresne qu’auprès des rédacteurs en chef des deux
journaux ci-haut mentionnés. Il relate qu’au cours d’une rencontre personnelle
entre le vice-président de l’UQCN et le journaliste, celui-ci aurait admis
avoir fait une erreur et laissé entendre qu’il corrigerait ses propos dans une
nouvelle chronique.
Commentaires du mis en cause
M. Dufresne
indique qu’il n’a «aucun commentaire à formuler au sujet de cette plainte». Il
maintient ses propos et affirme n’avoir jamais admis quelque «erreur» que ce
soit ou discuté de la pertinence d’une rétractation.
Pour sa part, M.
Raymond Tardif, alors rédacteur en chef du Journal de Montréal, indique que la
réponse de M. Dufresne constitue le commentaire de son journal. Le dossier ne
contient pas de réponse de M. Serge Côté, rédacteur en chef du Journal de
Québec.
Analyse
Le Conseil de presse reconnaît aux chroniqueurs le droit à une grande latitude dans l’expression de leurs opinions et l’interprétation des faits, laquelle doit toutefois s’exercer en tenant compte des exigences de rigueur et d’exactitude.
Dans le cas présent, M. Jean V. Dufresne avait droit à son opinion en ce qui concerne le questionnaire intitulé «Bulletin de l’environnement» publié par Franc-Vert, et particulièrement l’une des questions qui était soumise aux lecteurs dans l’évaluation de leurs actions pour la protection de l’environnement.
Le Conseil invite toutefois M. Dufresne et les chroniqueurs à la prudence dans l’interprétation de faits et le choix de propos, comme les rapprochements entre des groupes et/ou des événements, et dont la portée pourrait stigmatiser un groupe.
Le Conseil estime enfin qu’il aurait été souhaitable, dans la présente affaire, que Le Journal de Montréal et Le Journal de Québec accordent un droit de réponse aux plaignants.
Analyse de la décision
- C01A Expression d’opinion
- C09A Refus d’un droit de réponse
- C18D Discrimination