Plaignant
M. Pierre de
Bellefeuille
Mis en cause
L’Eveil des
Deux-Rives [Saint-Eustache]
Représentant du mis en cause
M. Rémi Binette
(rédacteur en chef, L’Eveil des Deux-Rives [Saint-Eustache])
Résumé de la plainte
Les textes
«Face-à-face avec sa propre conscience» et «Comment développer la clairvoyance»,
publiés avec photos les 24 novembre 1991 et 5 janvier 1992 dans L’Eveil des
deux Rives, constituent de la publicité gratuite pour les conférences publiques
de M. Normand Pinard, qui se présente comme métaphysicien.
Faits
La plainte
concerne deux textes, accompagnés de photos, parus dans l’hebdomadaire L’Eveil
des deux Rives de Saint-Eustache les 24 novembre 1991et 5 janvier 1992. Ces
textes, titrés «Face-à-face avec sa propre conscience» et «Comment développer
la clairvoyance» font état de «l’enseignement» de M. Normand Pinard, présenté
comme métaphysicien, et annoncent les conférences publiques de ce dernier.
Griefs du plaignant
Le plaignant, M.
Pierre de Bellefeuille, considère que ces textes sont de la publicité gratuite
accordée à M. Pinard qui «se disant « métaphysicien », donne des
conférences en prétendant enseigner comment « accéder à la paix de
l’esprit », « développer la clairvoyance » et « percevoir des
événements du futur »».
Après la
publication du premier texte, M. de Bellefeuille a communiqué avec M. Rémi
Binette, rédacteur en chef de L’Eveil des deux Rives, pour lui faire part de
son étonnement devant ce qu’il juge être de la publicité gratuite, et pour
exprimer l’avis que les médias d’information doivent être prudents afin de ne
pas accorder ce genre de publicité à des individus qui cherchent à profiter de
la crédulité des gens. M. Binette lui a répondu qu’il avait tout simplement
publié le communiqué que M. Pinard lui avait fait parvenir.
M. de
Bellefeuille dit avoir constaté que ses propos n’ont pas convaincu M. Binette
puisque le journal a consacré encore plus d’espace au deuxième texte, paru dans
l’édition du 5 janvier.
La question que
se pose le plaignant, après avoir pris connaissance de la réponse du journal
sur sa plainte (voir ci-après), est de savoir si l’exploitation de la crédulité
des gens devrait être bannie des journaux. Pour sa part, il croit qu’en
publiant ces textes, la rédaction de L’Eveil a fait preuve d’imprudence et de
manque de jugement et il demande au Conseil de presse de se prononcer sur la
question.
Commentaires du mis en cause
M. Rémi Binette,
rédacteur en chef du journal, estime que la plainte de M. de Bellefeuille est
une attaque injustifiée. Il précise que c’est dans le cadre de la liberté
d’expression et du droit du public à l’information la plus complète possible
que le journal L’Eveil a accordé de l’espace gratuit à M. Pinard en publiant
ses communiqués annonçant ses conférences.
M. Binette
allègue qu’un rédacteur en chef d’un journal comme L’Eveil n’est pas tenu d’examiner
la valeur des idées exprimées dans un communiqué avant de le publier. Il ajoute
que lesdits communiqués ne prêchent pas la violence et ne sont pas racistes, ce
qui est évidemment banni dans son journal.
Analyse
Le choix et le traitement des informations relèvent du jugement rédactionnel des médias et des journalistes. En ce qui concerne les communiqués qui leur sont transmis, les médias sont libres de les publier ou de les utiliser comme élément d’information dans le cadre d’un article.
Dans le cas présent, le journal L’Eveil des deux Rives était libre de publier les communiqués de M. Pinard et de leur accorder l’espace de son choix. Le Conseil constate toutefois que ces communiqués, accompagnés de titres et de photos, ont été publiés sous la forme d’articles d’information. Aucune indication n’a été donnée aux lecteurs quant à la source de ces communiqués, ni même qu’il s’agissait de communiqués. Aussi, le Conseil adresse un reproche au journal L’Eveil des deux Rives pour ne pas avoir identifié ces textes pour ce qu’ils étaient et établi une distinction claire entre ceux-ci et le contenu journalistique.
Une telle façon de procéder a pour effet d’induire les lecteurs en erreur sur la nature de l’information qui lui est livrée et de compromettre la crédibilité des médias et des journalistes auprès du public.
Quant à la question soulevée par le plaignant concernant la publicité gratuite accordée à des individus «qui semblent chercher à profiter de la crédulité des gens», le Conseil ne peut qu’inciter les médias à la prudence en la matière.
Analyse de la décision
- C10A Choix de la publicité
- C21A Publicité déguisée en information
Date de l’appel
12 January 1994
Appelant
L’Eveil des
Deux-Rives [Saint-Eustache]
Décision en appel
Après analyse, la
commission d’appel a maintenu la décision du tribunal d’honneur; elle a rappelé
qu’un communiqué, comme un publi-reportage, émane d’une personne ou d’une
source intéressées et doit être clairement identifié comme tel.
Griefs pour l’appel
M. Rémi Binette,
rédacteur en chef de L’Eveil des deux Rives, a interjeté appel de cette
décision.