Plaignant
M. Jean-Jacques
Roy
Mis en cause
Le Devoir
[Montréal] et M. Christian Mistral (critique)
Représentant du mis en cause
M. Bernard
Descôteaux (rédacteur en chef, Le Devoir [Montréal])
Résumé de la plainte
Le 10 août 1991,
dans Le Devoir, le critique Christian Mistral commente le roman «L’homme qui
devint Dieu» de Gérald Messadié en tenant des propos vulgaires sur un de ses
personnages. Ce faisant, le critique ridiculise et abaisse toute la communauté
chrétienne.
Faits
La plainte
concerne une critique littéraire de M. Christian Mistral au sujet du roman
«L’homme qui devint Dieu» de Gérald Messadié. Cette critique a été publiée dans
le journal Le Devoir, le 10 août 1991.
Griefs du plaignant
M. Jean-Jacques
Roy reproche à M. Mistral d’avoir tenu des propos vulgaires sur Saint-Paul, un
des personnages du roman de M. Messadié.
M. Roy estime
que M. Mistral «a manqué totalement de tact en valorisant ses idées
personnelles» et en qualifiant Saint-Paul, entre autres, de «mythomane
épileptique avec tendances hystériques» et de «ti-cul haineux, laid et
frustré».
M. Roy soutient
qu’«une critique est une appréciation sur l’oeuvre et sur l’auteur et non sur
les personnages». Il ajoute que «personne n’a le droit de ridiculiser et
abaisser toute la communauté chrétienne». Il se demande si Le Devoir aurait
accepté de publier un tel texte s’il s’était agi d’une figure importante d’une
autre religion, par exemple le prophète Mahomet.
M. Roy estime
que Le Devoir n’a pas respecté l’éthique journalistique et «a manqué de
jugement, de souplesse, de rigueur et de professionnalisme», en publiant le
texte de Christian Mistral.
Commentaires du mis en cause
M. Bernard
Descôteaux, rédacteur en chef, ne voit pas comment M. Mistral et Le Devoir ont
manqué à l’éthique de la profession en publiant cet article.
M. Descôteaux
fait valoir que la critique littéraire est un genre journalistique qui relève
du commentaire et donc du genre éditorial. Aussi, ajoute-t-il, «ce que l’on
reproche à M. Mistral ce sont des opinions avec lesquelles on peut être en
accord ou en désaccord».
Il convient
cependant que le choix des mots et de certaines expressions ait pu choquer
certains lecteurs. Il souligne toutefois que l’auteur de l’article, qui «a
choisi un certain ton, inspiré en cela par le livre de Messadié», était en
droit de faire de tels choix.
Analyse
La critique littéraire est un genre journalistique qui tient de l’éditorial et du commentaire. Elle laisse à ses auteurs une grande latitude dans l’expression de leurs opinions, et leur permet de présenter celles-ci dans un style qui leur est propre. Ce genre journalistique accorde une place importante à la subjectivité et à la personnalité de leurs auteurs.
Dans le cas présent, M. Mistral était en droit d’exprimer les opinions qu’il a émises concernant le roman de Gérald Messadié. Il va de soi que certains commentaires et expressions que l’on retrouve dans cette critique sont largement matière d’opinion et prêtent à discussion. Conséquemment, le Conseil ne saurait retenir la plainte de M. Jean-Jacques Roy.
Analyse de la décision
- C01A Expression d’opinion