Plaignant
La Ligue des
Noirs du Québec
Représentant du plaignant
M. Dan Philip
(président, Ligue des Noirs du Québec)
Mis en cause
Le Journal de
Montréal et M. Guy Roy (journaliste)
Résumé de la plainte
Un article du journaliste
Guy Roy, publié par Le Journal de Montréal le 20 octobre 1992, sous le titre
«Une trentaine de jeunes noirs dévalisent et saccagent une maison», rapporte de
manière biaisée et cavalière cet incident. Un tel traitement a pour effet
d’alimenter des sentiments d’intolérance et de xénophobie à l’égard de la
communauté noire.
Faits
La plainte
concerne un article paru dans Le Journal de Montréal, le 20 octobre 1992, sous
la signature du journaliste Guy Roy. L’article, intitulé «Une trentaine de
jeunes noirs dévalisent et saccagent une maison», relate les incidents survenus
(saccage et vandalisme) dans une résidence de Lachenaie dans la nuit du
dimanche 18 octobre.
Griefs du plaignant
Le 21 octobre 1992,
la Ligue des Noirs du Québec, par l’entremise de son président, M. Dan Philip,
porte plainte au Conseil de presse pour la manière biaisée et l’attitude
cavalière avec lesquelles cette nouvelle a été traitée et présentée. Plus
explicitement, dans une demande de rectificatif adressée le même jour au
Journal de Montréal, M. Philip formule les griefs suivants:
– l’article
«tend explicitement à faire un lien entre l’incident décrit et la race des
jeunes qui sont en cause», alors que la race n’a rien à voir avec ce qui s’est
produit et le vandalisme qui a été perpétré dans cette résidence. De plus, il
est clair que la race des jeunes n’était pas un facteur qui a motivé l’incident
ou qui explique le comportement de ces jeunes. Il était donc inutile d’en faire
mention;
– le choix des
mots et la présentation biaisée de la nouvelle ont pour conséquence de
développer chez de nombreux lecteurs des «sentiments d’intolérance et de rejet
vis-à-vis de ces jeunes, et notamment des jeunes noirs…»;
– l’article, en
pointant ces jeunes Noirs, les accuse des méfaits dont il est question, alors
qu’aucune accusation n’a été portée contre eux et qu’aucune action judiciaire
n’a été entamée.
M. Philip estime
enfin que Le Journal de Montréal semble être passé «maître dans l’art de
dénigrer et d’alimenter des sentiments d’intolérance et de xénophobie à l’égard
de la Communauté Noire», et qu’il est grand temps que cette pratique cesse.
Commentaires du mis en cause
Conformément à
la procédure de traitement des plaintes, Le Journal de Montréal et le
journaliste Guy Roy ont été invités à commenter cette plainte. Aucune réponse
n’a été donnée aux deux invitations qui leur ont été faites à cette fin.
Analyse
La mention de l’identité ethnique n’est légitime que lorsque cela est pertinent, c’est-à-dire lorsqu’il y a rapport entre les événements rapportés et l’origine ethnique, ou que celle-ci a une incidence sur ces événements. De plus, la «signification raciale ou ethnique» des événements doit être clairement démontrée dans l’information qui est livrée au public. Omettre de le faire peut avoir pour conséquence d’entretenir ou de renforcer les préjugés et les attitudes discriminatoires à l’endroit des personnes ou des groupes mis en cause.
Dans le cas présent, le Conseil adresse un blâme au Journal de Montréal et au journaliste Guy Roy pour avoir mentionné l’origine ethnique des jeunes impliqués dans cet incident de vandalisme. Le Conseil considère que cette identification n’était pas pertinente dans le contexte de cette nouvelle, d’autant plus qu’aucun des faits rapportés ne vient soutenir un quelconque rapport entre l’appartenance ethnique de ces jeunes et l’événement en question.
Le Conseil déplore par ailleurs l’absence de collaboration du Journal de Montréal et de son journaliste dans ce dossier, lesquels n’ont donné aucune suite aux invitations du Conseil de répondre à cette plainte.
Analyse de la décision
- C18A Mention de l’appartenance
- C24A Manque de collaboration