Plaignant
M. Jacques
Martel
Mis en cause
Voir [Montréal],
M. Richard Martineau (rédacteur en chef) et M. Pierre Paquet
(président-éditeur)
Résumé de la plainte
Dans son
éditorial «The Marvelous Henderson», paru le 23 février 1993 dans Voir, M.
Richard Martineau fait preuve d’intolérance et de racisme à l’endroit du
nouveau chef du Parti Egalité, M. Keith Henderson, de son prédécesseur, M.
Robert Libman, de leurs partisans et des anglophones du Québec.
Faits
La plainte
concerne un éditorial de M. Richard Martineau titré: «The Marvelous Henderson»,
paru le 23 février 1993 dans l’hebdomadaire Voir sous la rubrique «Ondes de
choc». Cet éditorial expose une critique à l’encontre de la personnalité politique
Keith Henderson, chef du Parti Egalité.
Griefs du plaignant
Selon M. Jacques
Martel, MM. Richard Martineau et Pierre Paquet ont fait preuve de «jaunisme
idéologique, d’intolérance et de racisme à l’endroit du nouveau chef du Parti
Egalité, M. Keith Henderson, de son prédécesseur M. Robert Libman, des
électeurs anglophones de ce parti politique et de la Communauté anglophone du
Québec».
En effet, dans
son article, M. Martineau «s’attaque à la personne de M. Keith Henderson plutôt
qu’à ses idées» pour en faire «un sujet de moquerie collective plutôt que
d’exposer honnêtement les faits et de les commenter ensuite selon l’éthique
journalistique». D’ailleurs, le chroniqueur ne cite pas les propos qu’il
reproche à ces deux personnalités, et du même coup empêche ainsi le lecteur de
se faire une opinion éclairée.
A travers cette
attaque, ce sont tous les membres de la communauté anglophone qui sont
affectés, victimes d’intolérance et de racisme.
M. Richard
Martineau contribue donc «à empoisonner le débat politique au lieu de
l’enrichir».
C’est pourquoi,
M. Jacques Martel «demande instamment au Conseil de presse du Québec de blâmer
publiquement MM. Richard Martineau et Pierre Paquet de l’hebdomadaire Voir».
Commentaires du mis en cause
Pour M. Pierre Paquet,
président-éditeur de Voir, et M. Martineau, rédacteur en chef, il semble que
«c’est avant tout les propos tenus […] plutôt que la nature de ces propos»
qui ont déplu à M. Jacques Martel.
Les défendeurs
rappellent avant tout que l’article de M. Martineau étant un éditorial, il
«constitue essentiellement du journalisme d’opinion et que l’expression de ces
opinions est la manifestation de la liberté d’expression et de la liberté de
presse».
MM. Paquet et
Martineau estiment que «la latitude que s’est permise M. Martineau est tout à
fait dans les limites acceptables de l’éthique journalistique». Ils soulignent
que les politiciens «sont des personnalités publiques et, par le fait même,
s’exposent à la critique, même la plus virulente, des journalistes».
MM. Paquet et
Martineau font par ailleurs valoir que cet éditorial, selon les règles
journalistiques, demeure «dans les limites d’une critique du personnage
politique» et n’attaque en aucun moment la vie privée de M. Henderson.
Réplique du plaignant
M. Jacques
Martel confirme sa plainte; il n’entend rien ajouter de plus à la réponse des
défendeurs.
Analyse
L’éditorial constitue une tribune réservée à l’expression des tendances, des convictions et des points de vue. Ce genre s’apparente à du journalisme d’opinion et est une manifestation de la liberté d’expression et de la liberté de la presse. Il permet à leurs auteurs de s’exprimer dans un style qui leur est propre, même par le biais de l’humour et de la satire.
Dans le cas présent, le Conseil ne retient pas les griefs de M. Jacques Martel à l’encontre de l’hebdomadaire Voir et de son rédacteur en chef, M. Richard Martineau, au sujet de l’éditorial «The Marvelous Henderson». Ce dernier était en droit d’exprimer son opinion et son point de vue, même dans un style s’apparentant à la caricature, sur les propos tenus et les positions adoptées par les chefs des partis politiques mis en cause dans son texte.
Analyse de la décision
- C17E Attaques personnelles