Plaignant
Mme Gisèle
Ninio-Grynberg (journaliste)
Mis en cause
La Voix
Sépharade [Montréal]
Représentant du mis en cause
M. Judah Castiel
(rédacteur en chef, La Voix Sépharade [Montréal])
Résumé de la plainte
L’article «Dans
les coulisses du Festival», publié dans La Voix Sépharade de juin-juillet 1992,
constitue un repiquage d’un article signé par la plaignante dans l’édition de
juin 1990 du Canadian Jewish News, sous le titre «Regards indiscrets dans les
coulisses du Festival Sépharade de Montréal». La Voix Sépharade contrevient à
l’éthique journalistique en omettant de mentionner la source et le nom de
l’auteure de cet article. De plus, elle laisse écouler 9 mois avant de publier
un correctif.
Faits
La plainte
concerne un article non signé, intitulé «Dans les coulisses du Festival»,
publié dans La Voix Sépharade de juin-juillet 1992. Selon Mme Gisèle
Ninio-Grynberg, cet article est un repiquage d’un article qu’elle a signé en
juin 1990 dans le Canadian Jewish News, sous le titre «Regards indiscrets dans
les coulisses du Festival Sépharade de Montréal».
Griefs du plaignant
Pour Mme Gisèle
Ninio-Grynberg, La Voix Sépharade, en publiant tel quel un article paru plus
tôt dans le Canadian Jewish News, sans en mentionner la source ni l’auteure, a
lésé à la fois le journal qui a édité cet article, et auquel celui-ci était
initialement destiné, mais aussi l’auteure qui reste propriétaire de son
article. Par cette pratique, La Voix Sépharade a contrevenu à l’éthique la plus
élémentaire de la profession journalistique.
Mme
Ninio-Grynberg mentionne qu’elle a demandé à La Voix Sépharade, dans une lettre
datée du 22 juin 1992, de publier un rectificatif précisant sa signature, ainsi
que le versement d’un montant de 250$ pour ses droits d’auteur lésés.
Toutefois, neuf mois après cette démarche, aucune suite concrète n’a été donnée
à sa requête.
Commentaires du mis en cause
M. Judah
Castiel, rédacteur en chef de La Voix Sépharade, indique d’abord qu’il a fait
publier dans son journal, en date de mars 1993, «un rectificatif à l’effet que
l’article « Dans les coulisses du Festival » avait été rédigé par
Madame Grynberg».
M. Castiel
explique ensuite que ce rectificatif a été publié à la suite de la réponse du
Centre communautaire juif, auprès duquel il a vérifié l’origine de l’article
mis en cause, qui a reconnu avoir «omis de nous indiquer le nom de l’auteure»
de cet article.
Réplique du plaignant
Mme
Ninio-Grynberg exprime sa consternation devant le long délai de temps (9 mois)
écoulé avant que La Voix Sépharade publie une rectification. De ce fait,
l’erratum «perd pratiquement tout impact et crédibilité».
Par ailleurs, la
plaignante rappelle que sa plainte a été portée pour repiquage et non pour l’omission
de sa signature. Elle précise à ce sujet que l’article publié dans La Voix
Sépharade n’est pas une reproduction in extenso de son texte initial, mais un
texte qui a subi des modifications. Il s’agit donc ici de repiquage et non de
plagiat.
Or, le
rectificatif publié indique qu’elle est l’auteure du texte modifié plutôt qu’il
ne mentionne la source. De ce fait, La Voix Sépharade lui fait endosser le
contenu in extenso de ce texte «trafiqué». Mme Ninio-Grynberg ne se
reconnaissant pas comme étant l’auteure de celui-ci s’estime donc «victime d’un
scandaleux repiquage». C’est pourquoi elle maintient non seulement sa plainte,
mais en dépose une deuxième «pour usage abusif de (sa) signature».
Analyse
L’information publiée dans les médias est du domaine public et n’importe qui peut s’y référer, en rapportant la substance ou la citer. Cependant, le fait qu’une information soit diffusée dans un média ne justifie pas un autre média de la copier impunément sans en mentionner la source ou sans l’autorisation de l’auteur. Le fait d’effectuer des modifications à un texte original ne permet pas non plus de se l’attitrer. Non seulement la loi sur les droits d’auteur (SRC 1970, chap. C-30) le réprouve, mais c’est là aussi une question d’éthique professionnelle.
Dans le cas présent, le Conseil constate que des modifications ont effectivement été apportées au texte initial de Mme Ninio-Grynberg lors de sa publication dans La Voix Sépharade. Bien qu’un correctif ait été publié neuf mois plus tard, le Conseil de Presse reproche au journal La Voix Sépharade de ne pas avoir rectifié rapidement l’erreur une fois qu’il en a été informé.
Pour ce qui est de la deuxième plainte déposée par Mme Ninio-Grynberg pour «abus de (sa) signature», le Conseil de Presse ne retient pas les griefs exposés à cet égard, compte tenu du fait que la plaignante a demandé, dans sa lettre du 22 juin 1992 adressée à La Voix Sépharade, «que (sa) signature soit précisée».
Analyse de la décision
- C04C Identification de l’auteur
- C19B Rectification insatisfaisante
- C23G Plagiat/repiquage