Plaignant
Mme Sophie
Rolland (musicienne) et La Guilde des musiciens du Québec
Représentant du plaignant
M. François
Lanthier (avocat) et Mme Gisèle Fréchette (présidente, Guilde des musiciens du
Québec)
Mis en cause
La Presse
[Montréal] et M. Claude Gingras (critique)
Résumé de la plainte
Le 24 novembre
1993, La Presse fait paraître, sous le titre «Sophie Rolland : Pénible», un
texte injurieux et diffamatoire du critique Claude Gingras. Ce dernier attaque
toute la carrière professionnelle de la musicienne concernée.
Faits
La plainte,
porte sur un article écrit par M. Claude Gingras et publié dans le quotidien La
Presse du 24 novembre 1993, en page B8. L’article est intitulé: «Sophie
Rolland: pénible». Il a été publié dans le suivi d’un récital de violoncelle
donné par Mme Rolland, le 23 novembre 1994.
Griefs du plaignant
Le plaignant, Me
François Lanthier, avocat, soumet au nom de Mme Sophie Rolland, que M. Claude
Gingras «vise et attaque toute la carrière professionnelle» de Mme Rolland en
écrivant que «Sophie Rolland devrait renoncer une fois pour toutes à jouer du
violoncelle en public».
Le plaignant
écrit que l’article de M. Gingras est injurieux et diffamatoire, que les
expressions et qualificatifs utilisés par le journaliste visent à faire de Mme
Rolland un objet de mépris et de dérision.
Le plaignant
transmet aussi au Conseil de presse une copie d’une lettre adressée le 18
février 1994 à La Presse Ltée, dans laquelle il indique qu’il a le mandat
notamment d’intenter contre La Presse Ltée et l’auteur de l’article une action
en diffamation.
Le plaignant
semble souhaiter que le Conseil amène le défendeur à se rétracter et à
présenter des excuses claires et sans équivoque pour avoir nui à l’honneur et à
la réputation de Mme Sophie Rolland.
La Guilde des
musiciens du Québec, dans une lettre en date du 22 avril 1994, indique que Me
François Lanthier a aussi été mandaté par La Guilde pour déposer une plainte au
Conseil concernant l’article de M. Gingras.
Commentaires du mis en cause
M. Claude
Gingras, dans une note transmise au Conseil de presse le 15 août 1994, indique
qu’il n’a aucun commentaire à faire à l’égard du sujet en litige, et qu’il
n’entend rien ajouter aux articles faits. La direction de La Presse n’a pas
présenté de commentaire.
Analyse
De l’avis du Conseil de presse, la critique est un genre journalistique qui tient autant de l’éditorial et du commentaire que du reportage d’information; ce genre laisse à l’auteur une grande latitude dans l’expression de ses points de vue et jugements, et ce dans le style qui lui est propre, même par le biais de la satire.
Par ailleurs, le Conseil est d’avis que le critique ne saurait se soustraire aux exigences de rigueur et d’exactitude; il doit présenter en premier lieu les événements de façon factuelle avant d’en faire la critique, cela pour que le public puisse se former une opinion en toute connaissance de cause.
Les membres du tribunal d’honneur du Conseil constatent, à la lecture de l’article de M. Claude Gingras, qu’il n’a pas aimé l’interprétation de l’artiste, et cela il le signale clairement. Bien que ce soit un rôle important du critique de dire au public ce qu’il a aimé ou pas, le Conseil se demande par ailleurs s’il était nécessaire d’ajouter certains commentaires comme: «la pauvre fille», et «ceci est un journal de famille».
Le Conseil est toutefois d’avis qu’on ne peut reprocher au critique d’avoir l’opinion qu’il a. Aussi le Conseil rejette-t-il la plainte.
Le Conseil considère qu’un critique doit informer le public et qu’il peut le faire convenablement en exprimant ses préférences ou ses aversions. Ce faisant, il s’expose évidemment lui-même au jugement du public, qui peut le suivre ou non dans ses prononcés.
Analyse de la décision
- C01A Expression d’opinion