Plaignant
M. Claude Jacob
Mis en cause
CBFT-TV [SRC,
Montréal] et M. Simon Durivage (animateur)
Représentant du mis en cause
M. Claude
Saint-Laurent (directeur général des programmes (Information Télévision),
Société Radio-Canada [Montréal]) et M. Mario Cardinal (ombudsman, Société
Radio-Canada [Montréal])
Résumé de la plainte
Le 20 janvier 1994,
à l’émission «Montréal ce soir» diffusée par la Société Radio-Canada,
l’animateur Simon Durivage réalise une entrevue avec M. Paul Dupont-Hébert,
chef du service des émissions de variétés, au sujet de la controverse entourant
la formulation de certaines questions posées dans le cadre de l’émission «Tous
pour un» du 13 janvier 1994. Cette entrevue ne fait pas ressortir certaines
erreurs dans des préambules et des questions alors que celles-ci sont
identifiées dans un reportage précédent. De plus, la Société Radio-Canada
n’accorde aucun suivi à cette affaire, même si M. Dupont-Hébert a affirmé
devoir faire certaines vérifications.
Faits
La plainte porte
sur une entrevue menée par M. Simon Durivage à l’émission Montréal ce soir du
20 janvier 1994. M. Durivage y interviewe M. Paul Dupont-Hébert, chef du
service des émissions de variétés de Radio-Canada, au sujet de la controverse
ayant entouré la formulation de certaines questions lors de l’émission Tous
pour un du 13 janvier 1994 sur la chanson québécoise.
Quelques minutes
avant la diffusion de cette entrevue, un reportage présentait les critiques du
concurrent de cette émission Tous pour un et de l’auteur d’une biographie de La
Bolduc. Tous deux relevaient des erreurs dans certains préambules et certaines
questions posées lors de l’émission.
Griefs du plaignant
M. Claude Jacob
reproche le traitement qui a été accordé à cette affaire lors de l’entrevue de
M. Simon Durivage. Il considère qu’il n’est pas ressorti de l’entrevue qu’il y
a eu des erreurs lors de l’émission Tous pour un du 13 janvier.
M. Jacob estime
que M. Durivage et M. Dupont-Hébert n’ont pas abordé l’essentiel du problème
malgré qu’ils en aient discuté longuement. Il ajoute que M. Durivage a posé de bonnes
questions, mais sans jamais mettre en doute les réponses de M. Dupont-Hébert,
lesquelles étaient pour le moins discutables. Aussi, Montréal ce soir a-t-il
«très brillamment, mais malhonnêtement noyé le poisson» et, surtout, que
l’heure juste sur cette affaire n’a pas été donnée aux téléspectateurs.
M. Jacob
reproche également à Montréal ce soir de n’avoir diffusé aucun suivi sur cette
affaire. Compte tenu que Montréal ce soir a porté cette controverse à
l’attention du public et que M. Dupont-Hébert a indiqué lors de l’entrevue
qu’il y avait des vérifications à effectuer, M. Jacob estime qu’une mise au
point aurait dû être diffusée dans une émission subséquente pour faire
connaître les résultats de ces vérifications et rendre justice à l’information.
Commentaires du mis en cause
En réponse à
cette plainte, M. Claude Saint-Laurent, directeur général des programmes
(Information Télévision), transmet la décision de l’ombudsman de Radio-Canada à
la plainte que M. Jacob avait déposée préalablement auprès de la Société
Radio-Canada.
Dans cette
décision, l’ombudsman de Radio-Canada, M. Mario Cardinal, précise d’abord que
la démarche journalistique de M. Durivage poursuivait un double objectif:
«obtenir une réponse à la question que se pose sûrement le public à propos des
droits de M. Therrien en sa qualité de concurrent (de l’émission Tous pour un
du 13 janvier 1994) mais aussi obtenir des éclaircissements sur les erreurs»
que ce dernier et l’auteur d’une biographie sur La Bolduc ont relevées au cours
de cette émission.
M. Cardinal
indique que c’est dans cette perspective que M. Durivage a interviewé M.
Dupont-Hébert. Il rappelle que M. Durivage a interrogé son interlocuteur sur
les erreurs elles-mêmes, le problème de la rigueur des recherchistes de Tous
pour un, l’importance des préambules dans une telle émission, pour revenir sur
un des éléments controversés et d’autres difficultés rencontrées lors de
l’émission du 13 janvier.
M. Cardinal
rejette l’accusation de M. Jacob selon laquelle Montréal ce soir a «participé à
une opération camouflage pour essayer de sauver Tous pour un du ridicule». Il
considère que Montréal ce soir, en présentant les critiques du concurrent de
l’émission et d’un biographe dans un reportage diffusé avant l’entrevue, a fait
ce qu’elle devait faire pour que l’ensemble de l’information sur cette
controverse soit exacte, honnête et équitable.
Il considère
également que lors de l’entrevue, M. Durivage a bien rempli son rôle en
cherchant à obtenir de son invité, M. Dupont-Hébert, l’information la plus
complète possible, et qu’aucune de ses questions n’était obligeante.
Analyse
Dans le cas présent, le Conseil de presse ne relève pas de manquement dans la façon dont l’information a été traitée dans son ensemble à l’émission Montréal ce soir du 20 janvier 1994 relativement aux erreurs qui se seraient glissées au cours de l’émission Tous pour un du 13 janvier 1994.
Montréal ce soir a d’abord présenté un reportage au cours duquel le concurrent de l’émission et un biographe de La Bolduc ont exprimé leurs critiques, suivi d’une entrevue en direct au cours de laquelle M. Simon Durivage a interrogé M. Paul Dupont-Hébert, le responsable du service des émissions de variétés de Radio-Canada, sur ce qui s’est passé lors de cette émission Tous pour un.
Dans le cas de l’entrevue, l’objet de la présente plainte, le Conseil ne retient pas les griefs de M. Claude Jacob. De par la nature même d’une entrevue en direct, M. Durivage ne pouvait ni prévoir ni contrôler les réponses de M. Dupont-Hébert. Quant aux questions que M. Durivage a posées à son interlocuteur, le visionnement de l’entrevue permet de constater qu’il a interrogé ce dernier sur plusieurs aspects pertinents de cette controverse: les erreurs relevées par le concurrent de l’émission et un biographe de La Bolduc, que ce soit dans les préambules ou les questions; les effets de ces erreurs sur le concurrent de l’émission; la rigueur de la recherche préparatoire à l’émission Tous pour un; les difficultés rencontrées au cours de l’émission, notamment lors de l’appel à tous; etc.
Ceci dit, cependant, dans la mesure où M. Dupont-Hébert a indiqué lors de cette entrevue qu’il restait des vérifications à faire, le Conseil considère qu’il aurait été souhaitable que Montréal ce soir, qui a jugé d’intérêt public de diffuser un reportage et une entrevue sur cette controverse, accorde un suivi afin d’informer les auditeurs de l’aboutissement de cette affaire.
Analyse de la décision
- C02C Accorder un suivi à une affaire
- C13C Manque de distance critique
Date de l’appel
28 February 1997
Appelant
M. Claude Jacob
Décision en appel
Après examen, la
commission d’appel a conclu au maintien de la décision du tribunal d’honneur.
Griefs pour l’appel
M. Claude Jacob
a interjeté appel de cette décision.