Plaignant
Front
patriotique Rwandais [FPR]
Représentant du plaignant
M. John
Nkongoli (représentant, Front patriotique Rwandais [FPR])
Mis en cause
Le Soleil
[Québec] et Mme Monique Giguère (journaliste)
Représentant du mis en cause
M.
J.-Jacques Samson (éditorialiste en chef et adjoint à
l’éditeur, Le Soleil [Québec])
Résumé de la plainte
L’article «Rwandais
de Québec : Un non à Paris», publié dans l’édition du 22 juin 1994 du Soleil,
comporte une inexactitude puisque le communiqué dont il traite s’adresse à tous
les Rwandais de l’intérieur et de l’extérieur du pays, et non seulement aux
deux millions de Tutsis à l’étranger comme le laisse entendre la journaliste
Monique Giguère. Le Soleil refuse de corriger cette
information ou de publier le communiqué en question.
Faits
La plainte
concerne un article publié le 22 juin 1994 dans le quotidien Le Soleil sous la
signature de Mme Monique Giguère. L’article, titré
«Rwandais de Québec : Un non à Paris», porte sur l’opposition de la diaspora
rwandaise de Québec à une intervention militaire de la France au Rwanda.
Griefs du plaignant
M. John
Nkongoli, représentant du Front patriotique rwandais (FRP),
reproche une inexactitude dans le passage suivant de l’article: «Un membre de
l’Association des immigrants rwandais du Québec (AIRQ), Emmanuel
Twagirimana, a remis, hier, au SOLEIL, le communiqué du
bureau politique du FRP dans lequel le Dr Jacques Bihozagara
exhorte les deux millions de Tutsis à l’étranger à « tenir en échec le plan
de trahison de la France qui vole au secours des bourreaux aux abois »».
M.
Nkongoli indique que le communiqué émis de Bruxelles en
Belgique par le Front patriotique rwandais s’adresse à tous les Rwandais de
l’intérieur et de l’extérieur du pays et non seulement aux deux millions de
Tutsis à l’étranger.
Devant la
controverse que l’article de Mme Giguère aurait
suscité auprès des lecteurs intéressés par la question rwandaise, et afin de
lever l’équivoque concernant cet élément de l’article dans l’esprit des
lecteurs, M. Nkongoli a demandé au Soleil de corriger
cette information et de publier le communiqué émis par le Front patriotique à
Bruxelles. Le quotidien Le Soleil a toutefois refusé.
Commentaires du mis en cause
M.
J.-Jacques Samson, éditorialiste en chef et adjoint à
l’éditeur du Soleil, considère injustifiée la demande de rétractation de M.
Nkongoli pour les raisons suivantes:
– le premier
paragraphe de l’article parle de la diaspora rwandaise de Québec sans
distinguer Tutsis et Hutus;
– seul le
passage «tenir en échec le plan de trahison de la France qui vole au secours
des bourreaux aux abois» est cité entre guillemets, ce qui n’est pas le cas
avec le passage «les deux millions de Tutsis à l’étranger»;
– la journaliste
Monique Giguère a cru indifférent de parler de
«Rwandais à l’étranger» ou de «deux millions de Tutsis à l’étranger» par souci
de chiffrer cette diaspora pour le bénéfice des lecteurs, laquelle est
majoritairement tutsie, tel que cela a été mentionné à plusieurs reprises par
des représentants de la communauté rwandaise de Québec;
– Le Soleil
n’estime pas avoir induit le public en erreur ni avoir manqué d’éthique
professionnelle considérant la masse d’informations que le journal a publiées
depuis le début de la guerre au Rwanda et l’appel à la mobilisation générale
lancé par le FRP contre l’intervention française dans ce pays.
Réplique du plaignant
M. John
Nkongoli réplique que l’information du Soleil était
incomplète, car elle n’indique pas que le communiqué du FRP s’adressait à tous
les Rwandais de l’intérieur et de l’extérieur du pays et non seulement à la
diaspora.
Analyse
Le Conseil de presse constate que l’article en litige indique que le communiqué du bureau politique du Front patriotique rwandais exhorte les deux millions de Tutsis à l’étranger à tenir en échec le plan d’intervention de la France. Or, le communiqué du FRP ne comporte aucune phrase pouvant signifier que le Front patriotique rwandais exhortait uniquement les deux millions de Tutsis à l’étranger. Le communiqué faisait plutôt appel à tous les Rwandais et Rwandaises de l’intérieur du pays et de la diaspora, ainsi qu’à la communauté internationale.
Le Conseil déplore cette omission de la journaliste Monique Giguère et du journal Le Soleil. Les précisions que le plaignant a demandé au journal de publier quatre jours après la parution de l’article auraient dû, de l’avis du Conseil, être portées à l’attention des lecteurs.
Analyse de la décision
- C11D Propos/texte mal cités/attribués
- C19A Absence/refus de rectification