Plaignant
M. Gérald Daoust
Mis en cause
Le Saint-François
[Valleyfield] et M. Denis Bourbonnais (journaliste)
Résumé de la plainte
Dans son article
«Adolescent blessé par un train», publié dans l’édition du 20 décembre 1994 de
l’Hebdomadaire Le Saint-François, le journaliste Denis Bourbonnais porte
préjudice à la victime de cet accident en rapportant son nom, son âge et son
supposé état d’ébriété.
Faits
Le 20 décembre
1994, l’hebdomadaire Le Saint-François de Valleyfield publiait un article
intitulé: «Adolescent blessé par un train». L’article faisait état d’un
accident impliquant un adolescent qui a été happé par un train; le journaliste
Denis Bourbonnais écrivait que l’accidenté était alors sous l’effet de l’alcool
et qu’il se serait affaissé non loin des rails, à Valleyfield, le soir, vers 22
h 50, le vendredi précédent.
Griefs du plaignant
Le père de
l’accidenté, M. Gérald Daoust, reproche au journaliste d’avoir mentionné le nom
de son fils, son âge et son supposé état d’ébriété. Il considère que l’article
cause préjudice à son fils et que le nom de ce dernier n’aurait jamais dû être
mentionné. Il dit craindre que cela n’entache son avenir.
Commentaires du mis en cause
Le journaliste
Denis Bourbonnais soutient que son journal a mentionné le nom du fils du
plaignant, étant donné que l’adolescent n’a pas commis de crime et qu’il ne
peut être incriminé en rapport avec l’accident survenu le 18 décembre 1994. Il
indique que le service de la sécurité publique de Valleyfield a fourni le nom
de l’adolescent, procédure, dit-il, qui n’est pas permise dans les cas où un
mineur a commis un acte criminel.
Selon lui, la
parution de l’article en cause n’est pas de nature à entacher l’avenir de
l’adolescent.
Réplique du plaignant
Le plaignant se
dit non satisfait de la réponse du journaliste. Il considère, en rapport avec
la révélation par l’hebdo du nom de son fils, qu’il appartient au journaliste
de faire le tri de ce qu’il doit écrire ou pas, en fonction de règles
d’éthique, et non à la police. Il ajoute que les enseignants qui connaissent
son fils et d’autres personnes qui ne le connaissent pas lui ont fait savoir
qu’ils trouvent dommageable pour son fils la façon dont l’accident a été traité
par le journaliste. Il se demande si M. Bourbonnais aurait écrit son article de
la même façon s’il y avait été question de son fils à lui ou du fils d’une
connaissance.
Analyse
De l’avis du Conseil de presse, la plainte pose un problème d’éthique qui se présente fréquemment pour les journalistes qui couvrent les faits divers. Même si la loi n’interdit pas la pratique, le Conseil estime qu’il est préférable qu’on ne nomme pas un mineur impliqué dans une situation pouvant influer négativement sur lui, ou lui causer du tort.
Le Conseil considère que les drames humains impliquant des mineurs doivent être traités avec prudence et discernement, et que les journalistes et les médias doivent soupeser l’intérêt public en regard des intérêts des jeunes concernés, notamment pour évaluer si l’intérêt public est tel qu’il surpasse les inconvénients et les répercussions négatives pouvant découler de l’identification des enfants.
Analyse de la décision
- C16B Divulgation de l’identité/photo