Plaignant
M. Georges
Francoeur
Mis en cause
La Presse
[Montréal] et M. Pierre Gravel (éditorialiste)
Représentant du mis en cause
M. Alain Dubuc
(éditorialiste en chef, La Presse [Montréal])
Résumé de la plainte
L’éditorial «La
vie, à mort!», paru sous la signature de M. Pierre Gravel dans l’édition du 10
novembre 1994 de La Presse, dénonce la violence utilisée pour lutter contre
l’avortement en attaquant de manière injuste les personnes qui défendent la vie
humaine. La Presse ne publie aucune excuse à la suite de cet éditorial, malgré
les deux demandes formulées par le plaignant.
Faits
La plainte
concerne un éditorial de M. Pierre Gravel paru le 10 novembre 1994 dans le
quotidien La Presse. Cet éditorial, titré «La vie, à mort!», dénonce la
violence utilisée par des personnes se réclamant des mouvements pro-vie comme
moyen pour lutter contre l’avortement. Cet éditorial s’inscrit dans la foulée
de l’attentat survenu l’automne dernier contre un médecin de Vancouver qui
pratique l’avortement.
Griefs du plaignant
M. Georges
Francoeur reproche à M. Pierre Gravel d’avoir injustement attaqué les personnes
qui défendent la vie humaine dans son éditorial. Il reproche également à La
Presse de ne pas avoir publié des excuses à cet égard par suite des deux
demandes qu’il a adressées à cette fin à M. Gravel.
Commentaires du mis en cause
M. Alain Dubuc,
éditorialiste en chef, considère cette plainte non fondée. Il indique que l’éditorial
de M. Gravel repose sur des faits vérifiés, «à savoir les meurtres et les
tentatives de meurtre contre le personnel de cliniques d’avortement, commis par
des gens qui se réclament des mouvements pro-vie. C’est là un phénomène de
société amplement documenté qui nous dispensait de fournir les preuves que
réclame M. Francoeur».
Il signale
également que le texte de M. Gravel comportait des éléments de nature
éditoriale qui reprenaient la position du journal La Presse en faveur de
l’avortement et sa critique des excès de certains organismes militants qui
s’opposent à l’avortement.
Enfin, M. Dubuc
fait valoir que le point de vue exprimé dans cet éditorial respecte les normes
et les critères du journalisme d’opinion. Partant, La Presse n’avait pas à s’excuser
d’avoir exprimé ces opinions même si celles-ci pouvaient blesser certaines
personnes. Il ajoute par ailleurs que ce n’est pas par le biais d’excuses qu’un
débat public peut s’articuler autour d’une telle question.
Analyse
L’éditorial, contrairement à la nouvelle ou au reportage, constitue du journalisme d’opinion. L’éditorialiste peut donc, à l’intérieur des limites de l’éthique journalistique, prendre position, exprimer ses critiques et faire valoir ses points de vue sur les questions et les événements de son choix.
Dans le cadre d’un éditorial, M. Pierre Gravel était donc en droit d’exprimer son point de vue et ses critiques à l’endroit des personnes qui utilisent la violence (meurtre et tentatives de meurtre) comme moyen pour lutter contre l’avortement, et de dénoncer les excès et le non-respect des lois et de la liberté de chacun dans le débat de société sur la question de l’avortement. Partant, le journal La Presse n’avait pas à publier des excuses pour avoir soutenu ce point de vue en éditorial.
Le Conseil de presse ne retient donc pas la plainte de M. Georges Francoeur quant au contenu de l’éditorial et au refus de La Presse de publier des excuses.
Analyse de la décision
- C01A Expression d’opinion
- C19A Absence/refus de rectification