Plaignant
La Communauté
Sépharade du Québec
Représentant du plaignant
M. Joseph Gabay (président,
Communauté Sépharade du Québec)
Mis en cause
La Tribune juive
[Montréal] et Mme Ghila B. Sroka (éditrice)
Résumé de la plainte
L’édition
d’avril 1995 de la Tribune Juive, parue sous le titre «Où va la communauté
juive?», s’engage dans une attaque en règle contre la plaignante, en faisant
preuve de partialité à son endroit et en négligeant de présenter ses positions.
L’éditrice de ce magazine, Mme Ghila B. Sroka, signe un court texte intitulé
«Le problème de la C.S.Q.: le népotisme», dans lequel elle attaque
personnellement des bénévoles et des membres de la plaignante.
Faits
La plainte
concerne l’édition d’avril 1995 du magazine Tribune Juive titré en page
couverture: «Où va la communauté juive?».
Griefs du plaignant
M. Joseph Gabay,
président de la Communauté Sépharade du Québec, reproche à Mme Ghila B. Sroka,
éditrice, de se livrer à travers ses écrits et ses choix d’articles, à une
attaque en règle contre la Communauté Sépharade du Québec, ses institutions
affiliées et ses membres.
Il dénonce le
manque d’objectivité dans le traitement de l’information, précisant que l’on ne
retrouve nulle part «l’autre côté de la médaille» tel qu’une entrevue ou un
article énonçant la position de la Communauté Sépharade du Québec sur certaines
des positions émises dans ce numéro.
M. Gabay s’en
prend à un court texte de Mme Sroka, titré «Le problème de la C.S.Q.: le
népotisme», dans lequel elle attaque personnellement des bénévoles et des
membres de la Communauté Sépharade du Québec en les accusant de népotisme.
Selon le
plaignant, Mme Sroka s’attaque à une importante tranche de la population
sépharade en affirmant «il faut vraiment haïr ses enfants pour les envoyer à
l’Ecole Maïmonide». Selon lui, il s’agit d’un jugement de valeur qui ne
s’appuie sur aucun fait réel puisqu’elle n’a jamais fréquenté l’école et n’a
pas été impliquée au sein de sa structure.
M. Gabay termine
en affirmant que la Communauté Sépharade du Québec revendique le respect de la liberté
de la presse qui «demeure une institution garante de nos valeurs démocratiques
et du droit du public à une information juste et équitable».
Commentaires du mis en cause
Le 28 juillet
1995, Mme Ghila B. Sroka, éditrice et journaliste, réplique «aux accusations
fallacieuses» de M. Gabay.
Tout d’abord,
elle remet en cause la représentativité de la Communauté Sépharade du Québec,
qui ne représenterait qu’elle-même. Elle estime que son président a déposé
plainte auprès du Conseil uniquement parce qu’il redoute la publication de
certaines informations.
En ce qui
concerne les reproches qui lui ont été faits, Mme Sroka considère qu’elle a
fait usage de sa discrétion rédactionnelle en décidant de ne pas donner la
parole à la Communauté Sépharade du Québec. Elle maintient que la Communauté
est victime du népotisme de ses dirigeants. Elle maintient également ses
accusations contre l’école Maïmonide.
Mme Sroka
conclut en affirmant «qu’il n’y a absolument rien d’offensant ou de
diffamatoire» dans le Vol. 12 No 5 de la Tribune Juive, «à moins que l’on
s’entende maintenant pour dire que la VERITE EST DIFFAMATOIRE».
Réplique du plaignant
Le 29 août, M.
Gabay réplique à Mme Sroka qu’elle ne répond à aucune de ses accusations et
qu’elle se contente «d’intensifier son déferlement venimeux sur la Communauté
et ses dirigeants.»
Il ajoute que
Mme Sroka ne connaît pas la Communauté Sépharade. Il lui reproche le traitement
partial et partiel de l’information en faisant des choix de titres et de paragraphes
qui n’ont comme seul but: SALISSAGE. «Après le manque d’objectivité et
d’impartialité dans le choix des titres», le plaignant reproche l’absence d’un
point de vue des officiels de la Communauté, ce à quoi Mme Sroka répond «Je ne
donne pas la parole aux fascistes.»
Il estime que
«la réponse de la Tribune Juive vient en fait renforcer notre plainte, le style
et le contenu de cette NON-REPONSE, SES CONTRADICTIONS INTERNES, constituent un
plaidoyer « es qualité » pour qu’un blâme non équivoque soit prononcé à
l’encontre de la revue.»
M. Gabay joint à
son courrier des lettres de personnes interviewées par Mme Sroka, qui
regrettent, en raison des articles publiés, d’avoir porté préjudice à leur insu
à la Communauté.
Analyse
Le Conseil de presse rejette la plainte de M. Joseph Gabay à l’encontre de Mme Ghila B. Sroka et la Tribune Juive.
Le Conseil de presse considère que la Tribune Juive a une vocation distincte de celle d’un journal d’information conventionnel. C’est un journal engagé, qui publie une information orientée par la thèse qu’il entend défendre.
Le Conseil de presse a conscience que certains critères éthiques qu’il utilise communément dans le cadre du journalisme conventionnel ne s’appliquent plus.
Le lecteur connaît la particularité du contrat qui le lie implicitement au journaliste de ce type de publication: il sait qu’il ne doit pas en attendre une information objective et équilibrée.
Analyse de la décision
- C17A Diffamation
Date de l’appel
22 April 1997
Appelant
La Communauté
Sépharade du Québec
Décision en appel
Après examen, la
commission maintient la décision de première instance, tenant compte du fait
que La Tribune juive tient plus de l’organe d’opinion que du média
d’information proprement dit.
Griefs pour l’appel
La Communauté
Sépharade du Québec a interjeté appel de cette décision.