Plaignant
M. Marc-André
Bouliane (coroner)
Mis en cause
Le Journal de
Québec, Mme Vicky Bernard et M. Daniel Paquet (journalistes)
Représentant du mis en cause
M. Serge Côté
(rédacteur en chef, Le Journal de Québec)
Résumé de la plainte
Le 28 juin 1995,
Le Journal de Québec porte atteinte à la réputation et à la vie privée du
plaignant en rapportant des informations erronées à son sujet dans des articles
intitulés «Sous enquête», «La compagnie du coroner Bouliane voulait vendre des
autobus au Salvador» et «Je suis écoeuré qu’on se mêle de ma vie privée». Ces
articles tentent de démontrer que le plaignant se trouve en situation de
conflit d’intérêts.
Faits
M. Marc-André
Bouliane porte plainte auprès du Conseil de presse, contre Le Journal de
Québec, après la publication de «fausses informations», préjudiciables à sa
réputation et portant atteinte à sa vie privée.
Griefs du plaignant
M. Bouliane se
plaint d’articles publiés dans Le Journal de Québec du 28 juin 1995, voulant
démontrer l’existence d’un conflit d’intérêts dans les affaires de ce coroner.
Ces articles sont titrés: «Sous enquête», «La compagnie du coroner Bouliane
voulait vendre des autobus au Salvador» et «Je suis écoeuré qu’on se mêle de ma
vie privée».
M. Bouliane
affirme que les articles publiés par ce quotidien «sont truffés de mensonges et
le traitement (de l’information) par les employés du Journal de Québec révèle
une mauvaise foi évidente». Il ajoute que les deux prospecteurs de liens
économiques avec le Salvador, Gustavo Colocho et Clément Gendron, ont rapporté
au Journal de Québec des informations qui, en plus de le diffamer, ont été
dénoncées «par des personnes crédibles du gouvernement fédéral» avant leur
publication.
Commentaires du mis en cause
M. Serge Côté,
rédacteur en chef, répond de ces accusations le 26 juillet. Il note que M.
Bouliane ne précise pas quelles informations lui paraissent mensongères. De plus,
le fait de mettre en doute le témoignage des deux individus relève d’un
jugement de valeur.
Le journal
estime qu’il a donné la parole à tous les intervenants et n’a donc dissimulé
aucun fait. M. Bouliane a eu, lui aussi, la possibilité de s’exprimer dans les
colonnes du Journal de Québec.
Réplique du plaignant
Le 22 août, M.
Bouliane réplique que Le Journal de Québec a, en vertu de l’article 35 du Code
Civil, porté atteinte à sa vie privée. Le traitement de l’information est d’une
mauvaise foi évidente, eu égard aux intitulés des articles. Il ajoute que les
informations fournies par les deux individus, messieurs Colocho et Gendron,
sont fausses et qu’elles ont été publiées en connaissance de cause. M. Bouliane
termine en affirmant que «là où commence la vie privée et la réputation d’une
personne, s’arrête la liberté de la presse».
Analyse
Le Conseil de presse décide de rejeter la plainte de M. Marc-André Bouliane à l’encontre du Journal de Québec pour la publication de fausses informations, préjudiciables à la personne mise en cause et portant atteinte à sa vie privée.
L’attention que décide de porter un organe d’information sur un événement relève de son jugement rédactionnel. Son choix doit en revanche être toujours fonction du degré d’intérêt public de la nouvelle. Dans le cas présent, il apparaît au Conseil que l’information publiée était d’intérêt public puisqu’elle rendait compte de l’existence d’une enquête visant une personnalité publique, le coroner Marc-André Bouliane.
Le Conseil de presse considère que les médias doivent publier une information précise, juste et équitable. Dans le cas présent, toutes les parties ont eu la possibilité de s’exprimer, le même jour, dans les colonnes du Journal de Québec. Les journalistes ont fait un compte rendu des informations qu’ils avaient en leur possession, sous la forme qu’ils ont choisie et sur laquelle le Conseil ne peut s’exprimer sous peine de restreindre leur liberté d’expression.
De plus, le choix des titres relève exclusivement de la discrétion de l’éditeur. Le Conseil veille à ce que les intitulés reflètent le contenu de l’article et qu’ils ne déforment pas la réalité par leur sensationnalisme. Le Conseil de presse constate que Le Journal de Québec a respecté ces règles.
En conclusion, le Conseil de presse rejette la plainte de M. Marc-André Bouliane à l’encontre du Journal de Québec, considérant que les journalistes Vicky Bernard et Daniel Paquet n’ont violé aucune règle d’éthique dans le traitement de cette information.
Analyse de la décision
- C11F Titre/présentation de l’information
- C12C Absence d’une version des faits
- C17A Diffamation