Plaignant
La Ville de
Châteauguay
Représentant du plaignant
Mme Maria Vieira
(responsable du Service de l’information et de la promotion, Ville de
Châteauguay)
Mis en cause
CKAC-AM
[Radiomédia, Montréal] et M. Gilles Proulx (animateur)
Représentant du mis en cause
M. Raynald Brière
(directeur général, Radiomédia)
Résumé de la plainte
L’animateur
Gilles Proulx adopte un langage injurieux envers des Québécois, des
Anglo-saxons et des Amérindiens dans le cadre de l’émission «Le Journal du
Midi» des 3, 4 et 5 juillet 1995, et de l’émission «Bonjour Montréal» du 5
juillet, diffusés sur les ondes de CKAC. Dans certains cas, l’animateur a pu
inciter son auditoire à la violence.
Faits
Mme Maria
Vieira, au nom de la Ville de Châteauguay, reproche à l’animateur, M. Gilles
Proulx, et à la radio CKAC d’avoir abusé de leur discrétion rédactionnelle, en
diffusant une information partiale, injurieuse, incitant à la violence et à la
haine raciale, dans les émissions «Le Journal du Midi» des 3, 4 et 5 juillet
1995, et dans l’émission «Bonjour Montréal» du 5 juillet 1995.
Griefs du plaignant
Le 28 juillet
1995, Mme Maria Vieira, responsable du Service de l’information et de la
promotion de la ville de Châteauguay, dépose plainte auprès du Conseil de
presse au nom de la municipalité.
La plaignante
estime que «l’usage des ondes s’est fait sans aucun respect des individus ne
partageant pas l’avis de l’animateur». «Dans certains cas, il pouvait même y
avoir incitation de l’auditoire à la violence». L’animateur Gilles Proulx
aurait eu «des propos offensants et [tenu] un langage injurieux envers des
Québécois, des Anglo-saxons et des Amérindiens», tout en citant de fausses
informations.
En conclusion,
Mme Maria Vieira affirme que les extraits de l’émission qu’elle a transmis au
Conseil de presse «ne servent aucunement le public dans son droit à
l’information».
Commentaires du mis en cause
Le Conseil de
presse n’a reçu aucune réponse de la part de M. Gilles Proulx et de la station
de radio CKAC.
Le 19 septembre
1995, M. Raynald Brière, directeur général de Radiomédia, répond aux griefs
retenus par Mme Vieira à l’encontre de M. Proulx et de CKAC.
Les extraits
choisis par la plaignante ne seraient pas représentatifs du contenu de
l’émission. En effet, des opinions variées y ont été exprimées permettant de
présenter une information équitable et équilibrée.
Les commentaires
de M. Proulx «étaient véridiques, conformes aux règles établies et à la jurisprudence
arrêtée par les tribunaux québécois, notamment en ce qui regarde la caricature
verbale à l’égard des personnes publiques, à la vie privée, au respect des
personnes, à l’incitation à la violence et aux hauts standards de qualité».
Analyse
Le Conseil de presse blâme l’animateur Gilles Proulx, et la station de radio CKAC pour avoir abusé de leur discrétion rédactionnelle au cours des émissions «Le Journal du Midi», des 3, 4, 5 juillet 1995, et «Bonjour Montréal», du 5 juillet 1995.
Ce type d’émissions d’information implique que l’animateur respecte les opinions des intervenants et évite à leur endroit tout propos ou attitude offensants.
Même s’il est vrai que les personnalités publiques s’exposent à la critique de par leur fonction, cela ne peut légitimer les invectives et les injures utilisées à répétition par M. Proulx.
Le public est en effet en droit de s’attendre à ce que l’animateur n’abuse pas de sa fonction pour imposer son point de vue ou écarter ceux qui n’y correspondent pas. Sa liberté d’expression est donc limitée par la responsabilité d’informateur qu’il a vis-à-vis de ses auditeurs.
Le Conseil de presse estime important de se pencher plus sérieusement sur ce type d’émissions d’information compte tenu de la rapidité de son développement et de son succès auprès du public.
Analyse de la décision
- C17C Injure