Plaignant
Agrodor
Représentant du plaignant
M. Stéphane Mailhot
(secrétaire général, Agrodor)
Mis en cause
Le Bulletin de
Buckingham, La Petite-Nation [Saint-André-Avellin] et M. Michel Blais
(directeur général)
Résumé de la plainte
Dans son
éditorial «Dommage que les priorités de la direction d’Agrodor soient ailleurs!»,
publié le 7 août 1995 par La Petite-Nation et Le Bulletin de Buckingham, M.
Michel Blais, directeur général de ces hebdomadaires, affirme à tort que la
plaignante néglige les journaux régionaux francophones dans ses achats de
publicité.
Faits
La plainte
concerne un éditorial titré «Dommage que les priorités de la direction
d’Agrodor soient ailleurs!», paru dans l’édition du 7 août 1995 du cahier
Inter-Vallée, des hedbomadaires La Petite-Nation et Le Bulletin de Buckingham,
sous la signature de M. Michel Blais, directeur général de ces journaux.
Griefs du plaignant
M. Stéphane
Mailhot, secrétaire général d’Agrodor, reproche à M. Blais d’avoir publié un
éditorial fautif et diffamatoire à l’endroit de la coopérative agricole
Agrodor.
M. Mailhot
estime que M. Blais «se sert de sa position pour tenter de mettre en doute,
publiquement, les pratiques de gestion de la direction de (la) coopérative
agricole (Agrodor)». Il stipule faussement qu’Agrodor ignore ces hebdomadaires
dans ses placements médias, alors que les plus importants budgets au niveau de
la presse écrite ont été dépensés dans l’un ou l’autre des journaux.
Selon M.
Mailhot, l’éditorial tente de démontrer qu’Agrodor n’est pas un bon citoyen
communautaire, et «fait ressortir clairement que M. Blais peut injustement se
servir de sa position pour défavoriser une entreprise qui ne dépenserait pas un
sou en placement médias ce qui va à l’encontre d’une presse juste et
équitable».
Commentaires du mis en cause
En réponse à
cette plainte, M. Michel Blais spécifie que son éditorial ne se voulait pas une
«vendetta gratuite» contre Agrodor, mais plutôt «une mise au point»: «il (lui)
semblait regrettable que cette coopérative régionale néglige d’utiliser
davantage les hebdos francophones situés sur son territoire pour publiciser ses
produits».
M. Blais indique
que ses propos ne modifient en rien la couverture soutenue et intègre des
activités d’Agrodor. Il ajoute également qu’il n’est pas de l’intention des
journaux qu’il dirige, ni de leur réputation, de boycotter une entreprise sous
prétexte que son budget en placement média n’est pas assez intéressant.
M. Blais signale
enfin qu’un droit de réplique a été accordé à Agrodor par suite de la
publication de cet éditorial.
Réplique du plaignant
M. Mailhot
réplique que le fait de «choisir une entreprise parmi plusieurs pour y
critiquer sa gestion sur la place publique» relève plus d’une vendetta que
d’une mise au point. Réitérant ses griefs à l’endroit de l’éditorial, M.
Mailhot termine en affirmant qu’une «mauvaise presse est porteuse de mauvaises
perceptions. Une fausse perception de notre coopérative lui brime sa liberté de
profiter».
Analyse
Dans le cas présent, il y a lieu d’aller au-delà de la situation immédiate dénoncée par la partie plaignante. La plainte déposée par Agrodor soulève ici la question de l’indépendance éditoriale par rapport aux considérations d’ordre publicitaire.
Le Conseil blâme ici M. Michel Blais d’avoir utilisé son éditorial pour défendre les intérêts publicitaires du journal. Cette démarche de l’éditorialiste soulève des interrogations sur l’intégrité de l’information publiée, à savoir si le jugement éditorial porté sur cette entreprise, ou sur d’autres, est lié à l’achat de la publicité par celles-ci.
Il y a lieu de questionner une telle démarche journalistique. Les médias doivent assurer, dans les faits et en apparence, la nécessaire indépendance de l’information par rapport aux services de publicité afin d’éviter toute confusion dans l’esprit du public quant à l’intégrité de l’information qui lui est livrée.
Analyse de la décision
- C21E Subordonner l’information à des intérêts commerciaux