Plaignant
M. Roland Roy
(avocat)
Mis en cause
Le Quotidien
[Chicoutimi] et M. Serge Lemelin (journaliste)
Représentant du mis en cause
M. Bertrand
Genest (éditeur adjoint, Le Quotidien [Chicoutimi])
Résumé de la plainte
Depuis le mois
d’août 1994, le journaliste Serge Lemelin du Quotidien couvre l’actualité
judiciaire du district de Chicoutimi de manière partiale, en défaveur du
plaignant. Le journaliste ne mentionne jamais le nom du plaignant lorsqu’il
rapporte un acquittement.
Faits
Me Roland Roy
porte plainte contre Le Quotidien et son journaliste, Serge Lemelin, pour
diffusion d’une information partiale dans un ensemble d’articles publiés entre
août 1994 et octobre 1995.
Griefs du plaignant
Le 20 septembre
1995, Me Roy porte plainte contre le journaliste Serge Lemelin du Quotidien,
qui couvre l’actualité judiciaire du district de Chicoutimi.
Le plaignant annexe
soixante-quinze (75) articles parus dans Le Quotidien entre août 1994 et
octobre 1995, aux pages des reportages judiciaires. Ils sont signés par Serge
Lemelin, ou un de ses confrères, et concernent plus ou moins directement Me
Roy.
Le plaignant estime
que Serge Lemelin «ne cesse de faire des articles non objectifs» lorsqu’il
parle de son travail d’avocat et ce, depuis la fin août 1994. Il ajoute que le
journaliste ne mentionne jamais son nom lorsqu’il rapporte un dossier
d’acquittement.
Commentaires du mis en cause
Le 18 décembre
1995, M. Bertrand Genest, éditeur adjoint, répond aux critiques du plaignant.
M. Genest estime
que le plaignant n’apporte pas la preuve du manque d’objectivité du journaliste
en se contentant de rassembler les articles qui le citent. «La démarche de Me
Roy s’explique davantage par le fait qu’il ne prise guère l’attention que
portent le Quotidien et les autres médias de la région sur ses démêlés avec le
Barreau du Québec et la Cour municipale de Chicoutimi».
M. Genest joint
à sa réponse quatre articles publiés dans Le Quotidien. Le premier fait état
d’une mise en demeure envoyée par le plaignant, au Quotidien, reprochant à
Serge Lemelin de se servir de son poste pour régler ses différends avec le
plaignant. Les suivants sont les articles visés par cette mise en demeure.
M. Genest
conclut en affirmant que cette plainte n’est pas fondée.
Réplique du plaignant
Le plaignant n’a
pas estimé nécessaire de répondre au journal Le Quotidien.
Analyse
Le Conseil de presse rejette la plainte de Me Roland Roy déposée à l’encontre du journaliste Serge Lemelin du Quotidien pour manque d’objectivité.
L’attention que décide de porter un journaliste à un événement d’actualité relève de sa discrétion rédactionnelle. Le choix, l’importance du sujet et la façon de le traiter lui appartiennent en propre. Ce choix doit prendre en compte le genre journalistique par lequel il s’exprime et le degré d’intérêt public de la nouvelle. Dans le cadre d’un reportage, le journaliste doit informer le public: il doit donc s’en tenir au compte rendu des faits et à une mise en perspective pour permettre à son lecteur de se faire sa propre opinion sur cet événement d’actualité.
Le Conseil estime que Serge Lemelin n’a pas manqué d’objectivité en rendant compte des audiences dans lesquelles le plaignant était présent. En tant que journaliste spécialisé dans les reportages judiciaires, il a, au cours de l’année 1994-1995, rendu compte de différentes décisions en présentant l’accusé, les plaidoiries du ministère public et de la défense et la décision finale, sans exprimer un point de vue sur l’une des parties.
M. Serge Lemelin a également fait état d’un problème d’intérêt public mettant en cause le plaignant: les remises de procès. En abordant ce sujet, il ne s’est pas limité à décrire le cas du plaignant: le journaliste l’a mis en perspective avec d’autres précédents pour montrer à son lecteur les enjeux financiers de ce procédé.
Analyse de la décision
- C13A Partialité