Plaignant
Le Comité des
personnes assistées sociales [CPAS] de Pointe St-Charles
Mis en cause
CKAC-AM
[Radiomédia, Montréal] et M. Gilles Proulx (animateur)
Représentant du mis en cause
M. Raynald
Brière (vice-président et directeur général, Radiomédia)
Résumé de la plainte
Le 4 septembre
1995, sur les ondes de CKAC, l’animateur Gilles Proulx traite des assistés
sociaux en tenant des propos offensants et en diffusant des informations
erronées, dans le cadre de l’émission «Journal du Midi quinze». L’animateur
renforce ainsi les préjugés à l’endroit des assistés sociaux, en plus d’exposer
ces derniers à la haine et au mépris.
Faits
Le Comité des
personnes assistées sociales de Pointe St-Charles [CPAS] porte plainte contre
M. Proulx, et la station CKAC, pour avoir diffusé «des propos offensants» et
«des informations fausses renforçant les préjugés» à l’égard des assistés
sociaux, au cours de l’émission «Journal du midi quinze» du 4 septembre 1995.
Griefs du plaignant
Le 27 septembre
1995, le CPAS porte plainte contre M. Gilles Proulx, animateur, et la station
CKAC.
Au cours de
l’émission «Journal du midi quinze», M. Proulx aurait tenu «des propos
offensants», exposant les assistés sociaux «à la haine et au mépris».
L’animateur
aurait également diffusé «des informations fausses et trompeuses visant à
renforcer les préjugés sociaux à l’égard de ce groupe de personnes».
Le CPAS prétend
que M. Gilles Proulx a violé le droit à la sauvegarde de la dignité, de
l’honneur et de la réputation des personnes assistées sociales par les propos
tenus, notamment:
– en traitant
les femmes assistées sociales de «grosses torches qui mangent des chips et
boivent du cola en écoutant les émissions les plus stupides»;
– en prétendant
que les personnes voulaient avoir accès à la «sous-culture»;
– en prétendant
que les communautés religieuses étaient bien naïves de financer les groupes de
défense des assistés sociaux;
– en disant que
les «B-S en pantalons» prenaient d’assaut le casino, le premier jour de chaque
mois;
– en prétendant
que 30% de la clientèle de la sécurité du revenu était composée de fraudeurs;
– en prétendant
que 275 sur 300 personnes s’étant présentées à une offre d’emploi étaient des
«personnes assistées sociales en bigoudis» voulant travailler au noir.
Le CPAS estime
que les propos de M. Proulx dépassent largement la limite de la liberté
d’expression permise sur les ondes publiques.
Commentaires du mis en cause
Le 14 novembre 1995,
le vice-président et directeur général de Radiomédia, M. Raynald Brière, répond
des griefs retenus contre M. Proulx et la station CKAC. M. Brière fait parvenir
au Conseil de presse la lettre destinée au Conseil de la radiodiffusion et des
télécommunications canadiennes (CRTC), puisque le CPAS a également déposé une
plainte auprès de cet organisme.
M. Brière estime
que le sujet traité était d’intérêt public: M. Proulx pouvait donc exprimer son
point de vue et en débattre avec ses auditeurs. De plus, M. Brière fait
remarquer qu’un spécialiste oeuvrant auprès des assistés sociaux était présent:
il a pu s’exprimer sur diverses questions précises. Les auditeurs ont exprimé
divers avis sur le sujet, toujours d’une manière «raisonnable et équilibrée».
Réplique du plaignant
Le 14 décembre
1995, le CPAS réplique que leur plainte «vise spécifiquement les propos
offensants tenus par M. Proulx» à l’égard des assistés sociaux.
Il affirme que
la présence de M. Langevin, oeuvrant auprès des personnes défavorisées, ne peut
servir de prétexte pour permettre la diffusion de «propos offensants» et
«d’informations fausses et trompeuses visant à renforcer les préjugés sociaux à
l’égard de ce groupe de personnes.»
Le CPAS
maintient donc sa plainte.
Analyse
Dans le cas présent, le Conseil de presse du Québec reconnaît que l’animateur a pu tenir des propos offensants comme le mentionnent les plaignants. Cependant, tout au long de l’émission, des points de vue différents se sont exprimés. En effet, l’invité de monsieur Proulx, monsieur Langevin a fait continuellement le contrepoids aux propos tenus par l’animateur. Ses réponses étaient élaborées, exhaustives et convaincantes. L’équilibre des propos a donc été respecté.
Le Conseil de presse rappelle que les tribunes téléphoniques sont des émissions d’information. Même si l’animateur peut y adopter un ton polémique et y exprimer son point de vue sur des sujets d’actualité, sa responsabilité d’informateur public l’oblige à respecter des règles éthiques fondamentales.
Par contre, le Conseil de presse blâme sévèrement l’animateur Gilles Proulx pour les propos tenus à l’égard des femmes assistées sociales en les traitant de «grosses torches qui mangent des chips et boivent du cola en écoutant les émissions les plus stupides». Cette façon de caractériser une classe de gens est inadmissible. Ce sont des propos inacceptables et indignes de la part d’un animateur d’émission publique.
Le Conseil de presse rappelle que l’animateur doit faire preuve de rigueur dans le traitement de l’information en faisant abstraction de ses préjugés personnels et en évitant de tenir des propos outranciers, voire offensants.
Analyse de la décision
- C12A Manque d’équilibre
- C18C Préjugés/stéréotypes