Plaignant
M. Ghislain
Bérubé
Mis en cause
La Nouvelle
Gazette de Maniwaki
Représentant du mis en cause
Mme Denise
Carrière (présidente, La Nouvelle Gazette de Maniwaki)
Résumé de la plainte
Le 21 octobre,
durant la campagne référendaire québécoise de 1995, La Nouvelle Gazette de
Maniwaki recourt au titre sensationnaliste «Si le référendum passe, on prend
les armes» pour attirer l’attention sur un reportage traitant d’un individu qui
s’adonne à un jeu de guerre.
Faits
M. Bérubé porte
plainte contre La Nouvelle Gazette de Maniwaki pour avoir recouru à un titre
sensationnaliste. L’édition du 21 octobre 1995 titrait: «Si le référendum
passe, on prend les armes».
Griefs du plaignant
Le 23 octobre
1995, M. Gilles Bérubé affirme que «ce titre suggère quelque chose de dangereux
et peut faire peur». Il ajoute qu’il soupçonne que l’éditeur, M. Lafontaine,
ait eu, dans cette affaire, des arrière-pensées politiques puisqu’il a été
l’ancien secrétaire ou attaché politique du député libéral du comté de
Gatineau.
Réplique du plaignant
Le 4 janvier 1995,
M. Bérubé réplique que l’article est paru contrairement à ce qu’affirme Mme
Carrière, à deux semaines du référendum, en pleine fièvre référendaire». Le
correctif apporté par le journal n’est sans doute pas à «la mesure de
l’influence» qu’il a pu avoir sur certains lecteurs.
M. Bérubé ne
veut pas faire de tort au journal La Nouvelle Gazette, mais simplement
«rétablir les faits et empêcher ce genre de traitement de la nouvelle».
Analyse
Le Conseil de presse rejette la plainte de M. Bérubé. Cependant, le Conseil de presse trouve répréhensible le traitement fait par le journal en ce qu’il considère que le public a été induit en erreur par la une «Si le référendum passe, on prend les armes» alors qu’il s’agissait d’un article portant sur un mordu du jeu de la guerre, monsieur Paul Bourgon, qui connaît toutes les armes et qui fait partie d’un club qui joue à la guerre.
Le Conseil de presse reconnaît par ailleurs que le journal a fait preuve d’intégrité professionnelle en publiant des excuses en première page du journal en spécifiant qu’il n’avait jamais voulu influencer les électeurs en laissant planer une menace armée à cause du référendum.
De plus, le Conseil de presse reconnaît que le journal admet son manquement à l’éthique journalistique. En effet, la direction reconnaît que la «une» du journal était «trop accrocheuse et qu’il manquait une indication pour situer le reportage dans son contexte réel».
Le Conseil de presse souligne que le journal a publié des lettres des lecteurs en réaction à cette publication. Par ce correctif, La Nouvelle Gazette de Maniwaki a reconnu son erreur et tenté de rétablir une information biaisée par l’utilisation d’un titre sensationnaliste.
Analyse de la décision
- C13B Manipulation de l’information
- C14A Sensationnalisme/exagération/insistance indue
- C19B Rectification insatisfaisante
Réplique du mis en cause
Le 4 décembre 1995,
Mme Denise Carrière, présidente de la Nouvelle Gazette de Maniwaki, réplique
aux critiques de M. Bérubé.
Mme Carrière
affirme que le journal n’a jamais voulu « »faire peur » ou influencer
le choix des électeurs avec ce titre». Elle reconnaît que le journal s’est
servi «des propos pour le moins colorés du personnage principal de ce reportage
pour créer une première page trompe-l’oeil et attirer l’attention du lecteur
sur ce reportage».
Mme Carrière
précise qu’un correctif a été publié le 28 octobre 1995 pour rétablir
l’information et s’excuser auprès des lecteurs qui auraient pu être choqués par
ce titre. Dans ce même numéro, le journal a publié des lettres de protestation
de lecteurs.
Quant à
l’allégation du plaignant sur le propriétaire du journal et ses antécédents
politiques, Mme Carrière souligne qu’elle est non fondée, M. Lafontaine s’étant
abstenu d’intervenir dans le choix du traitement à la «une» pour les raisons
invoquées par le plaignant.
Mme Carrière
conclut en affirmant que «la correction que nous avons apportée dans la semaine
qui a suivi était adéquate et proportionnelle à l’ampleur que nous avions
donnée à cette nouvelle».