Plaignant
M. Yvon
Descôteaux (fondateur, Club juridique)
Mis en cause
L’Itinéraire
[Montréal] et M. Jean Plante (collaborateur)
Représentant du mis en cause
M. Serge
Lareault (rédacteur en chef, L’Itinéraire [Montréal])
Résumé de la plainte
Le texte «L’ex-avocat
Yvon Descôteaux : Un complément d’informations», paru en janvier 1996 dans
L’Itinéraire, sous la signature du journaliste Jean Plante, rapporte à tort que
le plaignant a harcelé un mineur, a surfacturé ses anciens clients et a été
radié à vie du Barreau pour facturation abusive.
Faits
La plainte
concerne un article du journaliste Jean Plante, intitulé «L’ex-avocat Yvon
Descôteaux. Un complément d’informations», paru dans le journal L’Itinéraire en
janvier 1996.
Ce complément
rapporte que M. Yvon Descôteaux a été radié à vie du Barreau du Québec pour
facturation abusive et procédures judiciaires harcelantes et non fondées.
Griefs du plaignant
M. Yvon
Descôteaux reproche au journaliste d’avoir «fait siennes les informations du Barreau»
à l’effet qu’il avait harcelé un mineur et il demande rétractation.
De plus, il
demande au journal L’Itinéraire une rétractation quant aux affirmations de
surfacturation de ses anciens clients et de non-remboursement des sommes en
avance sur procédures. Il demande aussi que L’Itinéraire se rétracte pour avoir
affirmé que le plaignant avait été radié du Barreau pour facturation abusive.
Commentaires du mis en cause
M. Serge
Lareault, rédacteur en chef du journal L’Itinéraire, informe le Conseil de
presse que M. Jean Plante demeure introuvable. Par conséquent, le journal a
entamé lui-même les vérifications des informations du journaliste auprès du
Barreau. Ils n’ont pu vérifier tous les renseignements, notamment la question
du harcèlement sexuel.
Leur petite entreprise
de presse ne leur permettant pas d’approfondir les recherches, ils décident de
faire paraître une rétractation au prochain numéro (juillet 1996). Il précise
qu’il ne peut dévoiler au plaignant les sources d’informations du Barreau.
Il regrette que
le plaignant n’ait pas communiqué avec le journal pour jouir de son droit de
réponse qui lui aurait été accordé.
Réplique du plaignant
Le 3 juillet
1996, M. Yvon Descôteaux répond à M. Serge Lareault.
Il s’étonne que
L’Itinéraire mette plusieurs semaines pour vérifier ses allégations alors que
le complément d’informations a été publié sans vérification. Il conclut à «une
absence totale de professionnalisme».
Il signale que
l’impuissance actuelle du journal «démontre la fausseté des allégations» dont
il a été victime en janvier 1996. Il prend note que le journal veut clore le
dossier par une rétractation qui serait la reconnaissance de la faute
professionnelle.
Il proteste
contre l’impossibilité de dévoiler les sources d’informations quand «le
journaliste a fait de fausses allégations».
Analyse
A la lumière de la décision du Conseil dans un précédent dossier (D199508-038: M. Yvon Descôteaux c. M. Jean-Paul Soulié, journaliste et La Presse), ce dernier avait pu constater que le plaignant n’avait fait l’objet d’aucune accusation de «harcèlement de mineur» mais qu’il s’agissait plutôt d’une accusation de «harcèlement de la famille».
L’Itinéraire a donc publié une information erronée en rapportant, entre autres, dans l’article mis en cause dans le présent dossier, que le «différend en question était en effet un outrage au tribunal ayant comme origine un harcèlement de mineur».
Dans le cas présent, le Conseil estime que L’Itinéraire et Jean Plante auraient pu faire preuve de plus de rigueur en vérifiant d’abord toutes les données du dossier.
Le Conseil considère que la rétractation parue en juillet 1996 était inadéquate, insuffisante et imprécise. Telle que présentée, cette rectification n’en est pas une et ne corrige aucunement les erreurs publiées dans l’article en litige.
Le Conseil tient à rappeler que les médias et les journalistes ont le devoir de vérifier rigoureusement les informations qu’ils se procurent et s’assurer de leur crédibilité.
Il relève aussi de la responsabilité des médias d’apporter, dans les meilleurs délais possibles, les correctifs nécessaires à leurs erreurs afin de rectifier les faits auprès du public et de remédier rapidement aux torts qu’ils auraient pu causer à des personnes, des groupes ou autres instances.
Analyse de la décision
- C11B Information inexacte
- C19B Rectification insatisfaisante