Plaignant
Mme Rachel
Harrisson (professionnelle, Office de la langue française [OLF])
Mis en cause
The Mirror
[Montréal] et M. Peter Scowen (rédacteur en chef)
Résumé de la plainte
Le journaliste
Peter Scowen porte atteinte à la réputation de la plaignante dans ses
éditoriaux «Allô Miroir?» et «Stupid is…», respectivement publiés le 11 avril
et le 6 juin 1996 par le Mirror. Le journaliste se livre à une charge
méprisante en utilisant les termes «stupid», «sloth», «laziness»,
«single-mindedness» et «slowness». Il ne rapporte pas les explications données
par la plaignante et accuse celle-ci, à tort, d’avoir réprimandé une employée
du Mirror.
Faits
La plainte porte
sur deux éditoriaux publiés dans l’hebdomadaire Mirror, sous la signature de M.
Peter Scowen. Le premier, intitulé «Allô Miroir?», a paru dans l’édition du 11
avril 1996; le deuxième porte le titre «Stupid is…» et a été publié le 6 juin
1996.
Griefs du plaignant
Mme Rachel
Harrisson porte plainte contre le journal Mirror et son éditorialiste, M. Peter
Scowen, pour le traitement journalistique dont elle a fait l’objet dans les
textes mis en cause dans le présent dossier. Mme Harrisson considère que les
éditoriaux de M. Scowen portent gravement atteinte à sa réputation et à son
intégrité professionnelle.
Mme Harrisson
estime que M. Scowen se livre à son endroit à une charge méprisante et
offensante en la qualifiant d’épithètes désobligeantes, injurieuses et
calomnieuses. Elle en veut pour preuve le paragraphe trois de l’éditorial du 11
avril dans lequel le journaliste utilise les termes «stupid», «sloth»,
«laziness», «single-mindedness» et «slowness». Ces propos vexatoires sont
repris dans son éditorial du 6 juin 1996.
D’autre part, Mme
Harrisson reproche au journaliste de ne pas avoir rapporté fidèlement les
propos et explications qu’elle lui a fournis lors de leur conversation
téléphonique.
Enfin, Mme
Harrisson juge que M. Scowen induit ses lecteurs en erreur lorsqu’il écrit dans
ses deux articles qu’elle a réprimandé la réceptionniste du journal pendant dix
minutes parce que celle-ci ne répondait pas en français. Cette affirmation est
dénuée de tout fondement.
Commentaires du mis en cause
M. Scowen
rappelle les événements qui ont précédé la publication des articles mis en
cause dans cette plainte.
Le 28 mars 1996,
Mme Harrisson, une professionnelle de l’Office de la langue française (O.L.F.)
faisait parvenir une lettre au journal Mirror l’informant que l’affichage
extérieur de leur établissement n’était pas conforme aux règles de l’O.L.F.
M. Scowen
explique qu’il a alors communiqué avec Mme Harrisson pour lui dire que les
médias d’information étaient exemptés de ces règlements et, il ajoute que Mme
Harrisson a admis et confirmé ce fait. M. Scowen soutient que Mme Harrisson ne
s’est pas excusée pour cette erreur.
Le journaliste
affirme qu’il n’a pas attaqué personnellement Mme Harrisson mais que ses
commentaires et les qualificatifs qu’il utilise dans l’éditorial du 11 avril
1996 concernaient plutôt les actions de Mme Harrisson.
M. Scowen
rejette les allégations de Mme Harrisson voulant qu’il ait inventé des propos
qu’elle n’a pas tenus lors de leur conversation téléphonique. De plus, il
maintient que sa réceptionniste a été réprimandée par la plaignante pendant dix
minutes.
M. Scowen
considère que son éditorial du 6 juin 1996 parle par lui-même. Il explique que
les points que soulève Mme Harrisson dans le premier éditorial sont, pour la
plupart, les mêmes dans le deuxième article. Enfin, M. Scowen déclare qu’il n’a
fait qu’exercer le droit reconnu aux éditorialistes d’exprimer leurs
commentaires.
Réplique du plaignant
La plaignante
réfute la présentation des faits de M. Scowen.
Mme Harrisson
maintient que, lors de sa conversation téléphonique avec M. Scowen, elle a lui
a offert ses excuses. Elle ajoute que cet élément est confirmé par la lettre de
M. Gilles-Louis Racine de l’O.L.F., annexée à la réponse de M. Scowen. De plus,
elle réaffirme qu’elle n’a jamais réprimandé la réceptionniste du journal.
Enfin, Mme
Harrisson juge que M. Scowen, dans ses éditoriaux du 11 avril et 6 juin 1996,
s’est livré à une distorsion des faits et, elle estime que les attaques du
journaliste ne visaient pas que l’appareil de l’Etat mais la ciblaient
directement et nommément.
Analyse
L’éditorial permet à son auteur d’exprimer dans un style qui lui est propre ses opinions, ses critiques et ses points de vue sur des questions et des événements de son choix.
Dans le cas présent, le Conseil fait face à deux versions contradictoires sur lesquelles il ne peut se prononcer.
Cela dit, le Conseil de presse estime que le journaliste Peter Scowen était en droit de commenter la conduite de la plaignante et d’exprimer son point de vue et ses critiques à l’égard de l’Office de la langue française.
Le Conseil rappelle cependant que les médias et les professionnels de l’information doivent éviter de cultiver ou d’entretenir les préjugés. Son devoir est plutôt de les dissiper. Ils ne peuvent se permettre d’utiliser, à l’endroit des personnes ou des groupes, des termes méprisants ou propres à les ridiculiser ou à les discréditer auprès de l’opinion publique.
Aussi le Conseil déplore-t-il ici le ton abusif que l’éditorialiste utilise à l’endroit de Mme Harrisson. Ce faisant, il a jeté le discrédit sur sa personne et ce, de façon gratuite.
Analyse de la décision
- C11C Déformation des faits
- C17C Injure