Plaignant
Association
québécoise des avocats et avocates en droit de l’immigration
Représentant du plaignant
M. Jean-Michel Montbriand
(président, Association québécoise des avocats et avocates en droit de
l’immigration)
Mis en cause
Le Devoir [Montréal]
et M. Jean Chartier (journaliste)
Résumé de la plainte
L’article
«Montréal principale cible des réseaux de passeurs francophones», paru le 28
mai 1996 dans Le Devoir, dénigre les réfugiés par ses erreurs de fait,
déformations et omissions qui servent à appuyer les allégations sans fondement
du journaliste Jean Chartier. Ce dernier néglige de contacter les intervenants
importants dans le domaine.
Faits
La plainte porte
sur un article intitulé «Montréal principale cible des réseaux de passeurs
francophones», paru le 28 mai 1996 dans le journal Le Devoir, sous la signature
de Jean Chartier.
Griefs du plaignant
L’Association québécoise
des avocats et avocates en droit de l’immigration, par l’entremise de son
président, M. Jean-Michel Montbriand, reproche au journal Le Devoir et à son
journaliste Jean Chartier, d’avoir publié un article «qui contribue à dénigrer
les réfugiés et les revendicateurs du statut de réfugié, des groupes très
vulnérables au sein de notre société et souvent cibles de racisme».
M. Montbriand
estime que le texte de Jean Chartier «contient des erreurs de fait, des
déformations et omissions qui servent à appuyer un parti pris et des
allégations sans preuve en plus de manquer sérieusement d’équilibre et
d’objectivité».
De plus, le
plaignant déplore qu’aucun des autres intervenants importants dans ce domaine
n’aient été contactés: «cela aurait certainement pu contribuer à éviter un
article aussi critiquable à tant de points de vue».
Enfin, M.
Montbriand expose, paragraphe par paragraphe, les points de l’article qu’il
conteste.
Commentaires du mis en cause
M. Jean Chartier
s’étonne qu’on lui reproche de ne pas avoir présenté un point de vue équilibré
alors qu’il a trouvé un témoin qui lui a parlé des réseaux de passeurs, ce qui,
fait-il remarquer, n’est pas facile à trouver.
M. Chartier
déclare qu’il n’a pas cherché à dénigrer les réfugiés et il trouve outrageant
d’être accusé sans fondement. Le journaliste explique qu’il n’a cherché qu’à
décrire la réalité et selon lui, les plaignants «n’ont pas prouvé que j’avais
écrit faux, encore moins que j’ai fait preuve de racisme où que ce soit dans un
texte». Il considère que les allégations des plaignants reposent sur des
demi-vérités.
Le journaliste
souligne que certains chiffres qu’il a utilisés dans son article ne sont pas
contestés par les plaignants. Par contre, il mentionne que le chiffre de 9
millions est peut-être erroné mais que celui-ci lui a été fourni par le
directeur des politiques du ministère de l’Immigration. De plus, il reconnaît
que les taux d’acceptation considérés par Ottawa et Québec ne sont pas les
mêmes.
M. Chartier
apporte des précisions aux différents points soulevés par les plaignants et,
pour appuyer ses dires, il joint à sa réponse quelques articles.
Réplique du plaignant
M. Montbriand,
président de l’Association québécoise des avocats et avocates en droit de
l’immigration, souligne d’abord qu’il déplore le langage qu’utilise M. Jean
Chartier à leur égard dans sa réponse.
Le plaignant
reprend et commente ensuite, point par point, les explications fournies par le
journaliste dans sa réponse.
Analyse
Le Conseil de presse est d’avis que le journaliste s’est acquitté de sa fonction d’informateur public de façon responsable. En effet, le Conseil n’a pas décelé, dans l’ensemble de l’article qui lui a été soumis, d’intention de la part du journaliste d’entretenir des préjugés à l’égard des réfugiés, comme le prétend le plaignant.
Dans le cas étudié ici, il est clair à la lecture de l’article que les informations du journaliste Jean Chartier proviennent des entrevues qu’il a réalisées avec des fonctionnaires des services de l’immigration.
Cependant, le Conseil note que le journaliste reconnaît que les taux d’acceptation considérés par Ottawa et Québec ne sont pas les mêmes. A cet égard le Conseil tient à rappeler l’importance pour les professionnels de l’information de vérifier rigoureusement les informations qu’ils transmettent au public afin d’éviter d’induire celui-ci en erreur et de causer des torts aux personnes et aux instances concernées par l’information rapportée.
Le Conseil de presse reconnaît aux médias et aux journalistes la liberté de traiter d’un sujet ou d’une situation en privilégiant un angle particulier. Les informations qu’ils choisissent de rapporter dans ce cadre font nécessairement l’objet de choix, lesquels doivent être faits en fonction du degré d’intérêt public, dans le respect des personnes et avec le souci de transmettre une information juste et équilibrée.
Le Conseil rejette donc la plainte de l’Association québécoise des avocats et avocates en droit de l’immigration, déposée à l’encontre du journal Le Devoir et du journaliste Jean Chartier.
Analyse de la décision
- C15D Manque de vérification
- C18C Préjugés/stéréotypes