Plaignant
Mme Janine
Larose
Mis en cause
Le Trait d’Union
[Mascouche] et Mme Suzanne Sauvé (journaliste)
Résumé de la plainte
La journaliste
Suzanne Sauvé porte atteinte à la réputation de la plaignante en rapportant des
informations inexactes au sujet d’une affaire de chiens errants à Mascouche,
dans des articles publiés par Le Trait d’Union les 4 et 11 août 1996. Ce
faisant, la journaliste Suzanne Sauvé joue le jeu de la police locale et des
employés du Berger Blanc.
Faits
La plainte
concerne les articles du 4 et 11 août 1996 de la journaliste Suzanne Sauvé
parus dans le journal Le Trait d’Union et relatant les problèmes posés par des
chiens possiblement errants dans la ville de Mascouche.
Griefs du plaignant
Mme Janine
Larose, citoyenne de la Ville de Mascouche, porte plainte contre Suzanne Sauvé
pour atteinte à la vie privée et partialité dans le traitement de
l’information.
En effet, dans
l’article «les citoyens en ont assez des chiens errants» paru le 4 août 1996,
et «Des plaintes d’insalubrité sous enquête» paru le 11 août 1996 dans Le Trait
d’Union, la journaliste Suzanne Sauvé jouerait le jeu de la police locale et
des employés du Berger Blanc.
La plaignante affirme,
contrairement aux propos des articles, que «ce sont les employés (…) du
Berger Blanc, assistés par la police qui ont saisi, sans mandat, quatre chiens
qui étaient attachés» sur sa propriété.
Par ailleurs,
elle a contacté Suzanne Sauvé pour avoir «des détails et des noms sur les cas
de morsures». La journaliste lui a répondu que ces informations lui ont été
transmises par les policiers.
Quant aux
informations relatant le refus de la plaignante à l’accès de sa propriété aux
inspecteurs, Mme Janine Larose précise qu’elle a demandé à ce qu’ils prennent
rendez-vous et qu’à la suite de cela ils l’ont fait arrêter et ont tout saccagé
sur son terrain.
Elle considère
que les articles de Mme Sauvé ont sali sa réputation. Elle indique être victime
de harcèlement depuis quelque temps et que Mme Sauvé s’est contentée «des
ragots et des faussetés dictées par les personnes qui avaient intérêt» à salir
sa réputation. Elle déplore que les informations publiées soient inexactes et
non vérifiées.
Commentaires du mis en cause
Dans sa réponse,
la journaliste Suzanne Sauvé indique, avant toute chose, avoir reçu des menaces
à l’effet d’être traînée devant les tribunaux par Mme Janine Larose.
Quant aux
informations concernant l’errance des chiens, elle atteste avoir été «témoin de
l’opération effectuée par le Berger Blanc, le matin du 29 juillet, lorsque les
employés ont dû courir après les bêtes, avant de les placer dans le véhicule de
patrouille pour les mener à l’évaluation».
Elle rappelle
avoir précisé que l’association des chiens à la dame ne pouvait être établie,
puisque les chiens ne portaient aucune identification. Toutefois la propriété
de Mme Larose est entourée d’animaux, constate-t-elle.
Elle précise que
le voisinage de Mme Larose vit «une situation problématique depuis nombre
d’années» et que «plusieurs voisins [l]’ont interpellée pour l’enjoindre de
faire état de leur impatience devant ce dossier».
Dans un deuxième
temps, elle a pris connaissance d’un rapport policier indiquant les noms de
voisins qui se sont plaints à l’endroit de Mme Larose, et qu’elle n’est pas
dans l’obligation de révéler ses sources.
Elle réplique
que l’évaluation du nombre de chiens et chats est indiquée dans un rapport,
formulé par l’inspecteur en bâtiment de la Ville de Mascouche, confirmant la
présence de plus de 100 chats et 20 chiens.
Elle termine en
précisant que ses textes publiés ont «tous été très bien documentés, s’appuient
sur des sources crédibles», et font preuve de sa bonne foi dans ce dossier.
Réplique du plaignant
Mme Janine
Larose réplique que Mme Sauvé «n’a rien rédigé personnellement» et que ses
propos lui ont été dictés par ceux qui lui en veulent.
Elle pense que
la journaliste est de «connivence» avec le Berger Blanc et les services de
police, et est convaincue de la fabrication de preuves.
Elle affirme
n’avoir jamais menacé Mme Sauvé de représailles mais s’est fait la promesse
«qu’elle devra s’expliquer éventuellement devant un juge».
Elle déplore le
refus de Mme Sauvé de mentionner ses sources et le nom des témoins.
Analyse
Le Conseil de presse rappelle que le choix et le traitement de l’information relèvent du jugement rédactionnel des médias et des journalistes. La véracité des faits et leur degré d’intérêt public sont deux critères qui doivent guider ce choix, et a fortiori lorsque les informations publiées risquent de porter atteinte à la réputation des personnes.
Le Conseil de presse ne perçoit pas, dans les articles de la journaliste, un manquement à ces principes puisque Suzanne Sauvé a livré au public une information conforme aux faits et fidèle aux événements.
En effet, la journaliste Suzanne Sauvé du Trait d’Union a rapporté les faits et les informations qu’elle a pu recueillir à partir de documents à l’appui et en recueillant le témoignage de sources crédibles en se déplaçant sur le terrain.
Toutefois, le Conseil de presse signale que la version de Mme Janine Larose aurait permis aux lecteurs et au Conseil d’être mieux éclairés quant aux informations concernant les litiges entre la ville de Mascouche, les services de police et Mme Larose.
Quant à l’anonymat des témoins, le Conseil de presse souligne que les professionnels de l’information peuvent protéger l’anonymat d’une source dans certains cas spécifiques, notamment pour la préserver d’éventuelles représailles. Ils doivent alors redoubler d’efforts pour s’assurer de la crédibilité de leur source et de l’authenticité des informations transmises.
En conclusion, le Conseil de presse juge non fondée sur le fond la plainte de Mme Larose à l’endroit du Trait d’Union.
Analyse de la décision
- C11C Déformation des faits
- C12C Absence d’une version des faits