Plaignant
M. Jean-Pierre
Gagnon
Mis en cause
Le Soleil [Québec]
et Mme Monique Giguère (journaliste)
Résumé de la plainte
Le Soleil
accorde une trop grande importance à un article de la journaliste Monique Giguère
qui porte sur le déluge au Saguenay, en le publiant à la une de son édition du
7 août 1996. Le titre «Des souverainistes échaudés» laisse entendre un certain
nombre d’opinions souverainistes, alors que l’article en question ne rapporte
qu’un seul témoignage.
Faits
La plainte est
portée contre la journaliste Monique Giguère et le journal Le Soleil pour avoir
donné trop d’importance à l’article «Des souverainistes échaudés» en le
publiant à la une de l’édition du 7 août 1996, et dont le titre ne correspondait
pas au contenu de l’article.
Griefs du plaignant
M. Jean-Pierre
Gagnon porte plainte contre Mme Monique Giguère et Le Soleil pour ne pas avoir
rapporté une information correspondant au titre de l’article «Des
souverainistes échaudés», sous-titré «le déluge a emporté un morceau de la foi
séparatiste de certains sinistrés au Saguenay».
A la lecture de
l’article, le plaignant indique qu’un seul témoignage de Saguenéens
souverainistes (Mme France Hudon) a été fourni alors que le titre sous-entend
un certain nombre d’opinions souverainistes.
Il ajoute que la
deuxième personne citée dans l’article (M. Lionel Gaudreault) n’apparaît pas
clairement comme sympathisant souverainiste, mais tout au plus «il serait
devenu un sceptique de l’indépendance».
Son deuxième
grief porte sur le fait que l’article ne mériterait pas d’être en manchette de
l’édition du 7 août 1996, considérant que cette place lui aurait donné «une
importance disproportionnée avec le contenu».
Pour ces
raisons, il considère que Le Soleil et sa journaliste, Monique Giguère, ont
commis deux fautes professionnelles graves dans le traitement de l’information.
Commentaires du mis en cause
Mme Monique
Giguère indique, dans sa réponse à la plainte de M. Jean-Pierre Gagnon, que
c’est «le caractère inédit du témoignage de Mme France Hudon dans une région
considérée tradionnellement comme le bastion de l’indépendance québécoise», qui
a placé l’article en manchette de l’édition du 7 août 1996.
Elle mentionne
que, dans un tel contexte, «lorsqu’une personne émet une idée, il s’en trouve
généralement au moins une autre pour la partager»; ce qui justifie l’emploi du
pluriel pour le titre, en plus de la corroboration des dires de Mme France
Hudon par deux personnes l’accompagnant.
Elle considère,
par ailleurs, que le titre «reflète très exactement ce que Le Soleil a constaté
sur place».
Elle indique que
le journal réfute non seulement l’accusation et, qui plus est, considère que
l’erreur aurait été de ne pas informer le public d’une telle situation.
Réplique du plaignant
M. Jean-Pierre
Gagnon rappelle, dans sa réplique, que ce qu’il a mis en cause dans sa plainte
était «la pertinence de faire paraître un tel article en première page avec un
titre qui ne correspond pas du tout au contenu».
Selon lui, une
telle démarche resterait, de même, inappropriée si elle avait concerné la
situation inverse en Outaouais avec un citoyen fédéraliste qui affirmerait
voter pour la souveraineté à la suite d’un quelconque événement.
Analyse
Le Conseil de presse rappelle que le choix des titres, ainsi que l’emplacement des informations relèvent de la discrétion de l’éditeur dont c’est la prérogative d’établir la politique du journal en la matière.
Cependant, les titres et manchettes doivent respecter le sens, l’esprit et le contenu des textes auxquels ils réfèrent. Les responsables doivent éviter le sensationnalisme et veiller à ce que les titres et les manchettes ne constituent pas des véhicules aux préjugés et aux partis pris.
Dans le présent cas, le Conseil de presse considère que Le Soleil a abusé de sa discrétion rédactionnelle.
Le Conseil de presse constate que l’article à la une de l’édition du 7 août 1996 traite principalement des causes du déluge imputables à une erreur humaine. Cependant, le titre qui coiffe cet article «Des souverainistes échaudés. Le déluge a emporté un morceau de la foi séparatiste de certains sinistrés au Saguenay», tout comme le premier paragraphe de l’article, annoncent la généralisation d’un autre phénomène.
Or, l’ensemble du texte ne fait qu’une faible démonstration de ce qu’on annonce comme un virage politique au Saguenay n’appuyant cette thèse que sur deux seuls témoignages.
Conséquemment, le Conseil de presse ne peut que conclure à une certaine exagération dans le titre du Soleil du 7 août 1996, après avoir constaté une disproportion de l’espace rédactionnel dans l’article qui suit. De fait, seuls 3 des 14 paragraphes de l’article de Mme Giguère traitent des conséquences politiques du déluge au Saguenay.
Analyse de la décision
- C11F Titre/présentation de l’information