Plaignant
La Commission
des droits de la personne et des droits de la jeunesse
Représentant du plaignant
M. Gilles
Lamirande (directeur des Bureaux de l’ouest, Commission des droits de la personne
et des droits de la jeunesse)
Mis en cause
CKSH-TV [TVA,
Sherbrooke] et M. René Cauchaux (journaliste)
Résumé de la plainte
La station
CKSH-TV diffuse un reportage dans lequel le journaliste René Cauchaux révèle
l’identité d’une femme et de son enfant mineur impliqués dans une chicane de
famille, en contravention avec la Loi sur la protection de la jeunesse. Le
journaliste s’immisce inutilement dans la vie privée de cette famille.
Faits
La plainte
concerne un reportage télévisuel, diffusé le 11 février 1997 par la station
CKSH-TV de Sherbrooke. Le reportage traite du cas d’une dame qui tente de
reprendre la garde de son fils après une mésentente familiale. La Commission
reproche aux mis-en-cause d’avoir diffusé des informations confidentielles sur
cette famille, en contravention avec la Loi sur la protection de la jeunesse,
risquant ainsi de leur nuire.
Griefs du plaignant
La Commission
des droits de la personne et des droits de la jeunesse porte plainte concernant
un reportage qui «met en cause l’identification d’une mère et son enfant mineur
parties à une instance dans le cadre de la Loi sur la protection de la
jeunesse», invoquant que les informations transmises revêtent un caractère
confidentiel et ne peuvent être diffusées. Le plaignant est d’avis qu’en plus
de contrevenir aux dispositions de la Loi, le journaliste «s’immisce
inutilement dans la vie privée de cette famille et risque de leur porter
préjudice».
Commentaires du mis en cause
Après avoir
situé pourquoi Cogeco Radio-Télévision répond au nom de la station mise en cause,
le représentant des mis-en-cause explique le contexte du reportage. Il rappelle
que c’est à la demande de Mme Longchamps que la station a décidé de diffuser un
reportage sur son histoire et que le journaliste est allé la rencontrer pour
connaître sa version des faits; qu’il est entré en contact avec la Direction de
la protection de la jeunesse qui a refusé de commenter la situation. Il
reconnaît que le reportage du journaliste Marc Cauchaux révèle l’identité de
Mme Longchamps et de son enfant, «et ce de façon contraire à la politique
établie de la station».
Il plaide
ensuite la bonne foi, en disant que cette station a diffusé à plusieurs
reprises des reportages du genre en respectant l’anonymat des personnes
concernées, que c’est une station responsable et que ses journalistes se
conforment habituellement aux normes et pratiques journalistiques au réseau
français de Radio-Canada. Il ajoute qu’à la suite de ces événements, la station
est déterminée à éviter qu’une telle situation ne se reproduise» et que le
directeur des nouvelles «a jugé utile de faire circuler de nouveau auprès des
journalistes de la station des copies de l’Avis du Conseil de presse sur le
sujet.
Analyse
Après étude de la plainte, le Conseil de presse du Québec reconnaît à la station CKSH-TV de Sherbrooke d’avoir agi de bon droit en faisant état sur la place publique de la situation d’une mère aux prises avec une institution gouvernementale face à laquelle elle se sentait sans recours.
Cependant, le Conseil considère que le journaliste René Cauchaux et la station CKSH-TV ont erré en divulguant l’identité d’un enfant qui n’avait pas à être révélée dans le cadre de ce reportage. Aussi, le Conseil accueille-t-il la plainte, pour ce motif.
Le média mis-en-cause est donc blâmé pour ne pas avoir protégé l’anonymat de l’enfant dans les circonstances. Toutefois, compte tenu de la reconnaissance de son erreur par la direction de CKSH-TV de Sherbrooke, le Conseil apprécie l’attitude et les réactions du mis-en-cause dans le présent dossier, de même que sa sensibilité à l’égard des principes d’éthique dont le Conseil se fait le promoteur et le défenseur depuis près de 25 ans.
Analyse de la décision
- C16B Divulgation de l’identité/photo