Plaignant
M. Sylvain
Perrault
Mis en cause
Photo-Police
[Montréal] et M. Jean-François Desbiens (journaliste)
Résumé de la plainte
Le journaliste
Jean-François Desbiens de Photo Police déclare un nonagénaire coupable de viol
alors qu’il a nié sa culpabilité et a bénéficié d’une suspension de procédure.
Photo Police reconnaît l’erreur de son journaliste en publiant une rétractation
plus de trois mois après l’article incriminé, mais celle-ci s’avère
insuffisante.
Faits
M. Sylvain
Perrault dépose une plainte contre M. Jean-François Desbiens et l’hebdomadaire
Photo-Police à propos d’un article publié dans l’édition du 4 au 11 octobre
1996. Ce reportage, titré «Coupable de viol à 90 ans», serait mensonger en plus
de ne pas respecter la présomption d’innocence.
Photo-Police a
publié une rectification, donnant en partie raison à M. Perrault, dans son
édition du 17 janvier 1997: l’hebdomadaire reconnaît avoir publié un compte
rendu non conforme aux faits et à la réalité et s’excuse auprès du nonagénaire
et de ses proches. Mais, le plaignant juge cette rétractation insuffisante.
Griefs du plaignant
M. Perrault
estime que l’article de M. Desbiens, intitulé «Coupable de viol à 90 ans», ne
respecte pas les faits. Selon le plaignant, le reportage paru dans Photo-Police
déclare coupable de viol un nonagénaire. Or, la personne en question a nié sa
culpabilité et bénéficié d’une suspension de procédure. La décréter coupable
revient donc, aux yeux de M. Perrault, à se substituer à la Justice et à
ignorer la vérité. Il précise en outre que cette attitude met en évidence le
manque de considération du journaliste pour cette personne et son entourage.
Le plaignant
ajoute que la rétractation, si elle rectifie certains faits, laisse dans
l’ombre la réalité. Il relève d’ailleurs certains points que M. Desbiens aurait
déformés dans son article et que le rectificatif du 17 janvier 1997 aurait
ignorés.
Selon M. Perrault,
de telles pratiques participent aux «détournements de l’objectivité
journalistique».
Analyse
Après étude des griefs du plaignant et des textes à l’appui, le Conseil de presse a pu prendre connaissance de l’inexactitude des propos relatés dans le premier article soumis à son attention.
Le Conseil considère que le titre de l’article «coupable de viol à 90 ans» était particulièrement erroné, ayant pour effet de condamner un accusé avant jugement.
Le Conseil a également constaté que l’éditeur du journal Photo-Police de Montréal a publié une rectification d’importance équivalente à celle des éléments inexacts.
Cette rétractation reprécisait les motifs exacts d’accusation, et que l’accusé a bénéficié d’une suspension de procédure; elle comprenait également des excuses à son endroit et à ses proches tout en reconnaissant que le compte rendu n’était pas conforme aux faits et à la réalité.
Le Conseil déplore les erreurs journalistiques qui une fois encore portent atteinte à la réputation de toute la profession.
Tout en rappelant qu’un rectificatif ne peut jamais réparer complètement le préjudice causé par les erreurs du journaliste et de l’éditeur (titrage et contenu), le Conseil de presse considère que sa publication peut, dans le présent cas, libérer les mis-en-cause d’un blâme de sa part.
Analyse de la décision
- C17H Procès par les médias
Date de l’appel
4 June 1998
Appelant
M. Sylvain
Perrault
Décision en appel
Après étude du
dossier, les membres de la Commission d’appel maintiennent unanimement la
décision de première instance.
Griefs pour l’appel
M. Sylvain
Perrault interjette appel de la décision du Conseil de presse du Québec.