Plaignant
Le Mouvement
humaniste pour le Québec
Représentant du plaignant
Mme Marie-Claire
Desroches (porte-parole, Le Mouvement humaniste pour le Québec)
Mis en cause
Voir [Montréal]
et M. Jean-Pierre Cloutier (journaliste)
Représentant du mis en cause
M. Richard
Martineau (rédacteur en chef, Voir [Montréal])
Résumé de la plainte
La journaliste
Marie-Claire Desroches inclut le plaignant dans une liste de sectes utilisant
Internet, ce qui montre qu’elle n’a pas cherché à vérifier l’exactitude de ses
informations. L’hebdomadaire Voir, qui a publié le texte contenant la liste en
question dans son édition du 3 avril 1997, ne répond pas à la demande de
rectification du plaignant.
Faits
La plainte
concerne une chronique intitulée «Le 8e jour, dieu créa le Net», parue le 3
avril 1997 dans le journal Voir et signée par M. Jean-Pierre Cloutier. Mme
Marie-Claire Desroches, porte-parole du Mouvement humaniste pour le Québec,
estime que ce texte a porté atteinte à la réputation du groupement qu’elle
représente. Elle reproche au journaliste d’avoir manqué de rigueur
professionnelle en ne vérifiant pas correctement les informations qu’il
rapporte. Dans l’article incriminé, M. Cloutier cite le Mouvement humaniste
comme étant une des sectes utilisant Internet.
Griefs du plaignant
Mme Desroches
affirme que l’article de M. Cloutier a porté préjudice au mouvement dont elle
est le porte-parole. M. Cloutier cite le Mouvement humaniste dans une liste de sectes
utilisant Internet. Aux yeux de la plaignante, une telle affirmation montre que
le journaliste n’a pas cherché à vérifier l’exactitude de ses informations, ce
qui constitue un manque flagrant de professionnalisme et d’éthique
journalistique.
Le Mouvement
humaniste a envoyé au journal Voir une mise en demeure pour demander réparation
des torts subis, c’est-à-dire «un article décrivant de manière objective les
idées et activités du Mouvement humaniste en s’appuyant sur différentes sources
crédibles».
N’ayant reçu
aucune réponse à cette lettre, Mme Desroches demande au Conseil de rectifier la
situation.
Commentaires du mis en cause
Commentaires de
M. Richard Martineau (rédacteur en chef de Voir):
M. Martineau
soutient son journaliste et confirme ses dires. Selon lui, M. Cloutier avait de
bonnes raisons pour classer le Mouvement humaniste dans la liste des sectes
utilisant des sites Internet. Le sujet de la chronique ne portant pas sur le
mouvement de Mme Desroches mais sur l’utilisation des nouvelles technologies,
il aurait été déplacé que M. Cloutier développe davantage ses arguments quant
au choix des groupements cités dans son texte. De plus, M. Martineau déclare
n’avoir eu connaissance d’aucune mise en demeure de la part de Mme Desroches.
Commentaires de
M. Jean-Pierre Cloutier:
Le journaliste
exprime sa surprise face à la plainte de Mme Desroches qui lui reproche de ne
pas avoir vérifié l’exactitude des informations diffusées sur Internet.
Il signale avoir
indiqué ses sources de renseignements dans son article. Il cite en outre quatre
autres références, qui rangent toutes le Mouvement humaniste dans la catégorie
des sectes. En conséquence, il estime que les recherches, menées avant la
rédaction de son article, justifient ses affirmations.
Réplique du plaignant
Mme Desroches
joint à sa réplique la copie des deux mises en demeure adressées à Voir, ainsi
que les deux accusés de réception correspondants.
La plaignante
exprime son désarroi face à l’attitude des mis-en-cause, qui «frôle
l’insolence» et illustre «le manque flagrant de professionnalisme» de M.
Cloutier. A ses yeux, la plainte ne vise qu’à rétablir «des pratiques
journalistiques responsables». Or, il lui apparaît que celle-ci n’est pas prise
au sérieux, comme en témoignent les affirmations sans fondement de M.
Martineau.
Quant aux
recherches évoquées par M. Cloutier, Mme Desroches les juge insuffisantes et
incomplètes car elles ne défendent qu’une seule et même position. Elle reproche
donc au journaliste de n’avoir pas cherché à connaître les versions plus positives
existantes au sujet du Mouvement humaniste. Elle cite également plusieurs
références allant dans ce sens.
Selon la
plaignante, les allégations de M. Cloutier sont simplistes et erronées car non
vérifiées «sur le terrain». Elle ajoute que le fait d’être ainsi «stigmatisé de
secte» a des répercussions néfastes sur le mouvement qu’elle représente.
Analyse
Après avoir étudié la plainte de Mme Marie-Claire Desroches, le Conseil de presse en est venu à la conclusion que sa plainte n’est pas fondée, pour les considérations suivantes:
– effectuant un bref survol des sectes sur Internet, le texte de la revue Voir n’accorde que quelques lignes au Mouvement humaniste. Le sujet n’est donc qu’à peine effleuré;
– le fait qu’un certain nombre de spécialistes du phénomène des sectes considère le Mouvement humaniste comme tel pouvait autoriser le média à l’inclure dans son article;
– l’article du journaliste Jean-Pierre Cloutier s’inscrit dans le genre journalistique de la chronique, ce qui confère à son auteur une plus grande latitude rédactionnelle, en autant que les faits et la réalité soient respectés;
– le choix du journaliste s’inscrit à l’intérieur des limites de son jugement et dans le cadre de sa latitude de chroniqueur. Il ne ridiculise pas le Mouvement humaniste, ni ne porte atteinte à la réputation du groupe. Tout en signalant la présence de ce dernier sur le réseau Internet, il invite les lecteurs à s’informer sur ces groupes auprès des sources mentionnées.
Aussi, pour ces motifs, la plainte du Mouvement humaniste pour le Québec est rejetée.
Le Conseil de presse du Québec tient cependant à préciser que la plaignante, Mme Desroches, aurait pu utiliser d’autres recours pour manifester son insatisfaction devant l’article de Voir, comme une réplique dans la page du lecteur.
Analyse de la décision
- C11B Information inexacte