Plaignant
M. Daniel Goulet
Mis en cause
L’Écho D’Amos/Le
Citoyen, M. Luc Landry (journaliste) et M. Ronald Brisson (directeur, L’Écho
abitibien [Val d’Or])
Représentant du mis en cause
M. Éric Maltais
(directeur de l’information, L’Écho abitibien [Val d’Or])
Résumé de la plainte
Le journaliste
Luc Landry, de l’Écho d’Amos, fait preuve de partialité en dissimulant des
faits d’intérêt public liés à la politique municipale. Il serait de connivence
avec certains élus locaux, dont le plaignant se fait l’adversaire. Le directeur
de l’Écho abitibien, M. Ronald Brisson, fait preuve de la même partialité.
Faits
M. Daniel Goulet
porte plainte contre M. Luc Landry, journaliste pour l’hebdomadaire L’Écho d’Amos/Le
Citoyen.
Le journaliste
aurait fait preuve de partialité dans sa manière de rapporter l’information et
dédaignerait d’informer la population sur des sujets d’intérêt public. M.
Goulet estime que son droit à bénéficier d’une information juste et impartiale
a été brimé.
Griefs du plaignant
M. Goulet estime
que M. Landry manque d’éthique professionnelle dans la mesure où, malgré les
nombreuses demandes du plaignant, il néglige systématiquement et délibérément d’évoquer
certains sujets d’intérêt public, ayant trait à «un scandale politique dans la
municipalité d’Amos».
Le journaliste
ferait donc preuve de partialité dans la manière de traiter ses articles, de
même que le directeur de l’Écho abitibien, M. Ronald Brisson.
M. Goulet
déplore que M. Landry dissimule ainsi certains faits et ne respecte pas le
droit du public à l’information.
Le plaignant
accuse le journaliste d’être de connivence avec certains élus locaux dont M.
Goulet s’est fait l’opposant. Ceci expliquerait que M. Landry passe sous
silence certains éléments d’actualité, empêchant ainsi les citoyens d’Amos de
prendre connaissance d’«un sujet qui les concerne directement».
Commentaires du mis en cause
M. Éric Maltais,
directeur de l’information, et M. Ronald Brisson, directeur général régional de
l’Écho abitibien, estiment avoir accordé un suivi journalistique important à
l’affaire évoquée par le plaignant. Pour preuve, ils joignent à leur réplique
plusieurs articles de Luc Landry évoquant le «supposé scandale politique» de la
municipalité d’Amos.
Ils ajoutent
avoir été presque toujours les premiers à rendre compte de ce qui se passait à
Amos, y compris en rapportant les diverses interventions de M. Goulet lors des
assemblées municipales, interventions que certains conseillers d’Amos
qualifient d’ailleurs de «harcèlement».
L’Écho abitibien
a d’ailleurs publié une lettre du plaignant dans les pages consacrées à
l’opinion des lecteurs.
M. Maltais et M.
Brisson considèrent donc que le suivi accordé à ce dossier prouve leur désir de
bien informer les gens.
Ils soulignent
enfin que M. Goulet a fait publier un pamphlet, dans lequel il est écrit que
les médias sont contrôlés. De ce fait, ils envisagent de réclamer une
rétractation.
Réplique du plaignant
M. Goulet
s’exprime surpris par les propos de M. Maltais, qui minimise le scandale
politique d’Amos en le qualifiant de «supposé».
Il estime que le
suivi journalistique évoqué par M. Maltais n’a été que partiel, puisque M.
Landry n’a fait que donner une seule version des faits, sans mentionner
certains éléments importants d’information.
M. Goulet
considère que la partialité de M. Landry est flagrante: il a rapporté certains
événements avec trois semaines de retard, sans chercher, de plus, à obtenir
l’opinion des personnes présentes.
Le plaignant
souligne également qu’il est facile, pour L’Écho abitibien, d’affirmer qu’il a
été le premier à informer le lectorat des problèmes de Amos, puisque cet
hebdomadaire détient le monopole de la presse écrite dans la région. M. Goulet
considère d’ailleurs que cette situation représente un danger pour la
démocratie à Amos puisque le journal boycotte certains points de vue.
Selon M. Goulet,
M. Landry soutient sans vergogne les élus d’Amos.
En plus de mentionner
les dires de deux conseillers municipaux, qui accusent M. Goulet de perturber
les séances du conseil, le journaliste rapporterait les propos diffamatoires et
libelleux du maire de Amos à l’encontre du plaignant. Ce dernier estime donc
que M. Landry permet qu’on l’insulte.
Quant au
pamphlet évoqué par les mis-en-cause, M. Goulet nie l’avoir financé. En
revanche, il considère que le fait que les «Échos abitibiens» [sic] n’aient jamais
fait état de cette circulaire, confirme ce qui y est écrit, à savoir que les
médias sont contrôlés.
M. Goulet
soutient enfin que M. Landry aurait exercé des pressions sur lui pour qu’il
retire sa plainte. Il demande donc au Conseil de se prononcer pour que cessent
ces «manipulations journalistiques».
Analyse
Le Conseil a étudié attentivement la plainte et les arguments de M. Daniel Goulet pour vérifier si dans l’exercice des droits de la presse, le journaliste Luc Landry et L’Écho abitibien avaient porté atteinte au droit du public à l’information, notamment par une information partiale et biaisée.
En ce qui a trait à la couverture journalistique, malgré les insatisfactions que peut ressentir un citoyen, rappelons que si la presse est assujettie à des responsabilité déjà définies dans la déontologie du Conseil, un des premiers articles déontologiques lui reconnaît le droit au libre exercice du journalisme:
«Les médias et les professionnels de l’information doivent être libres de relater les événements et de les commenter sans entrave ni menace ou représailles. L’attention qu’ils décident de porter à un sujet particulier relève de leur jugement rédactionnel. Le choix de ce sujet et sa pertinence, de même que la façon de le traiter, leur appartiennent en propre. Nul ne peut dicter à la presse le contenu de l’information sans s’exposer à faire de la censure ou à orienter l’information.» Après examen, le Conseil de presse a constaté l’étalement dans le temps et la diversité du traitement journalistique sur les sujets faisant l’objet de la plainte, la Ville d’Amos et l’établissement hôtelier le Château d’Amos.
En examinant les textes soumis par le journal mis en cause, le Conseil a pu observer la diversité des articles exposant la situation de l’entreprise et les positions de la Ville.
Le Conseil a également remarqué au passage la teneur de certains textes, dont celui du 11 août 1996 où il est question de la compagnie à numéro fondée 18 jours avant la faillite de l’entreprise et où on mentionne un montant de 6000 $ versé hebdomadairement à M. Jean-Paul Veilleux. Ces informations ne contribuent certainement pas à créer une impression de dissimulation ou de «connivence» avec les présumés «amis» des élus locaux.
Le Conseil considère que le journaliste Luc Landry a bien fait son travail à l’intérieur des limites de la profession et que l’hebdomadaire L’Écho abitibien a donné droit de parole au plaignant, en conformité avec les règles de l’éthique journalistique.
Le Conseil dit comprendre qu’un citoyen puisse avoir des attentes particulières à l’égard d’un média et des insatisfactions quand l’information publiée n’épouse pas la forme qu’il souhaiterait. Mais un écart de cette nature n’implique pas pour autant une faute déontologique.
Le Conseil de presse n’ayant pas dans le présent cas constaté de dérogation aux principes de l’éthique journalistique, il se doit donc de rejeter la plainte.
Analyse de la décision
- C08A Choix des textes
- C13A Partialité