Plaignant
Le Syndicat des
postiers du Canada
Représentant du plaignant
M. Camil Blais
(président, Syndicat des postiers du Canada)
Mis en cause
Le Mirabel et
Mme Nadine Filion (journaliste)
Représentant du mis en cause
Mme Anne-Marie
Cadieux (directrice générale de l’information, Le Mirabel)
Résumé de la plainte
Le 6 juillet
1997, dans Le Mirabel, la journaliste Nadine Filion rapporte la plainte d’un
groupe d’assistés sociaux qui accuse les employés de la Société canadienne des
postes d’être responsables de la disparition de leur chèque de prestation. Ce
faisant, la journaliste discrédite la réputation de ces employés à partir de
simples rumeurs, sans avoir vérifié la crédibilité de ses sources d’information
et sans avoir cherché à obtenir la version des faits des personnes concernées.
Faits
La plainte
concerne un article, paru le 6 juillet 1997, dans Le Mirabel, signé par Mme
Nadine Filion et portant le titre: «Des chèques d’aide sociale auraient disparu
aux postes.»
Dans son article,
la journaliste mentionne la plainte déposée par une cinquantaine d’assistés
sociaux de la région de Saint-Jérôme contre la Société Canadienne des Postes.
Mme Filion évoque des rumeurs selon lesquelles des chèques d’aide sociale soit
auraient disparu dans le centre Travail-Québec Saint-Jérôme, soit auraient été
retenus sciemment par les postiers pour exercer des pressions dans le cadre de
négociations.
Selon M. Camil
Blais, président du Syndicat des Postiers du Canada, «la journaliste a manqué
de rigueur et d’éthique professionnelle dans le traitement de l’information
contenue dans cet article.»
Griefs du plaignant
M. Blais estime
que l’article de Mme Filion colporte des préjugés défavorables à l’égard des
employés des postes: la journaliste insinue que les postiers sont responsables
d’une situation regrettable, alors qu’elle ne dispose que d’une seule source
d’information qui n’évoque, de plus, que des «on-dit».
Selon M. Blais,
les sous-entendus et les affirmations de Mme Filion sont gratuits et incitent
ses lecteurs à douter systématiquement des employés des postes.
M. Blais
reproche à la journaliste de n’avoir pas vérifié la crédibilité de ses sources
et d’avoir, par conséquent, manqué de rigueur professionnelle.
Enfin, Mme
Filion n’aurait pas cherché à obtenir la version des faits des personnes,
employés et représentants syndicaux, qu’elle met en cause dans son article.
Commentaires du mis en cause
Mme Anne-Marie
Cadieux, directrice générale de l’information du journal Le Mirabel, indique
que Mme Nadine Filion n’a fait que rapporter des faits vérifiés ou tels que
présentés par deux sources fiables, clairement identifiées. Elle n’a, en aucun
cas, véhiculé des préjugés et a clairement indiqué l’origine des rumeurs
qu’elle évoque.
De plus, une
représentante officielle de la Société des Postes a eu un droit de réplique
pour démentir ces ouï-dire.
Mme Cadieux
signale également que Mme Filion a tenté de joindre un porte-parole du
syndicat. N’y ayant pas réussi, elle se devait néanmoins de publier son
information pour des raisons d’actualité.
Analyse
Le Conseil de presse a procédé à l’examen attentif des griefs du plaignant et de l’article de la journaliste Nadine Filion du journal Le Mirabel.
Le Conseil a d’abord examiné la référence à une grève du zèle ou à des moyens de pression que déplore le plaignant. Le Conseil conclut qu’il ne s’agit pas d’une invention ou d’une insinuation de la journaliste, mais que cette référence découle de l’entrevue avec la directrice de Travail-Québec, Mme Bernadette Gélineau.
Le plaignant estimait que la journaliste insinue dans son article que les postiers sont responsables de la disparition des chèques d’aide sociale. Sur cet aspect de la plainte, le Conseil de presse n’a rien relevé dans le texte qui indique nommément que ce sont eux qui seraient responsables. Les chèques sont distribués par voie postale. Qui est responsable? Le Centre Travail-Québec? La direction de la Société canadienne des Postes? Les postiers? Leur syndicat? La journaliste ne suggère elle-même aucun coupable. Elle complète une information, rapportant une rumeur évoquée par la directrice du centre Travail-Québec et réfutée par la directrice de la Société canadienne des Postes. Elle précise enfin que des négociations sont en cours et des nouvelles sur un éventuel mandat de grève sont imminentes.
Un autre grief examiné concernait la vérification de la crédibilité des sources et l’absence d’une version des faits des personnes qu’elle met en cause. Dans son article, les sources citées par la journaliste sont des voix officielles des entreprises et elles sont reconnues crédibles. La journaliste est allée chercher le point de vue des deux parties dans la situation: une directrice de Travail-Québec et une représentante de la Société canadienne des Postes. De plus, cette dernière a infirmé l’hypothèse des moyens de pression.
Enfin, le plaignant indiquait que l’article colportait des préjugés défavorables à l’égard des employés des postes. A ce sujet, le Conseil fait observer que la distribution des chèques d’aide sociale se fait habituellement par le service postal. Il devient alors évident que si des chèques disparaissent et ne se rendent pas à destination, la responsabilité ne peut être imputée qu’à deux personnes: l’émetteur du chèque ou son transporteur. Et tant que la situation n’est pas éclaircie, il est inévitable que chacun d’eux puisse faire l’objet de «préjugés» et de suspicion, sans que cela ne provienne du traitement journalistique de celle qui rapporte l’information.
Dans le cas qui nous occupe, le Conseil de presse du Québec en arrive à la conclusion que rien dans l’examen de la plainte ne permet de conclure à une intention malveillante ou à un traitement journalistique biaisé.
Par conséquent, le Conseil rejette la plainte du Syndicat des postiers à l’encontre du journal Le Mirabel.
Analyse de la décision
- C15H Insinuations