Plaignant
M. Normand Ratti
(président, Club de golf Milby) et M. Jean-Guy Bureau (capitaine, section
masculine de l’équipe de golf du Club de golf Milby)
Mis en cause
La Tribune
[Sherbrooke] et M. Denis Messier (journaliste)
Résumé de la plainte
Le journaliste
Denis Messier porte atteinte à la réputation des plaignants dans une chronique
publiée dans l’édition du 31 juillet 1997 de La Tribune. Commentant les succès
de la section féminine de l’équipe de golf de Milby, le journaliste conseille à
la section masculine de «faire en sorte d’imiter les dames» et laisse entendre
que les plaignants devraient céder leur place. Certaines omissions du
journaliste indiquent un parti pris.
Faits
La plainte
concerne une chronique, titrée «Les potins du 19e trou» et signée par M. Denis
Messier.
Ce texte, paru
dans l’édition du 31 juillet 1997 du journal La Tribune, avait pour sujet le
récit des succès de la section féminine de l’équipe de golf de Milby. Suivaient
des commentaires sur la section masculine à qui le journaliste conseillait de
«faire en sorte d’imiter les dames». Il sous-entendait également que les deux
plaignants, dirigeants de cette section, devaient céder leur place.
Griefs du plaignant
M. Normand
Ratti, président du club de golf Milby, et M. Jean-Guy Bureau, capitaine, tous
deux cités dans l’article incriminé, estiment que M. Messier a tenu des propos
«méchants, gratuits, non fondés, impertinents et diffamatoires» à leur égard.
Ils soulignent le fait que le journaliste semble ignorer certains éléments et
suggèrent que certaines omissions indiquent un parti pris.
De plus, MM.
Ratti et Bureau notent que ce n’est pas la première fois que M. Messier adopte cette
attitude vis-à-vis d’un responsable du club de golf Milby.
En conséquence,
MM. Ratti et Bureau espèrent que la présente plainte amènera le journaliste à
pratiquer sa profession en respectant davantage «la réputation d’autrui».
Analyse
Le texte qui fait l’objet de la présente plainte consiste en une chronique journalistique personnalisée.
La déontologie du Conseil délimite les frontières et la latitude reconnue au genre particulier qu’est la chronique, qui tient autant de l’éditorial et du commentaire que du reportage d’information. Ce genre journalistique laisse à son auteur une grande latitude dans l’expression de ses points de vue et dans ses jugements. Il permet au journaliste qui le pratique d’adopter un ton polémiste pour prendre parti et exprimer ses critiques, ce qu’il peut faire dans le style qui lui est propre, même par le biais de l’humour et de la satire.
Le journaliste se devait de donner les faits et ne pas déformer la réalité. Cependant, il avait également le droit d’exprimer dans une chronique l’opinion qu’il estimait la plus appropriée dans les circonstances, sans tout rappeler exhaustivement.
Dans cet esprit, le Conseil a établi que même si ses propos ne sont pas tendres pour les responsables de la section masculine, le journaliste Denis Messier n’a pas outrepassé la latitude reconnue habituellement au genre journalistique de la chronique.
Le Conseil estime par ailleurs que le plaignant aurait eu intérêt à adresser, en tout premier lieu, ses commentaires à la direction du journal La Tribune, ce qui aurait pu avoir pour effet de favoriser un meilleur dialogue entre les parties.
Par conséquent, le Conseil de presse rejette la plainte contre le journaliste Denis Messier et le journal La Tribune de Sherbrooke.
Analyse de la décision
- C01A Expression d’opinion