Plaignant
Mme
Marie-Christine Moulin
Mis en cause
Bonjour Laval et
M. Marcel Paquette (journaliste)
Représentant du mis en cause
M. Normand
Lalonde (directeur de l’information, Bonjour Laval)
Résumé de la plainte
Le journaliste
Marcel Paquette signe un article sur la maison historique de la plaignante sans
avoir obtenu son autorisation, dans l’édition du 16 octobre 1997 de
l’hebdomadaire Bonjour Laval. La plaignante avait plutôt donné son accord pour
la réalisation d’une émission à la télévision communautaire.
Faits
La plainte déposée
par Mme Marie-Christine Moulin fait suite à la publication d’un article, signé
par M. Marcel Paquette, dans l’édition du 16 octobre 1997 du journal Bonjour
Laval.
Ce texte, titré
«La résidence Marie-Christine», a pour sujet la description architecturale et
historique d’une maison appartenant à la plaignante. Celle-ci affirme n’avoir
jamais donné son accord à une telle publication.
Griefs du plaignant
Mme Moulin
précise qu’elle ne conteste pas le contenu de l’article de M. Paquette, mais le
fait qu’il ait été publié dans Bonjour Laval sans son consentement et sans
qu’elle en ait été avertie.
Elle indique
avoir effectivement accordé au journaliste la permission de recueillir des
informations sur la Résidence Marie-Christine, mais pour une émission sur les vieilles
maisons de Laval, devant être diffusée sur CMCL-canal 9, la télévision
communautaire.
La plaignante
souligne qu’elle aurait refusé cette permission si elle avait su que ces
informations serviraient à rédiger un article pour «un journal partisan créé
récemment dans le contexte électoral lavallois».
Commentaires du mis en cause
M. Marcel
Paquette rectifie certains détails dans la version des faits de Mme Moulin: il
n’a pas recueilli les informations sur la Résidence Marie-Christine pour la
télévision communautaire mais pour réaliser des livres sur l’histoire de Laval.
Ces informations proviennent d’ailleurs de documents publics et libres d’accès,
consultés au «Bureau de Publicité des droits réels» entre 1993 et 1996.
Le reportage
télévisé consacré à la Résidence Marie-Christine s’inscrivait dans le cadre
d’une série d’émissions portant sur l’ensemble de l’histoire architecturale de
Laval. Le mis-en-cause ne fait que participer à ces émissions comme chroniqueur
historique et ne coordonne en rien le projet. Il précise donc que ce travail
n’a rien à voir avec l’article publié dans Bonjour Laval.
M. Paquette
insiste sur une nuance: Mme Moulin n’a jamais donné en personne l’autorisation
de filmer sa propriété, c’est une de ses employées qui a accordé à la
réalisatrice de l’émission la permission de tourner sur le terrain de la
résidence. Cette même personne a d’ailleurs donné à M. Paquette une brochure
sur l’histoire de la maison et lui a précisé l’intérêt de la plaignante pour ce
sujet.
M. Paquette
souligne qu’il n’a effectivement pas demandé l’autorisation de Mme Moulin pour
rédiger son article: il ne l’avait fait ni pour son reportage à la télévision
communautaire, ni pour effectuer des recherches au cadastre sur cette maison,
ni lors d’une exposition de photos anciennes où la Résidence Marie-Christine
était pourtant particulièrement mise en évidence. Le mis- en-cause précise
qu’il n’avait jamais reçu de plainte à ce sujet jusqu’alors.
M. Paquette nie
enfin vigoureusement toute intention politique à son article et précise que son
travail n’a qu’une portée historique.
Le Conseil n’a
pas été en mesure de prendre contact avec le journal mis en cause, celui-ci
ayant cessé sa publication.
Réplique du plaignant
Mme Moulin
signale qu’elle n’a aucun reproche à formuler contre M. Paquette dont elle
estime le travail.
Sa plainte
s’adresse à l’éditeur de Bonjour Laval qui a publié l’article de M. Paquette
pour «remplir les pages, de façon intéressante, d’un journal partisan».
Analyse
L’attention que les médias et les professionnels de l’information décident de porter à un sujet particulier relève de leur jugement rédactionnel. Le choix de ce sujet et sa pertinence, de même que la façon de le traiter, leur appartiennent en propre.
Ce principe a présidé à l’étude de la plainte déposée par Mme Marie-Christine Moulin à l’encontre de M. Maurice Paquette et du journal Bonjour Laval.
Le journaliste a utilisé ses connaissances personnelles, issues de recherches et de travaux précédents ainsi que d’archives publiques, pour rédiger un article à caractère historique. Il détient, de plus, la propriété intellectuelle exclusive de son texte et était donc libre de le faire publier dans le journal de son choix, sans être formellement tenu de recueillir l’autorisation de la plaignante.
Dans la mesure où l’article incriminé ne contenait aucune information confidentielle ou privée, le mis-en-cause n’a pas outrepassé les limites déontologiques en omettant d’informer la plaignante.
De même, le journal Bonjour Laval n’a pas enfreint les principes de l’éthique journalistique en décidant de publier l’article en question, conformément à ce que permet la liberté éditoriale dévolue à tout organisme d’information.
Le Conseil de presse ne peut donc que rejeter la plainte déposée par Mme Marie-Christine Moulin, contre le journal Bonjour Laval.
Analyse de la décision
- C23D Tromper sur ses intentions