Plaignant
Mme Marie-Josée
Piquette
Mis en cause
CJMC-AM [Sainte-Anne-des-Monts]
et Mme Terry Santerre (journaliste)
Représentant du mis en cause
M. Jacques
Vallée (directeur général, CJMC-AM [Sainte-Anne-des-Monts])
Résumé de la plainte
La journaliste
Terry Santerre formule des commentaires diffamatoires à l’endroit de la
plaignante le 8 octobre 1997, sur les ondes de la station CJMC de
Sainte-Anne-des-Monts. La journaliste s’attaque à la plaignante en raison d’une
plainte que celle-ci a déposé devant le CRTC pour dénoncer les agissements
condamnables des employés de cette station: atteintes à la réputation,
allusions à caractère sexuel, utilisation des ondes pour régler des différends
personnels.
Faits
Mme Marie-Josée
Piquette porte plainte contre Mme Terry Santerre suite aux «propos
diffamatoires» que celle-ci aurait tenus à son encontre sur les ondes de la
station de radio locale de Sainte-Anne-des-Monts, le 8 octobre 1997.
Griefs du plaignant
Le 29 septembre
1997, Mme Piquette a écrit au CRTC pour dénoncer les propos irrespectueux tenus
à plusieurs reprises par Mme Santerre vis-à-vis d’un agent de la Sûreté du
Québec, nommément cité. La plaignante estimait qu’un tel discours constituait
une atteinte à la réputation.
Ces commentaires
ont d’ailleurs valu une mise en demeure à la station de radio, ce qui n’a fait
qu’amplifier les attaques de la journaliste, tant personnelles que dirigées
vers l’ensemble de la S.Q. de Sainte-Anne-des-Monts.
Dans sa lettre
au CRTC, Mme Piquette évoquait également les nombreuses allégations à caractère
sexuel de l’émission et dénonçait le fait qu’animateurs et journalistes se
servaient des ondes pour régler leurs différends personnels.
Le 8 octobre,
Mme Santerre lisait cette lettre en ondes en l’assortissant de commentaires
«diffamatoires» sur la plaignante.
La plaignante
estime que Mme Santerre a atteint à sa réputation. Mme Piquette détaille ces
propos, qu’elle juge insultants et mensongers, et qui concernent tant son
activité professionnelle que sa vie personnelle.
La plaignante
estime qu’animateur et journaliste se servent des ondes pour régler leurs
différends personnels.
La plaignante
ajoute que l’équipe de la station a invité les auditeurs à téléphoner au CRTC
afin de connaître son identité.
Commentaires du mis en cause
M. Jacques
Vallée, directeur général de CJMC Radio, a fait savoir au Conseil qu’il
refusait d’émettre des commentaires sur cette plainte.
Analyse
Le Conseil a examiné tous les documents soumis à son attention dans le cadre de la plainte de Mme Piquette. La plaignante visait la journaliste Terry Santerre et elle l’accusait d’avoir tenu des propos diffamatoires à son endroit.
Les documents soumis à l’examen du Conseil de presse ne contenaient cependant pas les enregistrements du 8 octobre, les copies des émissions de cette journée n’ayant pu être obtenues des mis-en-cause. Il devenait donc impossible au Conseil de se prononcer sur cet élément spécifique de la plainte de Mme Piquette. Toutefois, l’examen des données a révélé plusieurs lacunes ou manquements graves à l’éthique journalistique que le Conseil de presse ne peut passer sous silence.
Ainsi, à plusieurs reprises, la journaliste Terry Santerre et l’animateur Stéphane Cyr, débordant de leur rôle de journaliste et de présentateur de nouvelles, utilisent les ondes pour y aller de jugements à caractère éditorial, de commentaires et de sarcasmes à l’endroit des policiers de la Sûreté du Québec et plus spécifiquement à l’endroit d’un de leurs agents qu’ils identifient nommément. Qui plus est la journaliste utilise fréquemment les ondes pour parler en son nom personnel, servir des mises en garde, ironiser et ridiculiser le policier.
A titre d’exemple, elle dira en s’adressant directement au policier: «Et j’espère M. Brousseau qu’il ne vous passera pas par la tête de me coller un paquet de drogue ou de « fucker » ma voiture, ou de me donner une contravention malvenue parce que j’irai jusqu’au bout de l’affaire et vous ne vous en tirerez pas comme ça.»
A un autre moment, la journaliste dira «Moi de mon côté, je m’engage à communiquer avec le député Canuel. Je vais lui transmettre le dossier de la conférence de presse, pour qu’il suggère à ces connards d’Ottawa, s’ils ont des surplus de 7 milliards de dollars dans les coffres de l’assurance-emploi, d’en débloquer une partie. Alors moi je m’engage personnellement là-dedans, en plus de mon travail de journaliste, de m’occuper de sensibiliser l’opinion publique.»
Ces pratiques sont non seulement inacceptables sur le plan professionnel dans un média, mais tout aussi condamnables sur le plan de l’éthique journalistique. Au-delà de la violence verbale et des propos gratuits et sans fondement décelés à l’antenne, le Conseil y voit là le signe manifeste d’une compréhension fort erronée de son rôle de journaliste professionnelle.
En débordant du cadre d’un bulletin de nouvelles dialogué et du rôle journalistique qui consiste à rapporter les faits avec rigueur et impartialité, animateur et journaliste contribuent à discréditer la profession et à dénaturer l’image que les auditeurs sont en droit d’attendre des personnes qui pratiquent cette profession.
Par conséquent, le Conseil de presse blâme la journaliste Terry Santerre, l’animateur Stéphane Cyr ainsi que la direction de la station CJMC Radio, pour ces comportements contraires à l’éthique journalistique et professionnelle.
Analyse de la décision
- C17A Diffamation