Plaignant
Hélène Hudon
Mis en cause
Brigitte Breton, journaliste, et Le
Soleil (Gilbert Lavoie, rédacteur en chef)
Résumé de la plainte
La plainte concerne une
photographie accompagnant deux articles intitulés » Mère et élève «
et « Une école pour très jeunes mamans » publiés dans le journal
Le Soleil, le mercredi 8 avril 1998.
Les mis-en-cause, Brigitte Breton
et le journal Le Soleil, aurait manqué d’éthique professionnelle en
publiant la photo d’une mineure sans avoir obtenu l’autorisation des parents.
Griefs du plaignant
La plaignante, Mme Hélène Hudon,
reproche à la journaliste ainsi qu’au journal Le Soleil d’avoir publié,
sans son autorisation, la photo de sa fille de 15 ans Michelle Anne Wesley.
Mme Hudon se dit «
généralement d’accord avec l’esprit de ces articles « . Cependant, elle
craint de graves préjudices pour la vie des enfants et leur famille. Elle
considère que le personnel du journal Le Soleil a manqué d’éthique
professionnelle puisque personne ne l’a consultée avant cette publication.
Commentaires du mis en cause
Le rédacteur en chef n’a présenté
aucun commentaire, laissant à sa journaliste le soin de répondre. Celle-ci
soutient que les témoignages recueillis étaient de participation volontaire.
Elle explique que l’objectif de ce reportage, était de connaître les besoins,
les motivations et la réalité des adolescentes enceintes ou mères. Ainsi, les
entrevues se sont déroulées en présence des élèves et non des parents.
» Quant aux photographies,
seules les jeunes filles qui voulaient et qui avaient obtenu l’autorisation de
leurs parents ont été photographiées « . Selon Brigitte Breton,
l’autorisation concernant la publication de la photo de Michelle Anne, avait
été accordée.
Réplique du plaignant
En ce qui concerne le contenu de
l’article, Mme Hudon affirme qu’il n’est nullement remis en question et elle ne
suggère aucunement que les témoignages étaient forcés. Elle souligne que la
plainte ne concerne que la publication de la photographie et l’autorisation qui
aurait dû être obtenue des parents avant l’entrevue.
Elle réaffirme qu’elle n’a jamais
été contactée afin de donner son accord à la parution de l’article ou des
photographies. Ainsi, Mme Hudon demande à la mise-en-cause de produire et de
faire savoir comment elle aurait obtenu cette autorisation.
La plaignante considère que la
journaliste a manqué de respect à l’égard de l’autorité parentale et démontre
un manque de rigueur face à l’éthique journalistique. Enfin, elle s’interroge
sur le mutisme du rédacteur en chef qui n’a pas commenté sa plainte du 29 juin
1998, de même que sur l’existence d’une politique journalistique au journal Le
Soleil.
Analyse
La liberté de la presse et le droit du public à l’information seraient compromis si les médias devaient s’interdire d’informer la population sur des sujets délicats. Mais les professionnels de l’information doivent prendre les plus grandes précautions pour éviter d’exploiter ces situations, à plus forte raison lorsqu’il s’agit d’une personne mineure.
La presse devrait donc s’abstenir de donner suffisamment de détails susceptibles de permettre l’identification de jeunes stigmatisés, que ce soit comme victimes, tiers innocents ou parce qu’ils vivent des difficultés personnelles graves. Une presse responsable devrait être consciente des effets préjudiciables sur les chances de réinsertion sociale et familiale qu’une publicité nominative peut entraîner chez les jeunes en situation délicate.
Dans le cas soumis à son examen, le Conseil de presse n’a pu observer aucun manquement à ces principes. Même si la plaignante indiquait n’avoir jamais été contactée pour donner son accord à la parution de l’article ou des photographies de sa fille de 15 ans, la journaliste pouvait se satisfaire de l’autorisation de la jeune femme. L’article se situait hors du contexte judiciaire, et il ne s’agissait pas non plus d’une victime d’acte criminel. De plus, l’article de la journaliste, loin d’exploiter la situation particulière de la jeune fille, témoignait de mesures visant justement la réinsertion sociale. Dans ces circonstances, la jeune femme pouvait exprimer elle-même, et sans l’autorisation de sa mère, son accord à la publication des textes et de la photo.
Pour ces raisons, le Conseil de presse rejette la plainte contre la journaliste Brigitte Breton, et le quotidien Le Soleil.
Analyse de la décision
- C15A Manque de rigueur
- C16B Divulgation de l’identité/photo
- C23H Interview et images d’enfants