Plaignant
Jacques Bousquet
Mis en cause
Le Courrier de Saint-Hyacinthe (Jean
Vigneault, rédacteur en chef, et Benoît Chartier, éditeur)
Résumé de la plainte
Le plaignant, M. Jacques Bousquet,
est candidat à l’élection provinciale dans la circonscription de
Saint-Hyacinthe du 30 novembre 1998. Il représente le Parti de la démocratie
socialiste. Il met en cause la couverture médiatique du Courrier de
Saint-Hyacinthe lors de cette campagne électorale.
Griefs du plaignant
En tant que candidat officiel, le
plaignant se sent lésé dans son droit de faire entendre sa voix. Selon lui, le
traitement médiatique que le Courrier de Saint-Hyacinthe lui a accordé
est injuste et inégal comparativement à ses deux adversaires péquiste et
libéral.
Il accuse le journal d’avoir
préféré le dédain et le mépris à la neutralité. Les deux parties
entretiendraient des relations teintées d’agressivité et d’insultes.
Enfin, le plaignant conclut en
regrettant que le journal mis en cause ne se soit pas contenté d’être un relais
d’information. Il l’accuse d’être partial et partisan.
Commentaires du mis en cause
Selon M. Jean Vigneault, rédacteur
en chef, le plaignant est un vétéran de la politique qui a régulièrement
retourné sa veste au gré des élections. Peu d’électeurs le prendraient au
sérieux. Il rappelle son score aux élections du 30 novembre : 300 voix.
Le mis-en-cause reconnaît que le
journal n’a pas accordé au plaignant un espace équivalent à celui réservé aux
candidats du PQ et du PLQ. Une couverture médiatique était cependant prévue à
son effet quelques jours avant l’élection. Et un article a été publié dans
cette optique le 25 novembre 1998. Le mis-en-cause joint également une copie du
programme du plaignant, programme qu’il juge peu sérieux et pertinent.
Le mis-en-cause explique que le
journal a préféré concentrer ses efforts sur les grands enjeux de la campagne
plutôt que sur des formations politiques de troisième ordre, et ce dans
l’intérêt des lecteurs. Il rappelle que des entrevues avec les candidats des
grands partis ont été réalisées dans plusieurs comtés de la région.
Le mis-en-cause tient également à
mentionner que le plaignant n’a jamais pris la peine de fixer un rendez-vous
avec un journaliste, préférant faire intrusion dans la salle de rédaction.
Le mis-en-cause considère enfin que
le Courrier de Saint-Hyacinthe a livré à ses lecteurs une information de
qualité, en accordant un espace satisfaisant aux partis en présence, pour
exprimer des points de vue conformes à ceux d’une élection provinciale. Selon
lui, le plaignant avait un programme propre à une élection municipale.
Le mis-en-cause conclut en
rappelant que d’autres médias de Saint-Hyacinthe ont donné la parole au
plaignant, qui en aurait profité pour critiquer le journal incriminé.
Réplique du plaignant
Avant de répliquer aux commentaires
de M. Vigneault, le plaignant tient à préciser que :
– Ce n’était pas aux médias de
déterminer quels étaient les candidats de valeur lors des élections du 30
novembre. Il accuse les mis-en-cause d’injustice et de partialité.
– Jean Vigneault, rédacteur en chef
du Courrier de Saint-Hyacinthe, a animé le débat de la Chambre de
commerce lors de la campagne. Il aurait une responsabilité dans l’exclusion du
débat de deux candidats, dont le plaignant. Cette exclusion aurait d’ailleurs
été condamnée par une télévision communautaire : Cogéco. Selon le plaignant,
trois des quatre candidats se seraient sentis bafoués par l’organisation de ce
débat.
Quant aux commentaires du
mis-en-cause, le plaignant y répond en affirmant que :
– Le journal mis en cause n’a
commencé à couvrir la campagne du plaignant qu’après que ce dernier ait porté
plainte auprès du Conseil de presse, soit après le 19 novembre. Avant le dépôt
de cette plainte, le Courrier de Saint-Hyacinthe aurait pu publier un
article sur une entrevue accordée à un de ses journalistes par le plaignant, le
9 novembre. Le journal n’a pas non plus couvert la manifestation du plaignant
le jour du débat à la Chambre de commerce, soit le 16 novembre.
– Le plaignant conteste
l’affirmation du mis-en-cause, selon laquelle son programme en était un
d’élection municipale, et non provinciale. Il rappelle que 97 candidats ont
représenté son parti à l’échelle du Québec tout au long de la campagne.
– Le journaliste Michel Lamarche
aurait reçu une copie du programme du plaignant le 9 novembre 1998. Il aurait
par la suite avoué au plaignant ne pas l’avoir lu.
Le plaignant conclut en reprochant
à M. Vigneault une méconnaissance des règles du journalisme et de la
démocratie, ainsi qu’un manque de neutralité, de respect, et de
professionnalisme.
Analyse
L’attention que les médias décident de porter à un sujet particulier relève de leur jugement rédactionnel. Le choix de ce sujet et sa pertinence, de même que la façon de le traiter, leur appartiennent en propre. Nul ne peut dicter à la presse le contenu de l’information sans s’exposer à faire de la censure ou à orienter l’information.
Le cas soumis à l’attention du Conseil s’inscrit dans un contexte électoral : celui d’une campagne, à laquelle le plaignant participe comme candidat officiel. Dans un tel contexte, le journal se devait de livrer une information équilibrée et conforme aux faits concernant les partis et les candidats en lice. Mais ceci n’excluait pas la possibilité pour le journal d’accorder plus d’importance à un candidat, et même de prendre parti pour lui dans son espace éditorial.
En outre, les principes d’équilibre de l’information et de conformité aux faits ne signifient pas forcément que chaque candidat puisse bénéficier d’un même espace rédactionnel au sein d’un même journal. Rappelons que l’information livrée par les médias fait nécessairement l’objet de choix. Ces choix doivent être faits dans un esprit d’équité et de justice. Cependant, ils ne se mesurent pas seulement de façon quantitative, au nombre de lignes par exemple, mais aussi de façon qualitative, tout étant fonction de l’importance de l’information et de son degré d’intérêt public.
Le Courrier de Saint-Hyacinthe n’a pas jugé bon de couvrir la campagne du plaignant plus qu’il ne l’a fait. C’était son droit, compte tenu de la marginalité d’une telle candidature et de l’appui populaire tout aussi marginal exprimé à l’égard de sa formation politique.
Compte tenu de l’ensemble de ces considérations, le Conseil de presse n’accueille pas la plainte de M. Jacques Bousquet à l’endroit du Courrier de Saint-Hyacinthe et de son rédacteur en chef, M. Jean Vigneault.
Analyse de la décision
- C02 Choix de couverture
- C12 Équilibre de l’information
- C13 Impartialité de l’information
Date de l’appel
29 October 1999
Décision en appel
Les membres de la Commission ont
conclu à l’unanimité de maintenir la décision de première instance.
Griefs pour l’appel
M. Jacques Bousquet interjette
appel à la décision du Conseil de presse.