Plaignant
Louise Harel
Mis en cause
Émission » Black-out » et
Télévision Quatre-Saisons (Luc Doyon, vice-président programmation)
Résumé de la plainte
La plainte concerne l’émission
» Black-out » diffusée le 1er septembre 1998, sur les ondes de Télévision
Quatre-Saisons. Le producteur délégué, M. Yves Asselin, aurait eu recours à
des comédiens professionnels, à des fins de provocation, en laissant croire à
l’auditoire que ces personnes étaient des assistés sociaux.
Louise Cousineau dans un article de
La Presse du 3 octobre 1998, de même que Louise Gendron dans une édition
du journal Le 30 de novembre 1998, ont fait état de témoignages anonymes
de comédiens qui auraient participé à cette émission.
Griefs du plaignant
Mme Louise Harel, ministre de
l’Emploi et de la Solidarité du Québec, craint de voir dans l’émission «
Black-out » du 1er septembre dernier, une sorte d’imposture par le fait
que des comédiens professionnels se soient fait passer pour des assistés sociaux
et aient tenu des propos à tout les moins étonnants. Elle mentionne qu’une
telle émission pourrait causer du tort à la réputation et à l’image des
personnes les plus vulnérables de notre société.
Mme Harel affirme : » Il me
semble que les médias ne devraient pas avoir recours à des procédés douteux
pour nourrir les préjugés entretenus à l’égard de cette catégorie de citoyens
« .
Elle joint à sa plainte un article
du journal La Presse, où Louise Cousineau soutient que les personnes en
question étaient bel et bien des comédiens embauchés par le producteur de
l’émission.
Enfin, elle demande au Conseil s’il
est en mesure de vérifier si les personnes appelées à témoigner ont été
embauchées à titre de comédien pour faire cette mise en scène, et d’en publier
les résultats. De plus, la plaignante aimerait connaître la position du Conseil
de presse à ce sujet.
Commentaires du mis en cause
Au nom de la direction de TQS,
M. Luc Doyon réfute les accusations de la plaignante : » De la bouche du
producteur, il ne s’agit pas de comédiens […] cette pratique n’a jamais existée
« .
Il soutient que » Black-out
» est une émission qui occupe une case horaire en soirée d’humour et qu’il
ne s’agit nullement d’une émission d’information.
Réplique du plaignant
Aucune réplique du plaignant.
Analyse
Le réseau de télévision TQS a-t-il embauché des comédiens pour jouer le rôle d’assistés sociaux, dans le cadre de l’émission » Black-out » du 1er septembre dernier? Cette émission est-elle une émission d’affaire publique ou relève -t-elle des variétés?
Deux différentes thèses s’affrontent ici dans cette plainte :
– la première répond aux deux questions par la négative. La direction de TQS affirme que « Black-out » s’inscrit dans sa programmation d’émission de divertissement, sous l’enseigne des mardis de l’humour à l’antenne de TQS. Le télédiffuseur soutient d’autre part qu’aucun comédien n’a été embauché pour participer à l’émission en cause, sous une fausse identité.
– la seconde thèse va dans le sens contraire. Deux articles, ceux de Louise Cousineau de La Presse et de Louise Gendron du magazine Le 30, font état de sources anonymes indiquant la participation rémunérée de comédiens sur le plateau de « Black-out « . Autre information contradictoire : le fait que l’émission soit perçue comme une émission d’information par celui-là même qui en est le producteur délégué, M. Yves Asselin.
Après avoir soupesé tous les éléments soumis à son attention, et en l’absence de preuves formelles, le Conseil de presse ne pourrait mettre en doute la bonne foi de la direction de TQS sans tomber ici dans le procès d’intention.
Aussi le Conseil ne peut-il dans cet esprit retenir la plainte contre TQS. Il invite cependant le télédiffuseur à ne pas entretenir de confusion entre les différents genres médiatiques à son antenne, en prenant soin de distinguer clairement, pour le bénéfice de son auditoire, les émissions d’information et de divertissement. De la même manière, le Conseil invite la direction de TQS à sensibiliser à cette réalité son propre personnel.
Analyse de la décision
- C11G Rapporter des propos/témoignages erronés
- C17G Atteinte à l’image