Plaignant
Giles Lamoureux-Gadoury
Mis en cause
La Revue de la Petite Nation
(Paul Gauthier, rédacteur) et le groupe Les Hebdos Transcontinental
(Charles Cloutier, directeur régional)
Résumé de la plainte
Monsieur Giles Lamoureux-Gadoury
porte plainte contre La Revue de La Petite Nation. De plus, dans le
libellé de la plainte, il incrimine également le groupe Les Hebdos
Transcontinental, propriétaire du journal. Giles Lamoureux-Gadoury rapporte
les faits : lorsqu’il souhaite faire publier son opinion dans le courrier des
lecteurs de La Revue de la Petite Nation, il envoie une télécopie à Paul
Gauthier, rédacteur du journal. Cette lettre est interceptée par Jacques
Lamarche qui lui répond via le télécopieur du journal. Quelques jours
auparavant, La Revue de la Petite Nation avait publié une lettre ouverte
au maire de la ville de Saint-André-Avelin, Bernard Pilon, signée par Giles
Lamoureux-Gadoury. Des réactions avaient ensuite été publiées dans le courrier
des lecteurs, dont celle de Jacques Lamarche qui critique à la fois la lettre
ouverte et son auteur.
La réponse de Giles
Lamoureux-Gadoury est finalement parvenue jusqu’à Paul Gauthier mais n’a pas
fait l’objet de publication.
Griefs du plaignant
M. Lamoureux-Gadoury dénonce
l’interception de sa lettre-réponse sur le télécopieur du journal par une
personne qui n’en est même pas un employé régulier. Il s’étonne d’avoir reçu
par la même voie une réponse de Jacques Lamarche lui indiquant qu’il avait lu
sa lettre et qu’il n’avait pas d’objection à sa publication.
Après avoir communiqué avec
l’éditeur du journal et avec le directeur des Hebdos Transcontinental,
et insatisfait de la lenteur de leurs réponses, il dépose donc une plainte au
Conseil de presse. M. Lamoureux-Gadoury demande que sa lettre soit publiée
immédiatement afin d’enlever toute forme d’équivoque à ses propos et de
rétablir la vérité.
M. Lamoureux-Gadoury reproche
ensuite au groupe de presse son manque de professionnalisme dans la gestion des
ses journaux. Il l’accuse de ne pas appliquer un désaveu clair devant une telle
situation d’injustice, de désinformation et de collusion évidente.
Le plaignant joint à sa plainte
l’index du journal en faisant remarquer que le nom de Jacques Lamarche n’y
figure pas, ni à la rédaction, ni dans une autre fonction au sein du journal.
Commentaires du mis en cause
M. Charles Cloutier, directeur
régional du groupe Transcontinental, explique les liens entre La
Revue de La Petite Nation et Jacques Lamarche: il le décrit
« comme un collaborateur privilégié au journal depuis sa
fondation ». Il ajoute que ce dernier » a eu, pendant nombre
d’années, accès aux outils de communication du journal « .
Le directeur régional qualifie
l’intervention directe de Jacques Lamarche de » malheureux incident «
et rappelle qu’il s’est excusé auprès du plaignant pour cela. Il ajoute que son
média se réserve le droit de publier ou non sa lettre.
M. Cloutier affirme être arrivé à
la conclusion qu’aucun préjudice n’avait été causé au plaignant puisque ni sa
lettre, ni la réponse de M. Lamarche n’ont été publiées. De plus, son journal
» n’a aucunement l’intention d’offrir un forum pour débattre de questions
qui ne concernent que messieurs Gadoury et Lamarche « .
Réplique du plaignant
D’entrée de jeu, le plaignant
accuse le journal de mal desservir le public et l’intérêt commun en permettant
» un forum où l’on évente la vérité à propos des problèmes de l’heure dans
la communauté « . Selon lui, puisque le journal prétend ne pas faire de
discrimination partisane, les lettres d’intérêt public devraient être publiées
avec empressement.
Le plaignant précise que son
objectif ne vise pas les agissements de Jacques Lamarche mais ceux du maire
Pilon. Sa lettre non publiée concerne des questions que les contribuables se
posent à l’endroit du maire. Il estime ainsi que cette situation porte
préjudice à sa crédibilité, entache sa réputation de journaliste et de
communicateur et cause une désinformation intentionnelle aux dépens du public.
M. Lamoureux-Gadoury dénonce le
fait que l’index du journal ne mentionne pas que Paul Gauthier est rédacteur en
chef et que Jacques Lamarche est un collaborateur, ce qui serait » mêlant
et joliment trompeur « . Il ajoute que si l’index avait fait mention de
Jacques Lamarche, il aurait pris des mesures pour publier sur un autre forum
parce que Jacques Lamarche est identifié au maire Bernard Pilon et à son
administration.
Le plaignant termine en se
demandant si le journal ne serait pas complice d’une conspiration politique de
Jacques Lamarche.
Analyse
Dans la plainte soumise à l’attention du Conseil de presse, M.Giles Lamoureux-Gadoury dénonçait le fait qu’une personne non inscrite à l’index du journal avait intercepté le courrier privé du rédacteur, allant même jusqu’à utiliser le télécopieur du journal pour répondre à ce courrier; et également que cette pratique n’avait pas fait l’objet d’un désaveu clair de la part du groupe de presse. Il ajoutait que le journal avait refusé de publier une de ses lettres dans le courrier aux lecteurs.
L’examen du Conseil révèle que si le geste de M. Lamarche manquait d’élégance, il relève davantage de l’éthique de la gestion d’entreprise que de la déontologie professionnelle des journalistes et des médias. De plus, comme le faisait valoir les mis-en-cause dans leurs commentaires, il appert que les autorités du journal ont présenté des excuses téléphoniques et écrites au plaignant, même si aux yeux de celui-ci, ces excuses s’avèrent insatisfaisantes.
De plus, le Conseil reconnaît que même s’ils doivent favoriser l’expression du plus grand nombre possible de points de vue, les médias jouissent de la prérogative de publier ou non les lettres des lecteurs et les lettres de réplique qui leur sont soumises, et de déterminer le choix du moment de leur parution. Nul n’a accès de plein droit à la tribune réservée à cette fin dans les journaux.
Pour ces raisons, le Conseil ne retient aucun blâme contre La Revue de La Petite Nation.
Analyse de la décision
- C06D Ingérence extérieure dans la rédaction
- C08F Tribune réservée aux lecteurs
- C09A Refus d’un droit de réponse
Date de l’appel
28 January 2000
Décision en appel
Après examen, les membres de la
Commission, présidée par M. Michel Roy, ont conclu à l’unanimité de maintenir
intégralement la décision de première instance et de rejeter votre appel.
Griefs pour l’appel
Giles Lamoureux-Gadoury interjette
appel à la décision du Conseil de presse.