Plaignant
Étienne Pélissier
Mis en cause
Radio-Canada (Jean
Pelletier, directeur des nouvelles TV) et CBC (Robert Quintal,
producteur délégué)
Résumé de la plainte
Étienne Pélissier porte plainte
contre Radio-Canada et CBC pour avoir organisé chacun un débat
durant la campagne précédant les élections à la mairie de Montréal sans y avoir
invité Michel Bédard, chef du Parti Montréal 2000 (PM2000).
Griefs du plaignant
Selon le plaignant, en écartant du
débat le chef du Parti Montréal 2000, » ces médias n’ont pas permis à
l’électeur de se forger une opinion éclairée pouvant l’aider à voter en toute
connaissance de cause « .
Étienne Pélissier affirme que
» le prétexte inavoué par CBC et la SRC […] était celui de
la crédibilité et du sérieux du Parti Montréal 2000 et de M. Bédard « . Le
plaignant argumente ensuite sur la crédibilité de ce parti. De plus, il insiste
sur l’influence de ce type de débat dans le processus de vote. Il conclut
l’exposé de ses griefs en disant: » si le PM2000 avait pu participer
aux débats télévisés, nous sommes convaincus que l’impact aurait été tel que la
perspective d’élire une administration minoritaire PM2000 aurait été
envisageable « .
Le plaignant prétend que la mise à
l’écart de Michel Bédard provient des » hautes instances de la SRC
« . Il qualifie les explications qu’on lui a fournies de » prétextes
aussi futiles que boiteux et anti-démocratiques « . Pour lui, la véritable
raison est qu’ » il aurait été plutôt maladroit d’accorder une visibilité
dangereuse à un cinquième parti qui aurait mêlé les cartes « . Il accuse
les dirigeants des grands médias de partialité en affirmant à leurs propos qu’
» il saute aux yeux qu’ils cherchent à favoriser la visibilité de leurs
groupes d’intérêts « .
Enfin, la plainte de M. Pélissier
serait justifiée par le fait que » le droit du citoyen à obtenir une
information adéquate et satisfaisante a été sérieusement brimé « .
Commentaires du mis en cause
Commentaires de Mychel
St-Louis, rédacteur en chef de » Montréal ce soir « :
Mychel St-Louis explique, dans ses
commentaires, le cheminement l’ayant conduit à réaliser le débat en cause avec
seulement quatre candidats. Il rapporte également le contenu de ses
conversations téléphoniques avec Michel Bédard. » Nous lui avons rappelé
[dit-il] que nous n’avions aucune obligation d’inviter tous les chefs de tous
les partis reconnus lors de tels événements « . Le choix de Radio-Canada
a été d’ » inviter des chefs de partis ayant des candidats dans une
majorité de districts ». De plus, il raconte que M. Bédard a accepté
une » entrevue portrait […] d’une durée égale (cinq minutes) à celles
proposées aux quatre candidats des principaux partis ». Il se défend
de n’avoir pas informé les électeurs de façon » juste, complète et exacte «
comme le soutient le plaignant et explique qu’ils ont été » amenés à
parler factuellement du Parti Montréal 2000 « .
Enfin, il tient à assumer
entièrement la responsabilité de l’organisation de ce débat en précisant que ce
choix ne relève pas des » hautes instances de Radio-Canada « .
Commentaires de Tony Ross (
producteur exécutif, Newswatch, CBC ) :
Tony Ross souligne que les mêmes
critères décrits par Mychel St. Louis ont conduit Newswatch à
l’organisation d’un tel débat.
Réplique du plaignant
Le plaignant n’a présenté aucune
réplique.
Analyse
L’information livrée par les médias fait nécessairement l’objet de choix. Ces choix doivent être faits dans un esprit d’équité et de justice. Cependant, ils ne se mesurent pas seulement de façon quantitative, mais aussi de façon qualitative, tout étant fonction de l’importance de l’information et de son degré d’intérêt public.
Le chef du Parti Montréal 2000 n’a pas été invité à participer à des débats organisés par Radio-Canada et CBC au cours de la campagne pour les élections municipales de 1998. Ces médias étaient en droit de ne pas placer sur un même pied cette candidature avec celle des représentants des quatre principales formations politiques, compte tenu de sa marginalité.
Malgré une certaine couverture médiatique, le candidat n’a obtenu que de très faibles suffrages, soit moins de 1 % du vote. L’importance que les médias lui ont accordée semble adéquate étant donné l’intérêt que le Parti Montréal 2000 a suscité auprès du public. Il était normal qu’une émission de débats limite le nombre de ses participants afin de se concentrer sur les enjeux majeurs de l’élection et de laisser s’exprimer les candidats qui avaient le plus de probabilités de devenir, vraisemblablement, les élus du peuple.
Pour ces raisons et à l’appui d’une jurisprudence récente sur la question, le Conseil de presse rejette la plainte soumise à son attention en considérant qu’il n’y pas eu d’entorse aux principes déontologiques.
Analyse de la décision
- C12 Équilibre de l’information
- C13 Impartialité de l’information