Plaignant
Michel Gaudette
Mis en cause
La Presse (Claude Masson,
vice-président et éditeur adjoint)
Résumé de la plainte
Michel Gaudette porte plainte
contre le quotidien La Presse pour avoir modifié le titre de sa lettre
d’opinion publiée dans la tribune réservée aux lecteurs. Le titre que n’accepte
pas le plaignant est le suivant: »C’est pas
catholique! ».
Griefs du plaignant
Le plaignant accuse le journal
« d’avoir perverti le sens de [sa] lettre » et d’ainsi
« avoir porté atteinte à [sa] propriété intellectuelle ».
Michel Gaudette considère que « La Presse veut inciter les
gens à être moral dans le sens catholique ». Il dénonce dans sa
lettre d’opinion le système confessionnel qui isolerait les enfants n’étant pas
catholiques. Le titre signifierait, selon le plaignant, qu’il n’est pas
catholique d’agir ainsi.
Enfin, M. Gaudette voit dans ce
changement de titre une réaction des mis-en-cause face à des
« remontrances » qu’il leur a adressées par le passé.
Commentaires du mis en cause
Le titre « C’est pas
catholique! » a été préféré à « Des enfants écopent du
système actuel » parce qu’il était « plus
provocateur ». L’éditeur adjoint, Claude Masson, explique à
l’attention du plaignant que ce titre repose sur un jeu de mots:
« dans le langage familier, l’expression pas catholique
signifie douteux, sujette à caution ». « Dans
un deuxième sens, pas catholique véhicule l’idée que ces écoles ne
respectent pas les valeurs dont elles se réclament ». Le mis-en-cause
spécifie que » l’ironie du titre et le jeu de mots, ne visent pas M.
Gaudette et ses convictions, mais bien les pratiques des écoles qu’il dénonce
dans sa lettre ». Le mis-en-cause rappelle que « les
quotidiens se réservent le droit de modifier les titres des textes qui leur
parviennent ». Les titres sont choisis en fonction de
« diverses raisons, entre autres, contraintes de mise en page,
dynamisme et variété de la présentation ».
Enfin, l’éditeur adjoint qualifie
de « procès d’intention » le fait que Michel Gaudette
« attribue ce titre à un geste de représailles ».
Réplique du plaignant
Le plaignant n’a pas répliqué aux
commentaires du mis-en-cause.
Analyse
La Presse a offert à Michel Gaudette une tribune dans laquelle il a pu exprimer son opinion. Le fait que le titre de sa lettre ait été changé ne constitue pas en soi une faute déontologique. Les journaux peuvent apporter des modifications aux lettres qu’ils publient (titres, rédaction, corrections, etc.) pourvu qu’ils n’en changent pas le sens ou qu’ils ne trahissent pas la pensée de leurs auteurs.
Selon Michel Gaudette ce titre, « C’est pas catholique » constituait « une incitation à être moral dans le sens catholique « . Le Conseil de presse est d’avis qu’il s’agit d’une expression qui ne trahit pas le contenu de la lettre d’opinion de Michel Gaudette. Elle reflète simplement l’influence historique du catholicisme sur les sociétés francophones et par conséquent sur le français.
Le plaignant soupçonnait également le quotidien d’avoir modifié son titre en représailles, suite aux remontrances qu’il avait adressées à La Presse. Cependant, aucun argument ou fait n’est apporté dans le sens de ce soupçon. Pour toutes ces raisons, la plainte à l’endroit du quotidien La Presse est rejetée.
Analyse de la décision
- C08 Traitement des contributions du public
Date de l’appel
5 May 2000
Décision en appel
Les membres de la Commission,
présidée par M. Michel Roy, ont conclu à l’unanimité de maintenir intégralement
la décision de première instance et de rejeter l’appel.
Griefs pour l’appel
Michel Gaudette