Plaignant
Larry McKenzie
Mis en cause
Jennifer Robinson et Don
MacPherson, journalistes, et The Gazette (Raymond Brassard, directeur de
l’information)
Résumé de la plainte
M. Larry McKenzie porte plainte
contre les journalistes Jennifer Robinson et Don MacPherson et contre le
journal The Gazette pour deux articles parus dans l’édition du 1er
juin 1999 du quotidien. Les articles pour lesquels il demandait rétractation
concernaient le leadership et les finances du mouvement Alliance Québec.
Griefs du plaignant
M. McKenzie reproche à Mme Robinson
d’avoir écrit erronément :
«
It’s hardly surprising that the organisation has emerged even weaker than
before, «
…
«
financially « .
«
Support in the community for Alliance has fallen off, in particular, financial
support from the business community « .
Le plaignant ajoute que la
journaliste a omis de mentionner les progrès significatifs faits dans le
secteur de l’équité d’emploi pour les Anglophones.
En ce qui a trait au journaliste
Don MacPherson, la plainte était pour informations mensongères (false
statements). Selon le plaignant, le journaliste aurait écrit faussement :
«
Potential corporate contributors are said to be reluctant to be associated with
Johnson’s leadership. A draft version of the organisation statement of
operations presented at its convention on the weekend indicates Alliance fell
short of its fund-raising objective for the year ended March 31 by $30,000, or
nearly 20 percent « .
Le plaignant inclut dans la plainte
les états financiers approuvés pour l’année financière se terminant le 31 mars
1999 ainsi que le rapport du trésorier.
M. McKenzie considère l’idée
suggérée par le journaliste à l’effet que M. Johnson est le leader d’un groupe
de fidèles, un » culte » (cult) et que ses supporters sont membres du
» culte « , est une insulte aux membres bénévoles qui ont donné sans
compter pour l’amélioration des conditions des Anglophones du Québec. Il demande
donc des excuses.
Commentaires du mis en cause
Commentaires de la journaliste
Jennifer Robinson
La journaliste affirme qu’il n’y a
pas d’erreur et que les informations contenues dans sa chronique ont été
confirmées par deux sources différentes.
Sur le premier aspect contesté, sa
conclusion repose sur plusieurs facteurs. Ses documents indiquent une
diminution de revenus de 4 000 $ par rapport à l’an dernier. Les dons
corporatifs ont chuté et la situation aurait été bien pire qu’elle n’apparaît
aux états financiers si ce n’avait été d’un don de 50 000 $ d’un homme
d’affaires. Le don était fait en un seul versement, mais le donateur avait
demandé de le répartir également entre les deux années financières. Si cela
avait été fait, comme le souhaitait le donateur, le manque à gagner aurait approché
les 30000 $. Mme Robinson inclut à l’appui de ses affirmations un article
de l’ancienne trésorière, Lynn de Grace, reçu à The Gazette mais non
encore publié.
Pour ce qui est des fonds de
financement fédéraux, des sources lui avaient confié qu’Ottawa pourrait couper
dans le financement d’Alliance Québec cette année. Plusieurs groupes qui lui
étaient anciennement associés ont quitté Alliance Québec qui représenterait
maintenant un moins grand nombre d’Anglophones. Si les dons sont plus bas que
l’année antérieure et si Ottawa envisage de couper dans son financement, une
seule conclusion s’impose : le groupe est dans une moins bonne situation
financière, après une année sous le leadership de M. Johnson.
En regard de la seconde phrase, la
journaliste répond que ses affirmations sur la partition du groupe et sur la
baisse des dons sont basées sur des entrevues avec des hauts dirigeants
d’Alliance Québec qui lui ont confié que les dons corporatifs avaient baissé et
que des gens d’affaires ne voulaient maintenant plus donner.
Commentaires du journaliste Don
MacPherson
M. MacPherson affirme que la
plainte est absolument non fondée et qu’il est faux de dire que les extraits
identifiés sont « factually incorrect « .
Le journaliste explique que la
première phrase s’appuie sur deux sources personnelles et sur la nouvelle de
Mme Robinson, qui n’avait pas été contestée avant la rédaction de son propre
article, le 1er juin. Après la contestation de M. McKenzie, il a
contre-vérifié ses informations auprès de ses deux sources qui lui en ont
confirmé l’exactitude. Alliance Québec a dû faire des pieds et des mains pour
atteindre ses objectifs de collecte de fonds.
Pour le journaliste, les documents
que lui a fait parvenir M. McKenzie ne permettent pas de conclure à une inexactitude
factuelle de sa part. Au contraire, l’état des opérations montre que les dons
de la campagne de financement étaient 30 000 $ en deçà de l’objectif. Une
nouvelle source lui a également confirmé qu’il avait été difficile d’attirer
des fonds à cause du leadership de M.Johnson. Pour confirmer ces
informations, M. MacPherson cite l’article de Lynn de Grace.
En ce qui a trait à la seconde
phrase contestée, ses affirmations sont basées sur un document distribué lors
de la convention d’Alliance Québec.
Enfin, la suggestion que M. Johnson
serait le leader d’un » culte » n’est pas une suggestion mais un
commentaire légitime fait dans le cadre d’une chronique (column) identifiée
comme telle et parue dans une page d’opinions intitulée « Comment
« .
Réplique du plaignant
M. McKenzie réitère et défend sa
position, non satisfait des explications des journalistes mis en cause. Leur
analyse des états financiers 1999 est complètement erronée, selon lui. Ils
utilisent tous les deux, comme source de leur information, Mme Lynn de Grace.
Celle-ci, comme les deux journalistes, est totalement contre la nouvelle
direction d’Alliance Québec et ce témoignage vindicatif les induit à écrire des
faussetés.
Analyse
La chronique (column) est un genre journalistique qui laisse à son auteur une grande latitude dans l’expression de ses points de vue et jugements. Il permet même au journaliste qui le pratique d’adopter un ton polémiste pour prendre parti et exprimer ses critiques, ce qu’il peut faire dans le style qui lui est propre. Le chroniqueur – ou columnist – est cependant tenu aux mêmes exigences de rigueur et d’exactitude que tous les professionnels de l’information.
Dans le cas présent, le Conseil de presse n’a pu relever d’entorse à ce principe, que ce soit dans les informations rapportées ou dans le ton ou le vocabulaire employés.
Les journalistes Robinson et MacPherson avaient fait reposer leurs informations sur plusieurs sources et les chiffres annoncés étaient publics. En outre, le plaignant n’a pas fait la démonstration que ceux-ci étaient erronés.
Enfin, les chroniqueurs avaient la liberté de ne traiter que de certains aspects du débat conformément au principe de liberté rédactionnelle et d’émettre certaines opinions.
Par conséquent, le Conseil de presse rejette la plainte de M.Larry McKenzie contre The Gazette et ses journalistes Jennifer Robinson et Don MacPherson.
Analyse de la décision
- C11A Erreur
- C11B Information inexacte
- C12B Information incomplète
- C15C Information non établie
- C15E Fausse nouvelle/information
- C15H Insinuations