Plaignant
Véronique Janiak (Intelli-kid)
Mis en cause
Lise Bergeron, rédactrice en chef,
magazine Protégez-vous
Résumé de la plainte
La plainte concerne un entrefilet
paru dans l’édition de novembre 1997 de la revue Protégez-vous faisant
état de l’évaluation du jeu » La mémoire du Bouffon « , par
l’Association des consommateurs du Québec.
La plaignante, Mme Véronique
Janiak, porte plainte au nom du fabriquant du jeu en cause, la compagnie
Intelli-kid. Selon elle, des erreurs de description ont été commises lors de
l’évaluation de » La mémoire du Bouffon » et la direction du magazine
refuserait d’apporter le rectificatif exigé.
Griefs du plaignant
La plaignante conteste les
commentaires retenus dans l’évaluation de son jeu par l’Association des
consommateurs. Mme Janiak considère que ces commentaires ne reflètent pas la
bonne note – 5 sur 6 – que son jeu s’est vu globalement attribuée. Aux yeux de
la plaignante, ces commentaires ne seraient pas conformes à l’évaluation
effectuée par le groupe de familles sélectionnées à cette fin.
De plus, des erreurs de faits se
seraient glissées dans l’évaluation de Protégez-vous, particulièrement
en ce qui a trait au nombre précis de paires de cartons illustrant un animal et
une lettre dans » La mémoire du Bouffon « .
L’évaluation du magazine aurait
d’autre part omis de mentionner que le jeu d’Intelli-kid renfermait des
comptines, des rimes et de nombreuses possibilités de jeu de bingo, des
variantes favorisant » un apprentissage en douceur des lettres, des
chiffres, de la lecture, en plus d’exercer la concentration, l’observation et
la mémoire, et d’inciter les enfants à s’exprimer en décrivant les
illustrations et en inventant des histoires. Une telle polyvalence méritait
d’être soulignée, non? Et on a même oublié que le produit est fabriqué ici!
« , aux dires de la plaignante.
Véronique Janiak conteste également
la méthode d’évaluation utilisée par l’ACQ, estimant que celle-ci s’effectue
sur une période trop courte pour rendre justice à la pertinence d’un jeu
éducatif.
Commentaires du mis en cause
La rédactrice en chef du magazine Protégez-vous,
Lise Bergeron, affirme que le jeu de la plaignante a été étudié de la même façon
que les 299 autres produits évalués par l’ACQ. Mme Bergeron admet néanmoins
» une petite imprécision dans sa description, mais cela ne nuit en aucune
façon au jeu, qui a été très apprécié et qui a reçu la cote 5, soit très bon
« .
Selon Mme Bergeron, la direction de
Protégez-vous était disposée à apporter un correctif à l’évaluation de
» La mémoire du Bouffon » dans une édition subséquente, mais toute
tentative d’entente de bonne foi avec Mme Janiak aurait échoué. » Mme Janiak
veut que son jeu soit décrit et évalué selon ses termes et sa perception à
elle, ce que bien sûr nous refusons (il est hors de question que nous servions
de véhicule publicitaire aux fabricants de jouets!) « .
La rédactrice en chef du magazine
conclut ainsi: » «
… » après des semaines de
négociations ardues, nous jugeons le dossier clos puisque aucune solution ne
convient à Mme Janiak « .
Réplique du plaignant
Dans une lettre de réplique de 14
pages, la plaignante explicite en détails les motifs de maintien de sa plainte.
Véronique Janiak y fait l’énumération exhaustive de l’historique de ses
échanges infructueux, au cours des deux dernières années, avec des
représentants de l’Association des consommateurs et de la revue Protégez-vous.
Mme Janiak estime toujours être
victime d’injustice de la part de ces deux organisations qui boycotteraient
maintenant les plus récents produits d’Intelli-kid, soient les jeux Balazoom et
Animotrax. Véronique Janiak attend encore que des correctifs soient apportés à
l’évaluation de « La mémoire du Bouffon « dans le prochain Guide
jouets de Protégez-vous. » Le jeu, écrit-elle, devrait apparaître
pendant plusieurs années pour compenser les pertes subies « .
Analyse
Après examen du dossier soumis à son attention, le Conseil de presse en arrive à la conclusion que la présente plainte n’est pas fondée. La décision du Conseil repose sur la base suivante:
En vertu des principes reconnus de discrétion rédactionnelle et de liberté d’opinion, le magazine Protégez-vous avait le droit et toute latitude pour présenter dans ses pages les résultats de tests et ses commentaires sur de nouveaux jeux disponibles sur le marché. Ce procédé journalistique apparaît conforme à l’orientation éditoriale bien connue de ce magazine spécialisé en consommation.
En ce qui concerne la méthodologie utilisée par l’Association des consommateurs du Québec pour l’évaluation des produits, rien ne permet de douter, de l’avis du Conseil, que les jeux évalués, dont » La mémoire du Bouffon « , n’aient pas été soumis à des critères identiques et équitables. Force est de reconnaître que l’ACQ et Protégez-vous ont une longue expertise en la matière et jouissent tous deux d’une bonne crédibilité auprès des consommateurs québécois.
En revanche, la direction du magazine a reconnu, devant les reproches formulés par la plaignante, qu’une imprécision s’était glissée dans le libellé du texte paru en novembre 1997, se disant alors disposée à publier un correctif à ce sujet. Cependant, le Conseil ne peut que constater et déplorer que près de deux années de négociations entre les deux parties n’auront pas permis d’en arriver à une entente à l’amiable, le magazine Protégez-vous jugeant inacceptable que la plaignante veuille lui dicter littéralement le correctif à paraître. Or, de l’avis du Conseil, un tel dictat, s’il s’avérait fondé, équivaudrait à vouloir utiliser un organe de presse comme une simple courroie de transmission.
En conclusion et en regard de ces considérations, le Conseil de presse rejette la plainte de Mme Janiak à l’encontre du magazine Protégez-vous.
Analyse de la décision
- C03C Sélection des faits rapportés
- C11A Erreur
- C13A Partialité
Date de l’appel
5 May 2000
Décision en appel
Les membres de la Commission,
présidée par M. Michel Roy, ont conclu à l’unanimité de maintenir intégralement
la décision de première instance et de rejeter l’appel.
Griefs pour l’appel
Véronique Janiak interjette appel à
la décision du Conseil de presse.