Plaignant
Bruno Lavoie
Mis en cause
Roger Tremblay, journaliste, et Le
Quotidien du Saguenay (Bertrand Genest, éditeur adjoint)
Résumé de la plainte
Le plaignant, Bruno Lavoie, accuse
le journaliste Roger Tremblay d’avoir fait preuve d’incompétence et d’avoir
largement abusé de sa situation de journaliste en faisant campagne pour des
gens avec qui il entretient des relations d’amitié. Le journaliste aurait ainsi
contribué au congédiement du plaignant de son poste de directeur général du
Village historique de Val-Jalbert.
La plainte ne porte pas sur un
texte ou un article en particulier mais sur les agissements du journaliste. Le
plaignant fait un exposé en 24 points des circonstances et des raisons
démontrant le bien-fondé de sa position. M. Lavoie amorce sa plainte en
qualifiant son dossier de « hautement politique « .
Griefs du plaignant
Après un long exposé des
circonstances et des relations interpersonnelles à l’arrière-plan des reproches
relevés, le plaignant formules les griefs suivants :
Le
journaliste lui aurait proposé d’embaucher son fils, en retour de quoi le
plaignant aurait droit à un traitement particulier et à un bon reportage
sur son entreprise au cours de l’été. Le plaignant précise en outre qu’il
a lui-même accepté le marché.
Plus
tard, le fils de M. Tremblay ayant fait l’objet d’accusations de vol sur
les lieux de travail, le journaliste aurait menacé le plaignant et son
l’employeur de poursuites devant les tribunaux et de publication dans son
journal s’il ne recevait pas d’excuses publiques De plus, le journaliste
aurait enregistré clandestinement toutes les discussions lors d’une
rencontre entre lui et le plaignant durant laquelle ce dernier avait
informé le père des accusations qui pesaient contre son fils.
En
juin 1999, le plaignant est congédié de son poste de directeur général du
Village historique de Val-Jalbert. Roger Tremblay est le journaliste qui
couvre le plus l’événement. Abusant de sa situation de journaliste, il
aurait alors formulé des propos faux et calomnieux à son endroit. Le
journaliste aurait également fait campagne pour des gens avec qui il a des
relations d’amitié et ses agissements auraient contribué à son congédiement.
Commentaires du mis en cause
Commentaires de l’éditeur
adjoint, Bertrand Genest
L’éditeur adjoint estime que cette
plainte est sans fondement et que le plaignant profite de tout ce qui se
présente à lui pour soutenir les démarches judiciaires qu’il a entreprises contre
son ancien employeur.
M. Genest affirme que son
journaliste a toujours exercé son travail de façon professionnelle, qu’il n’a
jamais fait l’objet de plainte et que rien ne laisse croire qu’il ait dérogé au
code de déontologie. Sa version serait donc plus crédible que celle du
plaignant.
Commentaires du journaliste
Roger Tremblay
Le journaliste nie s’être servi de
son statut professionnel pour exercer quelque pression que ce soit sur le
directeur, ni avoir promis de traitement particulier à l’endroit de Val-Jalbert
pour l’embauche de son fils en 1997. Il précise qu’il s’est plutôt informé des
modalités d’embauche des étudiants et a seulement demandé que son fils reçoive
une réponse rapide, positive ou négative, afin qu’il puisse se dénicher un
emploi ailleurs.
Réplique du plaignant
Le plaignant répond que devant
l’absence de défense de la part des mis-en-cause il ne déposera pas de
réplique.
Informations complementaires
À sa demande, le Conseil a obtenu
ultérieurement et en documentation additionnelle du procureur du plaignant
copie de la poursuite intentée contre l’ancien employeur de M. Lavoie, la Sépaq
Val-Jalbert Senc. et copie de la lettre de m. Tremblay au comité de gestion du
Village historique de Val-Jalbert.
Analyse
Il y a lieu de préciser dès le départ que la plainte déposée devant le Conseil de presse tenait en majeure partie du conflit interpersonnel et social, de même que des relations de travail. Le Conseil s’en est tenu, pour l’examen de la plainte, aux matières touchant exclusivement l’éthique journalistique.
À titre d’exemple, dans la présentation de ses griefs, le plaignant fait référence à des enregistrements clandestins. Après analyse, il appert que cet enregistrement n’a pas été fait dans un cadre professionnel et pour des fins journalistiques, bien qu’il en utilise les techniques. Ces gestes relevaient de la vie privée du journaliste.
Un peu plus loin dans son exposé, le plaignant avouait avoir accepté un marché malhonnête proposé par le journaliste pour l’embauche de son fils au Village historique de Val-Jalbert. Cette entente a été niée vigoureusement par le mis-en-cause et l’accusation n’est aucunement démontrée par le plaignant.
Le plaignant accuse enfin le journaliste de l’avoir menacé, ainsi que son employeur, de poursuites devant les tribunaux et de publication dans son journal s’il ne recevait pas d’excuses publiques après que le fils de M. Tremblay ait fait l’objet d’accusation de vol au Village historique. Une lettre à cet effet avait été adressée à la Corporation par le journaliste. L’examen du document démontre que le journaliste n’a pas menacé de » publier dans son journal » l’histoire malheureuse mais de la » publiciser « . Le Conseil a estimé que ce geste, qui aurait pu être posé par n’importe quel citoyen exerçant une autre profession, relevait davantage de la vie privée, comme les autres reproches examinés dans le cadre de la présente plainte.
Après examen et pour ces raisons, le Conseil de presse du Québec ne peut retenir la plainte contre le journaliste Roger Tremblay.
Le Conseil aimerait également rappeler que cette plainte ne visait que les agissements du journaliste et n’engageait en rien son employeur, le journal Le Quotidien du Saguenay qui est également exonéré dans cette affaire.
Analyse de la décision
- C17E Attaques personnelles
- C22C Intérêts financiers
- C22F Liens personnels
- C23E Enregistrement clandestin
- C23J Intimidation/harcèlement